Qu’adviendra-t-il des bélugas avec les changements climatiques?

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Des chercheurs estiment que la population de bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent a 61 % de risques de se retrouver sous un seuil plus critique au cours des 100 prochaines années si rien n’est fait pour renverser la tendance. À l’autre bout du spectre, les risques d’extinction de l’espèce sont pratiquement nuls, à 0,03 %, durant la même période.

Ces conclusions sont tirées d’un document commandé par Pêches et Océans Canada et intitulé Évaluation du potentiel de rétablissement du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent.

La population de bélugas dans ce secteur est actuellement estimée à 1850 individus, mais elle risque de se retrouver sous la barre des 1609 individus si la tendance se maintient. Les scientifiques tirent ces conclusions en supposant que le réchauffement des eaux augmente de 0,5 % au cours du prochain siècle.

Ça, c’est en présumant qu’on ne fait rien pour améliorer l’environnement des bélugas. Si on agit sur ça, on a quand même de bonnes chances de ne pas voir un déclin dans la population, explique l’une des autrices de l’étude, la chercheuse sur les espèces en péril à Pêches et Océans Canada Véronique Lesage.

Si le réchauffement des eaux aura un impact important sur cette espèce davantage habituée aux eaux froides, plusieurs autres facteurs peuvent menacer sa survie, dont la présence de contaminants dans les eaux du fleuve.

Dans notre modèle, on démontre qu’il y a un lien entre le réchauffement et la survie des nouveau-nés. Considérant que le golfe va continuer à se réchauffer dans le futur, ça risque de plomber le rétablissement. Il faut travailler encore plus fort sur les autres facteurs, renchérit Mme Lesage.

La spécialiste des cétacés rappelle notamment les efforts déployés au cours des dernières décennies pour diminuer la présence de produits cancérigènes dans les eaux du fleuve, dont les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les biphényles polychlorés (BPC).

Véronique Lesage précise que des mesures environnementales plus strictes ont mené à la disparition des cancers chez les bélugas depuis 2011.

Il semble que des actions qui ont été posées dans le passé portent fruit maintenant et aident à la survie des animaux qui ne meurent plus du cancer. Il y a un potentiel de rétablissement, mais il faut agir.

Une citation de Véronique Lesage, chercheuse sur les espèces en péril à Pêches et Océans Canada

Les auteurs de l’étude croient d’ailleurs que l’espèce à 13 % de chance de se retrouver dans une zone saine d’au moins 3219 individus au cours des 100 prochaines années.

L’étude révèle aussi que 68 % des bélugas demeurent principalement dans l’estuaire du Saint-Laurent durant toute l’année alors que le reste de la population se retrouve plutôt dans le nord-ouest du golfe du Saint-Laurent.

Ces renseignements n’étaient pas accessibles dans les précédentes études puisque les déplacements avaient été mesurés durant la période estivale.

Cette fois-ci, les chercheurs se sont aussi penchés sur les déplacements des bélugas entre janvier et mars. Il est cependant difficile de connaître les impacts de ces habitudes de déplacement pour le moment en raison de l’absence de données suffisantes à ce sujet.

Est-ce que le fait qu’il y ait moins de glace peut avoir un effet sur leur budget énergétique en étant plus sujet aux tempêtes? Je ne le sais pas. On n’a pas de données pour le démontrer, ajoute la scientifique.

Mme Lesage précise que Pêches et Océans Canada utilisera les données de cette nouvelle étude pour la prochaine mise à jour de son programme de rétablissement de l’espèce.

LA UNE : Véronique Lesage, chercheuse sur les espèces en péril à Pêches et Océans Canada (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada