Début famélique de la pêche au sébaste aux Îles

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Seulement 1 % du quota de près de 11 000 tonnes de sébaste détenu par la société Madelipêche a été capturé jusqu’à maintenant. Les prises madeliniennes, jugées non rentables, ont principalement servi à appâter le homard et non à nourrir les humains.

Un seul pêcheur madelinot, Denis Éloquin, a effectué cinq sorties en mer en juillet et en août pour capturer le poisson rouge.

M. Éloquin, également actionnaire de Madelipêche et Fruits de mer Madeleine, a ramené à quai environ 113 400 kilos de sébaste. Ces prises mesuraient en moyenne 25 centimètres.

Le poisson n’est pas gros, vraiment pas assez gros pour ce qu’on voudrait faire. Ce n’est pas rentable à l’heure actuelle.

Une citation de Denis Éloquin, pêcheur

Le pêcheur mentionne qu’il a reçu en moyenne 40 cents la livre pour ses débarquements de sébaste : un prix qui n’est pas suffisant pour couvrir ses dépenses, dont le carburant et le salaire des aide-pêcheurs.

Il va falloir que les prix augmentent, d’une manière ou d’une autre, sinon il n’y aura pas pêcheurs intéressés, croit-il.

Denis Éloquin devant son bateau.

Le pêcheur de sébaste et actionnaire de Madelipêche et Fruits de mer Madeleine, Denis Éloquin (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

95 % des prises transformées en appâts

Fruits de mer Madeleine a acheté la totalité du sébaste pêché par Denis Éloquin.

L’entreprise de L’Étang-du-Nord a transformé plus de 95 % des poissons en appâts destinés à la pêche au homard, faute de marché alternatif pour écouler les stocks en grosses quantités.

La façade d'une usine de transformation durant l'été.

L’usine de Fruits de mer Madeleine se spécialise dans la transformation du crabe des neiges, mais la volonté de développer le marché du sébaste est présente. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Le poisson était très petit, affirme le président de Fruits de mer Madeleine, Eudore Aucoin. Il n’y a pas de marché, pour l’instant.

Environ 80 % des poissons pesaient moins de 250 grammes, précise M. Aucoin. En sachant qu’en bas de 250 grammes, on est dans un filet qui est minuscule, on ne peut pas envisager de faire seulement du filet.

Le président de Fruits de Mer Madeleine indique que si la taille et le prix du sébaste n’augmentent pas, l’entreprise ne souhaite pas racheter de sébaste en 2025. Dans le contexte actuel, la rentabilité n’est pas au rendez-vous.

Tu ne peux pas faire fonctionner une usine seulement pour l’appât, le produit n’est pas assez cher.

Une citation de Eudore Aucoin, président de Fruits de mer Madeleine

M. Aucoin indique qu’il ne lance pas la serviette pour autant et que Fruits de mer Madeleine continue de s’intéresser aux développements possibles.

On a fait un peu de filets avec les plus gros poissons pour le marché local et on a envoyé des échantillons de sébaste au Japon, renchérit le directeur de Fruits de mer Madeleine, James Derpack.

Pour l’instant, ces démarches à l’international n’ont toutefois pas permis de conclure des ventes de grande ampleur.

James Derpack photographié lors d'une annonce en novembre 2024.

Le directeur général de Fruits de mer Madeleine, James Derpack Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Il y a des recherches qui se font pour essayer de trouver des marchés qui concordent pour les grandeurs de poisson qu’on voit dans le golfe, ajoute M. Derpack. On parle de millions et de millions de livres disponibles, mais on a besoin de trouver des marchés qui sont capables d’acheter ça.

L’Association québécoise de l’industrie de la pêche confirme avoir commandé une étude sur la commercialisation du sébaste. Les résultats sont attendus en mars 2025.

Il faut demeurer patient, croit Eudore Aucoin. Personnellement, je pense que pour les trois prochaines années, ça va être vraiment au ralenti.

Au moment de publier ces lignes, Pêches et Océans Canada n’avait pas fourni de bilan à jour des prises totales de sébaste dans le golfe du Saint-Laurent, soit l’unité 1.

Selon le dernier décompte acheminé à Radio-Canada, en date du 23 septembre, seulement six pêcheurs avaient participé à la pêche du sébaste dans l’unité 1 et avaient capturé 596 tonnes de sébaste, soit 1% du quota total de 60 000 tonnes répartis dans les cinq provinces de l’est du pays.

Des assouplissements salués

Par ailleurs, Pêches et Océans Canada a récemment modifié la profondeur de pêche et les restrictions relatives aux engins entourant la pêche au sébaste.

Du 18 octobre au 1er novembre, la profondeur minimale de pêche a revue de 300 à 240 mètres. Ce réajustement a été de courte durée, car il était déjà prévu que la pêche soit autorisée à des profondeurs supérieures à 183 mètres entre le 1er novembre et le 31 mars.

De plus, l’obligation d’utiliser des chaluts pélagiques, soit des engins qui ne touchent pas les fonds marins, entrera en vigueur seulement le 1er janvier, alors que cette date était initialement fixée au 1er novembre.

Par l’intermédiaire du comité consultatif sur le sébaste et de la correspondance avec les représentants du Ministère, les pêcheurs du Québec, du Golfe et de Terre-Neuve-et-Labrador, nous avons entendu dire qu’il faut assouplir les mesures de gestion du sébaste de l’unité 1, indiquait Pêches et Océans Canada par courriel pour justifier ces changements.

Ces modifications sont saluées par le pêcheur Denis Éloquin qui avait fait des demandes en ce sens avant même l’ouverture de la saison.

Ça nous a frustrés que ça ne change pas dès cet été, mais mieux vaut tard que jamais, croit-il.

Un pêcheur sur un bateau avec un chalut rempli de sébastes.

Le bateau de Denis Éloquin lors d’une sortie de pêche au sébaste Photo : Gracieuseté de Denis Éloquin

Selon l’industrie, la profondeur de pêche initialement fixée par Ottawa ne correspondait pas à l’endroit où se trouvent les plus importantes concentrations de sébaste.

La règlementation initiale forçait aussi les pêcheurs madelinots à chaluter dans des zones éloignées des îles de la Madeleine et très peu connues, ce qui engendrait des sorties en mer plus longues et des dépenses accrues en carburant.

LA UNE : Au moins 95 % des sébastes débarqués aux Îles-de-la-Madeleine ont été transformés en appâts pour la pêche au homard. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Luc Manuel Soares

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