Ajouter le phoque qu’on observe des berges du fleuve Saint-Laurent à nos assiettes : c’est le défi que s’est donné Exploramer. Avec son programme Fourchette bleue, le musée scientifique propose une formation sur la chasse et l’apprêtage du loup marin. Une trentaine de personnes y ont pris part en fin de semaine.
Le Téléjournal est du Québec
Selon Exploramer, le fait que cet animal perturbe les écosystèmes marins et le souhait de certains citoyens de s’alimenter plus localement motivent les gens à s’inscrire à cette formation offerte depuis 2018.
Cette pratique, déjà bien ancrée aux Îles-de-la-Madeleine, gagne en popularité sur le territoire gaspésien depuis quelques années.

Parmi la trentaine de participants, les curieux viennent de la Côte-Nord, du Bas-Saint-Laurent, du Nouveau-Brunswick et de la Gaspésie. Photo : Radio-Canada / Myriam Ouellette
De la rive au menu quotidien
Durant deux jours, la trentaine de participants apprend à abattre le phoque, à comprendre la biologie de l’espèce, ses différentes variétés et surtout, les techniques pour le dégraisser, le dépecer et l’apprêter.
On ne connaît pas ça
, lance Jack Faber, un résident de Sainte-Anne-des-Monts. Moi, je n’ai pas de grand-père qui chasse le phoque!
, ajoute-t-il.
Le jeune pêcheur se réjouit de sortir de la formation avec de nouvelles connaissances.
On parle tout le temps de la chasse, comme le gros gibier, l’orignal, dans la forêt. Mais on n’utilise pas beaucoup la mer.
La directrice générale d’Exploramer, Sandra Gauthier, raconte que les voisins du fleuve Saint-Laurent côtoient le loup de mer quotidiennement.

«La viande, si elle est bien apprêtée, ça peut être absolument délicieux», admet Sandra Gauthier. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois
On a une surpopulation de phoque
, explique-t-elle. C’est important de démocratiser l’accès à cette chasse-là
, estime Mme Gauthier.
À l’issue de la formation et après délivrance d’un permis d’Ottawa, les chasseurs ont l’autorisation d’attraper six phoques par année pour leur consommation personnelle.
Rachel Lacombe, une participante à la formation, s’est inscrite par désir de consommer localement.
Tant qu’à manger du bœuf qui a été élevé en Amérique du Sud, pourquoi ne pas essayer de voir ce qui est disponible ici
?, se questionne-t-elle.

La mission de la formation est d’intégrer cette activité à la vie des habitants côtiers. Photo : Radio-Canada / Myriam Ouellette
La réputation du phoque
La population de phoques a explosé au cours des dernières décennies. Et elle cause des dommages selon le chasseur et propriétaire de la boucherie Côte-à-Côte, Réjean Vigneault. Un phoque gris peut manger plus de deux tonnes métriques de poisson par année
, explique-t-il.

Lors de la formation, Réjean Vigneault donne des explications sur le dépeçage d’un phoque mort. Photo : Radio-Canada / Myriam Ouellette
Le Madelinot rappelle que des îlets habités autrefois par 150 phoques sont aujourd’hui colonisés par plus de 15 000 bêtes.
Et la chasse au phoque divise depuis les années 1970. Plus on fait de l’éducation, plus les gens comprennent
, précise Sandra Gauthier.
Je n’ai plus eu de menaces de mort depuis trois ans.
La chasse aux blanchons, qui a marqué les esprits, est interdite depuis 1987.

Le phoque peut se consommer sous diverses formes. Rachel Lacombre décrit qu’il est appétissant en viande hachée, dans un burger avec du fromage et du bacon. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Alban Normandin
Plusieurs étapes restent encore à franchir pour populariser la viande, mais le chasseur Réjean Vigneault indique que sa commercialisation est déjà possible.
À titre d’exemple, il propose dans sa boucherie de la saucisse de phoque aux canneberges ou du loup-marin confit de gras de canard.
LA UNE : Le formateur et boucher Réjean Vigneau a offert un atelier samedi à la trentaine de participants. Photo : Radio-Canada / Stéphanie Rousseau
PAR à partir des informations de Stéphanie Rousseau