Davantage de permis de pêche exploratoire au homard

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Pêches et Océans Canada confirme qu’une cinquantaine de nouveaux permis de pêche exploratoire au homard seront délivrés dans l’Est-du-Québec, dont une trentaine en Gaspésie, à compter du printemps prochain.

En effet, 31 nouveaux permis seront délivrés progressivement dans la zone 19 en Gaspésie, tandis que 18 permis seront attribués dans la zone de pêche 17 à Anticosti.

Les détenteurs de permis contribueront à l’acquisition de connaissances sur les stocks, ce qui permettra notamment d’en apprendre plus sur leur abondance et leur distribution, peut-on lire dans un communiqué publié jeudi.

Les nouveaux permis de pêche au homard, qui représentent en tout 12 250 casiers par année, seront attribués aux Premières Nations ainsi qu’aux pêcheurs commerciaux de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine, de la Côte-Nord et du Bas-Saint-Laurent.

L’ensemble de la zone 19 s’étend de Cap-Gaspé jusqu’à Cacouna.

Une dizaine de homardiers détiennent des permis de pêche commerciale dans les secteurs de Cap-Gaspé jusqu’aux environs de Mont-Louis.

La pêche commerciale n’est pas autorisée à l’ouest de ce secteur, mais l’an dernier, Pêches et Océans a délivré quatre permis de pêche exploratoire dans les secteurs situés entre Rivière-à-Claude et l’est de la rivière Tartigou, près de Matane.

Trois de ces permis exploratoires sont exploités par la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk depuis deux ans.

Une carte indique des zones de pêche.

Les différentes zones de pêche au homard en Gaspésie, sur la Côte-Nord et au Bas-Saint-Laurent. Photo : photo de Pêches et Océans Canada

Toutefois, Pêches et Océans n’a pas précisé dans quelle portion de la zone 19 ces nouveaux permis seront répartis.

Le MPO précise cependant que les permis n’ont pas encore été attribués et que les Premières Nations ainsi que les flottilles en difficulté seront privilégiées dans l’attribution des permis.

Une pêche exploratoire qui inquiète

Ces précisions pour les permis exploratoires ne rassurent en rien les pêcheurs de homard de la zone 19.

Pêcheur de crevettes à Saint-Maxime-du-Mont-Louis, Samuel Normand a dû réorienter ses activités vers la pêche au homard puisque son quota de crevettes a chuté de 90 %.

Pour tenter de sauver des entreprises aux prises avec le déclin de la crevette, il a acheté un permis au prix fort, un bateau et une entreprise de pêche au homard.

M. Normand déplore aujourd’hui le manque d’informations dans l’implantation de cette pêche exploratoire. Selon lui, les pêcheurs commerciaux n’ont aucune certitude selon laquelle la pêche exploratoire ne se fera pas dans la zone de pêche commerciale actuelle, soit de Cap-Gaspé jusqu’à Saint-Maxime-du-Mont-Louis.

On parle d’une pêche exploratoire avec 12 000 casiers, tu sais, c’est la même pêche qu’on fait au commercial […], c’est une pêche exploratoire ou une pêche commerciale déguisée, affirme Samuel Normand.

Samuel Normand, un pêcheur de Rivière-au-Renard.

Samuel Normand était très jeune lorsqu’il a mis les pieds sur un bateau de pêche pour la première fois. En effet, chez les Normand, la pêche, c’est une histoire de famille. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Myriam Fimbry

Il exprime aussi des craintes à propos de la ressource. La première année, ça va être correct, mais dans deux ou trois ans, j’ai peur qu’il n’y ait plus de homard et qu’on fasse les mêmes erreurs faites dans les autres pêches, appréhende le pêcheur.

Samuel Normand va même jusqu’à craindre la faillite. Avec davantage de homard sur le marché, le prix risque de baisser, selon ce pêcheur.

Si le prix du homard baisse seulement d’un dollar [la livre] et que les captures diminuent juste un petit peu, pour ma part, je ne passe pas au travers. […]. Je suis endetté par-dessus la tête, qu’est-ce qui va arriver? Le calcul n’est pas long à faire.

Une citation de Samuel Normand, pêcheur de Saint-Maxime-du-Mont-Louis
Un homardier sort d'un port, en direction du large

Un bateau de pêche au homard et ses casiers. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Jean-Francois Deschênes

Sébastien Dunn, un pêcheur de Rivière-au-Renard qui pêche le homard depuis maintenant un an, se trouve dans une situation similaire.

M. Dunn pêchait le flétan de l’Atlantique et le turbot. Devant les minces captures de ces espèces, il s’est tourné vers la pêche au crabe des neiges, qui n’a pas non plus été fructueuse pour lui.

J’ai vendu à perte mes permis et mes équipements pour la mise de fonds pour acheter mon permis de homard. Je n’ai pas attendu que la ministre me donne un permis pour continuer, mais j’ai pris un risque, explique ce pêcheur, qui indique avoir investi plus 10 millions de dollars pour sa pêche au homard.

Si je pêche 175 000 [livres] de homard et que le prix reste à 7,50 $ [la livre], je vais être correct, mais en émettant ce nombre de permis-là, on s’attend à ce que le prix baisse, ajoute-t-il.

Si je tombe à 175 000 [livres] et que le prix baisse, c’est sûr que je fais faillite, je perds tout.

Une citation de Sébastien Dunn, pêcheur de Rivière-au-Renard

Sébastien Dunn indique avoir envoyé ses comptes à Pêches et Océans afin que ce ministère les transmette à la ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, pour montrer qu’avec une baisse [du prix], ça ne fonctionne pas.

Le cabinet de la ministre n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.

LA UNE : Les homards issus de la pêche exploratoire sont vendus sur le marché. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / René Landry