Des recharges de plages qui bougent plus vite que prévu aux Îles

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Des travaux d’urgence pour corriger le profil de la recharge de plage municipale de Cap-aux-Meules ont été lancés vendredi, deux ans après sa construction.

L’ouvrage de protection visant à limiter l’érosion des falaises qui bordent plusieurs bâtiments d’importance, dont l’hôpital de Cap-aux-Meules, a été frappé par plusieurs tempêtes automnales.

Des analyses réalisées par des experts mandatés par le ministère de la Sécurité publique démontrent que les agrégats se sont déplacés plus vite que prévu, causant un amincissement de certaines portions de l’ouvrage.

Il y a eu une migration plus importante des agrégats vers le sud, explique le directeur des infrastructures et du bureau de projet à la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine, Jean Hubert. Cela fait en sorte que le profil attendu est plus bas, ce qui amène à des interventions d’urgence.

Selon M. Hubert, il était prévu que l’ouvrage bouge de la sorte d’ici 10 à 15 ans, alors que le mouvement du gravier s’est produit à peine 2 ans après sa mise en place. Il faut une seule tempête pour reprofiler un ouvrage, souligne-t-il.

Un phénomène similaire de déplacement rapide du gravier a été observé sur la recharge de plage du site historique de La Grave à Havre-Aubert après le passage de la tempête Dorian en septembre 2022, sans que l’efficacité ne l’ouvrage ne soit compromise.

Les travaux correctifs vont se dérouler sur environ 150 des 850 mètres de l’ouvrage. Environ 9000 tonnes d’agrégats seront ajoutées, ce qui correspond à 6 % du matériel déjà en place.

On va intervenir au-dessus de la recharge pour refaire un plateau d’environ six mètres de largeur, indique Jean Hubert. Ça va venir stabiliser la recharge et reprofiler la recharge pour s’assurer d’une protection à plus long terme.

Des machineries sur un talus de pierre au pied des falaises érodées.

La recharge de plage a été construite à l’automne 2022 pour protéger les falaises de Cap-aux-Meules et assurer la pérennité de plusieurs bâtiments d’importance. (Photo de 2022) Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Bien qu’il qualifie de surprenante la situation, Jean Hubert soutient qu’il est normal que le profil d’une recharge de plage évolue et qu’un suivi géomorphologique de l’ouvrage était déjà prévu par le ministère de la Sécurité publique pour une durée de cinq ans.

Ce n’est pas un échec, c’est une expérience. On apprend de tout ça et on vient s’adapter pour corriger le tir et continuer à suivre l’évolution de cette recharge de plage.

Une citation de Jean Hubert, directeur des infrastructures et du bureau de projet à la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine, Jean Hubert.

Il est encore trop tôt pour dire si la situation laisse présager des coûts d’entretien plus élevés que prévu, selon la Municipalité. Les recherches vont se poursuivre par les experts en génie côtier pour comprendre le phénomène et renforcer la recharge, mais aujourd’hui on n’a pas toutes les réponses, indique M. Hubert.

Jean Hubert photographié devant le cap aux Meules.

Le directeur des infrastructures et du bureau de projets à la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine se réjouit que le ministère de la Sécurité publique fasse un suivi de l’évolution géomorphologique de la recharge et que la situation puisse être corrigée rapidement. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Le coût des travaux correctifs est estimé à 130 000 $, une facture payée à même les fonds résiduels du budget total de construction de l’ouvrage de 11,6  millions de dollars, montant payé par Québec et Ottawa. La Municipalité n’aura donc pas à délier les cordons de la bourse.

Les sommes prévues pour l’entretien de l’ouvrage dans le budget initial seront toutefois entièrement dépensées après ces premiers travaux correctifs.

Des boudins de sable à découvert à Pointe-aux-Loups

La morphologie d’une autre recharge de plage madelinienne, cette fois dans le secteur de Pointe-aux-Loups, a également évolué plus rapidement qu’anticipé dans les dernières semaines.

Il s’agit d’une protection côtière construite en 2023 par le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) dans le but de protéger la route 199.

Des géotextiles à découverts devant une plage.

Le sable qui recouvrait initialement les géotextiles a été déplacé par la mer. Photo : MTMD

Les tubes de géotextiles remplis de sable mis en place pour stabiliser la dune sont désormais exposés, car le sable qui les recouvrait a été déplacé par les vagues.

Vue aérienne du tronçon de plage à recharger.

Lors de la fin des travaux en 2023, le sable recouvrait entièrement les géotextiles. (Photo de 2023) Photo : Gracieuseté: L’île imagin’air

Cette recharge de plage a été construite en combinant deux méthodes jamais utilisées au Québec. Dans le cadre des travaux, du sable de dragage du chenal de Grande-Entrée a été utilisé pour recharger la plage et d’immenses tubes de géotextiles remplis de sable ont été placés pour stabiliser le tout.

Les gros tubes géotextiles dans une fosse de sable sur la plage. Une pelle mécanique se trouve un peu plus loin.

Des tubes de géotextile remplis de sable ont été empilés pour stabiliser la dune, avant d’être recouverts par une recharge de plage. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Selon Québec, la situation n’est pas nécessairement surprenante ou inquiétante, notamment parce qu’il n’existe aucun ouvrage comparable. C’est la première fois que le ministère faisait une recharge de plage aussi importante avec une aussi grosse quantité de sable, indique la porte-parole du MTMD, Julie Marcoux.

On n’avait pas vraiment d’exemple, on ne pouvait pas s’appuyer sur d’autres expériences.

Une citation de Julie Marcoux, porte-parole du ministère des Transports et de la Mobilité durable

Mme Marcoux précise qu’un déplacement de sable était attendu et qu’il joue tout de même son rôle de rehausser la plage. L’intégrité de l’ouvrage de protection n’est pas menacée pour autant, croit le ministère, car les tubes sont toujours en place et protègent la dune située plusieurs mètres derrière.

Les tubes demeurent remplis de sable, même s’ils sont exposés, précise-t-elle.

D'immenses poches de sables sur la plage lors de travaux pour protéger la dune de Pointe-aux-Loups de l'érosion.

Cette photo prise au début de la construction de l’ouvrage en 2023 montre la distance entre les tubes et la dune naturelle. Même si le sable devant les tubes est descendu plus bas sur la plage, les immenses poches de sable continuent de protéger la dune qui a été élargie durant les travaux. Photo : MTMD

Pour l’instant, le MTMD ne prévoit aucuns travaux correctifs d’urgence pour corriger la situation, mais précise que des recharges d’entretien normal avec de petits volumes de sable auront lieu éventuellement.

Le ministère considère la recharge de plage de Pointe-aux-Loups comme un laboratoire permettant d’utiliser le sable disponible aux îles de la Madeleine.

Avec ce projet-là, on fait des suivis et ça nous aide à mieux comprendre le comportement d’une grosse recharge comme ça et de voir comment le sable se déplace, indique Julie Marcoux.

Le comportement de la recharge de sable de Pointe-aux-Loups sera aussi comparé à des ouvrages d’enrochement déjà en place dans l’archipel.

LA UNE : Le reprofilage de cette section de la recharge de plage de Cap-aux-Meules est nécessaire en raison du déplacement du gravier vers le sud. Le plateau supérieur sera élargi pour atteindre environ six mètres. Photo : Jasmine Solomon/Municipalité des Îles-de-la-Madeleine