Faut-il s’inquiéter du mouvement des recharges de plage?

Publicité

Articles similaires

Comment décortiquer un homard

On retire les pinces On retire la queue On retire les...

Une 150e saison de pêche lancée aux Îles-de-la-Madeleine

Les pêcheurs madelinots ont officiellement pris la mer pour...

Téléjournal : 150e saison de pêche au homard dans l’archipel

Les quais des îles de la Madeleine fourmillent d'activité...

La Coopérative des pêcheurs des Îles prête pour la 150ème mise à l’eau

Les quais des îles de la Madeleine fourmillent d'activités...

Depuis 150 saisons, le cœur des Îles bat au rythme du homard

Sur les quais de Cap-aux-Meules, de Grande-Entrée ou de...

Alors que les matériaux de deux recharges de plages aux Îles-de-la-Madeleine ont bougé plus vite qu’anticipé, un expert en ingénierie côtière estime que la situation n’est pas alarmante, bien que les connaissances sur ce type d’ouvrage restent à parfaire au Québec.

À titre de professionnel de recherche au Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières de l’UQAR, Philippe Sauvé, est mandaté par le ministère de la Sécurité publique pour suivre l’évolution du mouvement de cinq recharges de plage construites au Québec depuis 2017, dont celles de Percé, Havre-Aubert et Cap-aux-Meules.

Il ne croit pas que la modification hâtive du profil des ouvrages de Cap-aux-Meules et Pointe-aux-Loups soit anormale, considérant que ces deux sites soient très exposés aux fortes vagues.

Je ne pense pas qu’il faut s’inquiéter. Les recharges de plage sont des ouvrages qui sont dynamiques, contrairement à un enrochement, donc c’est normal que ça évolue et que ça bouge au gré des tempêtes.

Une citation de Philippe Sauvé, expert en ingénierie côtière

Bien qu’il admette que le déplacement a été particulièrement rapide à Cap-aux-Meules et Pointe-aux-Loups, l’ingénieur titulaire d’un doctorat en science de l’environnement souligne que chaque site est unique en raison des conditions physiques qui lui sont propres.

Il devient ainsi difficile de prédire avec assurance les mouvements des ouvrages de protection.

Du gravier élevé en talus derrière des bâtiments historiques en bardeaux de cèdre.

Après le passage de Fiona en septembre 2022, la pente de la recharge de plage de Havre-Aubert s’est adoucie rapidement. (Photo prise en 2021) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Une recharge de plage, à la base, ça prend de l’entretien et c’est difficile de prévoir quand le premier entretien va venir, parce qu’il y a de l’incertitude quant aux tempêtes qui vont affecter les côtes, soutient-il.

Philippe Sauvé devant la mer.

Avec le Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières de l’UQAR, Philippe Sauvé suit l’évolution des recharges de plage de Percé, Cap-aux-Meules, Havre-Aubert, Tadoussac et Pointe-aux-Outardes. PHOTO : GRACIEUSETÉ DE PHILIPPE SAUVÉ

L’ingénieur en ingénierie côtière souligne qu’il aura fallu plus de cinq ans du côté de la recharge de plage de Percé, dont la construction s’est amorcée en 2017, avant de procéder aux premiers travaux correctifs en 2023.

Vue sur la plage de Percé en hiver

La recharge de plage de Percé a permis de créer un rivage avec une pente naturelle. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Recharge de plage versus enrochement

Cela ne fait que quelques années que des recharges de plage sont mises en place au Québec, où l’enrochement et les murs de soutènement étaient auparavant les solution privilégiées pour stopper l’érosion côtière.

En 2017, la côte du Québec maritime a été cartographiée et 97,6 % des ouvrages de protection aménagés historiquement étaient soit des enrochements ou des murs, explique Philippe Sauvé. C’était une solution quasi unique.

Ces ouvrages qui offrent une grande stabilité ont toutefois des effets négatifs, souligne l’ingénieur, comme l’effet de bout, phénomène selon lequel l’arrivée d’eau aux extrémités d’un ouvrage gruge le sol des propriétés voisines non protégées.

Vue sur une clôture de roches devant des maisons en bord de mer.

Malgré sa stabilité, l’enrochement des côtes a des effets négatifs. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ANTOINE SIROIS

Philippe Sauvé souligne également que l’enrochement provoque souvent un abaissement de la hauteur et de la largeur des plages, en plus de provoquer des pertes d’habitats et d’écosystèmes.

Je ne suis pas prêt à dire que la recharge de place est une solution qu’on peut appliquer partout, par contre, c’est certain que c’est une option qui peut avoir moins d’effets dommageables à long terme que les enrochements et les murs.

Une citation de Philippe Sauvé, expert en ingénierie côtière

Le titulaire d’un doctorat précise qu’il n’existe pas de solution parfaite pour contrer l’érosion et que chaque situation doit être analysée pour choisir un ouvrage optimal, selon les conditions du site à protéger.

c200251copy

La recharge de plage de Sainte-Flavie PHOTO : RADIO-CANADA / FRANCOIS GAGNON

Adapter les connaissances internationales

Les connaissances entourant ce type d’ouvrage sont donc encore à peaufine pour concevoir des ouvrages adapté au contexte côtier du Saint-Laurent.

Les méthodes de conception sont souvent inspirées de ce qui fait à l’international, particulièrement sur la côte est américaine ou les Pays-Bas, soit un contexte océanique, explique le professionnel de recherche à l’UQAR.

Ces connaissances ne peuvent toutefois s’appliquer de la même façon dans l’estuaire ou le golfe du Saint-Laurent.

On travaille là-dessus à l’UQAR, pour adapter les méthodes au contexte du Québec maritime, mentionne Philippe Sauvé.

 

LA UNE : Construite en 2022, la recharge de plage de Cap-aux-Meules nécessite des travaux correctifs, car les agrégats se sont déplacés plus rapidement qu’anticipé. (Photo prise en 2022) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE