Ford l’avait vu venir, et la direction s’est montrée lucide. À ce moment, c’était un peu comme d’avaler une couleuvre, les hauts penseurs de Ford ont décidé de mettre le nom Mustang sur un VUS. Non seulement s’agit-il d’un VUS, mais pire encore, il n’a pas un V8 de 5 litres sous le capot, il vient avec des moteurs électriques. Pour plusieurs, c’était pire qu’une hérésie, une profanation, « un char de hippie ». L’objectif de l’opération : attirer l’attention et assurer la survie de l’appellation Mustang.
Toutefois, derrière cette idée, Ford avait deux volontés : crée un traumatisme dans l’industrie en attirant l’attention et faire survivre le nom Mustang dans le temps. Pour les puristes de la Mustang, c’était tragique, mais pour plusieurs, c’était l’occasion de mettre la main sur une « Mustang » pratique. On se souvient que ce n’était pas la première fois de l’histoire automobile qu’une telle pratique se produisait, il suffit de penser à l’introduction du Cayenne du côté de chez Porsche en 2002.
En 2024, tout juste à l’aube de ses 60 ans, la Mustang s’est offert une nouvelle génération, la 7e du nom. Historiquement, il y a toujours eu un engouement à l’arrivée d’une nouvelle génération de la Mustang. Cette fois, malgré cette « nouveauté » et son virage numérique, la Mustang a connu sa pire année en existence au chapitre des ventes en 2024. Au cours des dernières années, les ventes de la Mustang traditionnelles n’ont cessé de descendre.
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On le sait, les « Muscle Cars » sont en déroute depuis quelques années, notamment avec l’abandon de la Chevrolet Camaro en 2024. Du côté de Dodge, on a délaissé les vieux Challenger en 2023 pour mieux revenir aux dernières heures de 2024 avec le Dodge Charger Daytona à motorisation électrique. Ne vous inquiétez pas, le 6-cylindres Hurricane s’en vient. Mais avec une approche électrique de la Charger, le constructeur espère maintenir en vie la notion de la performance brutale qui est si chère à Dodge, notamment avec beaucoup de puissance et de sons factices. Pour le moment, l’enthousiasme est assez limité.
En 2024, les chiffres parlent d’eux-mêmes : au Canada, il s’est vendu 3 818 Mustang. Pour la même période, l’hérétique Mustang Mach-E s’est écoulée à 10 658 exemplaires. Comme on est au Canada, ce n’est pas étonnant si l’on considère l’important taux d’adoption de l’électrification. Là où c’est marquant, c’est au sud de nos frontières, aux États-Unis. Pour la première fois, depuis l’arrivée de la Mach-E, elle surpasse la Mustang régulière au chapitre des ventes. Il est vrai que Ford a fortement baissé les prix en fin d’année pour écouler des stocks et accélérer l’adoption du modèle, mais il y a une nouvelle réalité : la Mustang électrique se vend mieux que la Mustang traditionnelle à essence. Il s’est donc vendu 44 003 Mustang en 2024 aux États-Unis contre 51 745 Mach-E.
Bien que ce chiffre soit intéressant, il démontre quand même que les Étasuniens peinent encore à adopter les véhicules électriques au même rythme que les consommateurs canadiens. Il s’est vendu 15,9 millions de véhicules aux États-Unis en 2024 contre 1,78 million au Canada pour la même période. Si l’on considère qu’ils sont environ 10 fois plus que nous, les ventes de la Mustang régulière se tiennent à 3 818 exemplaires chez nous contre 44 003 aux États-Unis. Dans le cas de la Mach-E avec nos 10 658 exemplaires, on devrait plutôt voir un chiffre près des 100 000 exemplaires vendus aux États-Unis pour se rapprocher du ratio. C’est un raccourci en fonction de nombreux facteurs qui entrent en ligne de compte, mais il n’en demeure pas qu’en comparaison, les ventes devraient être plus élevées. Peut-être que Ford devra faire comme Dodge avec la Charger et offrir une VRAIE Mustang électrique.
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