Des drones pour répertorier les blessures chez les baleines noires

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Une chercheuse spécialisée dans la survie des baleines noires de l’Atlantique Nord utilise des drones et l’imagerie thermique pour jouer les anges gardiens de cette espèce en voie de disparition.

En 2017, Gina Lonati a participé à une conférence à Halifax où la survie des baleines noires de l’Atlantique Nord était le sujet de l’heure.

Ce fut une année terrible pour ce mammifère marin. Au total, 17 d’entre elles sont mortes et aucune naissance n’a été enregistrée.

Touchée par leur situation précaire, Gina Lonati a décidé de s’inscrire au doctorat à l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB) pour les étudier.

Ses travaux de recherche lui ont permis de mettre au point une technologie innovante de collecte de données par télédétection. Cette méthode permet aux chercheurs de faire de la collecte de données sans importuner les baleines noires.

Une femme sourit sur un navire. Derrière elle, une baleine nage dans l'océan.

Gina Lonati, chercheuse à l’Université du Nouveau-Brunswick à Saint-Jean, a récemment présenté sa thèse de doctorat en sciences biologiques sur les baleines après avoir passé les cinq dernières années à la préparer. Photo : Gracieuseté : Gina Lonati

Des drones permettent de suivre les baleines à distance et de faire des captures d’images thermiques lorsqu’elles remontent à la surface.

Ce type de technologie était utilisé en milieu terrestre mais pas vraiment en milieu marin étant donné que les images thermiques ne permettent pas de voir la chaleur sous la surface de l’eau, dit Gina Lonati.

Il est particulièrement ardu de suivre les baleines noires de l’Atlantique Nord puisqu’elles passent de longues périodes sous l’eau.

Nous avons dû faire preuve d’un peu de patience et de créativité, mais nous avons finalement réussi à trouver une façon de prendre leur température par le biais de leur évent lorsqu’elles remontent à la surface pour respirer, explique Gina Lonati.

Pour réaliser cette procédure, les drones doivent voler de cinq à sept mètres au-dessus du mammifère.

Ça offre vraiment une perspective unique, commente Gina Lonati. Puisque la détection à distance n’est pas intrusive, on peut voir les baleines être elles-mêmes, être des mamans, être joyeuses.

Deux baleines sont en train de s'enlacer et de jouer ensemble à la surface de l'eau.

Deux baleines sont en train de s’enlacer et de jouer ensemble à la surface de l’eau. Photo : gracieuseté de Gina Lonati

La chercheuse utilise aussi des capteurs sous-marins pour récolter des données sur le plancton. Il s’agit de la nourriture de choix des baleines noires dans le golfe du Saint-Laurent.

Elle note que la majorité du plancton se trouve près du fond marin, ce qui accroît les risques d’empêtrement de leur bouche dans les lignes de pêche qu’y s’y trouvent.

C’est une information importante pour les responsables et aussi pour la configuration des engins de pêche, déclare Gina Lonati.

86 % des baleines noires ont déjà été empêtrées

Gina Lonati avance que 86 % de ces mammifères se sont empêtrés dans un engin de pêche au moins une fois au cours de leur vie

Elle évalue à 372 le nombre de baleines noires toujours en vie à l’heure actuelle.

C’est vraiment saisissant de voir cet animal se démener et se battre pour sa vie, s’attriste la chercheuse. Malheureusement, ce n’est pas une situation rare pour les baleines noires de l’Atlantique Nord.

Un baleineau mort flotte dans l'eau.

Un baleineau retrouvé mort en 2024 à la suite d’un empêtrement dans un engin de pêche. Photo : Gracieuseté : Gina Lonati

La première fois que Gina Lonati a vu une baleine noire, la queue de cette dernière portait des cicatrices d’enchevêtrement dues à des engins de pêche.

Cette première rencontre l’a marquée. J’ai pleuré. Puis je me suis calmée et me suis remise à mes recherches, dit-elle.

Depuis lors, ses recherches lui ont permis de constater la présence d’un grand nombre de cicatrices plus graves sur d’autres baleines.

Un autre moment marquant a été sa rencontre avec Hercule, une baleine croisée en 2021. Cet animal était gravement empêtré dans des cordages, dit-elle.

Il se débattait et saignait de la queue, se souvient Gina Lonati. Hercule n’a pas été revu depuis 2021 et on le croit mort.

Une baleine vue du ciel.

Gina Lonati indique que les callosités, c’est-à-dire les tissus blancs épais sur la tête des baleines, sont utilisées pour les identifier, à l’instar des empreintes digitales. Photo : Gracieuseté : Gina Lonati

Gina Lonati affirme qu’elle trouve de la motivation afin de poursuivre son travail grâce à ses recherches, qui ont pour but de trouver de meilleurs moyens de protéger cette espèce.

J’aimerais découvrir si l’imagerie thermique des baleines noires pourrait nous permettre de savoir, lorsque des baleines ont été heurtées par des navires, si l’inflammation provoquerait une augmentation de la chaleur localisée dans une certaine partie de leur corps, dit-elle.

En récoltant plus de données, les chercheurs arriveront possiblement un jour à utiliser les outils mis au point par Gina Lonati afin de déterminer facilement quand une baleine noire se blesse ou est malade afin d’intervenir plus rapidement.

LA UNE : De nombreuses baleines noires de l’Atlantique Nord, comme celle-ci, portent des cicatrices dues à un empêtrement antérieur. Photo : Gracieuseté : Gina Lonati

PAR Radio-Canada d’après le reportage de Mia Urquhart, de CBC