La chute d’une météorite captée par vidéo à l’Île-du-Prince-Édouard

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À l’Île-du-Prince-Édouard, l’impact d’une météorite baptisée « Charlottetown » a été capté par vidéo de surveillance cet été. C’est la première fois qu’un événement de ce genre est filmé dans les provinces de l’Atlantique, selon deux experts.

Le 25 juillet, le couple composé de Joe Velaidum et Laura Kelly sortent promener leur chien dans leur quartier de Marshville, près de Charlottetown.

À leur retour à la maison, quinze minutes plus tard, une surprise les attend. L’allée était un vrai désastre. Il y avait des débris noirs partout. La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est que quelque chose était tombé du toit, raconte Joe Velaidum.

Les parents de Laura, qui habitent la maison d’à côté, n’ont pas le même avis. Ils ont entendu un bruit fracassant et sont convaincus qu’il s’agit d’une météorite.

La famille décide alors de regarder le vidéo capté par leur caméra de surveillance.

On était plutôt sceptiques parce qu’on ne pensait pas vraiment que ça aurait pu être ça, mais finalement, ce l’était, dit Joe Velaidum.

Marshfield, Île-du-Prince-Édouard, 25 juillet 2024.

En plus des débris laissé au sol, une marque de 2 cm est empreinte à l’endroit du sol où l’impact a eu lieu.

Ce qui a été le plus choquant pour moi c’est de voir que je me tenais au même endroit exactement deux minutes avant l’impact.

Une citation de Joe Velaidum

Je ne me plante jamais à cet endroit précis normalement, mais ce jour-là, on attendait la visite plus tard d’un paysagiste et la laisse du chien traînait alors j’y étais pour tenter de déplacer la laisse, dit-il. Ça a failli me coûter la vie.

Enfin convaincu qu’il ne s’agit pas d’un problème de toiture et après une recherche sur Internet, le couple décide d’envoyer leur vidéo au système de signalement des météorites de l’Université de l’Alberta.

Baptisée Charlottetown

La missive s’est rendu jusqu’à Chris Herd, conservateur de la collection de météorites de l’Université de l’Alberta et professeur à la faculté des sciences de l’Université de l’Alberta

Quand j’ai ouvert mes courriels, je me suis dit :  »Bon sang, c’est quoi ça! », partage-t-il. Aucune autre chute de météorite n’a jamais été documentée de la sorte, avec le son en plus.

Quand Chris Herd réalise que la vidéo provenait de l’Île-du-Prince-Édouard, il communique immédiatement avec le couple, afin de savoir s’il existe des photos d’échantillons prélevées au sol. Il les reçoit peu de temps après.

C’est là que j’ai pu confirmer ce que je soupçonnais de la vidéo, qu’il s’agissait bel et bien d’une météorite.

Une citation de Chris Herd

Coup du hasard, Chris Herd et sa famille avaient depuis un an prévu des vacances familiales dans la plus petite province du Canada au mois d’août. Dix jours après l’impact de la météorite au domicile, l’expert se rend donc lui-même sur les lieux, accompagné de sa famille.

On a pris des photos et observé les échantillons qu’ils avaient collectés et on a pu en ramener une partie avec nous, dit-il.

Des fragments de météorites déposés dans un bol.

Des fragments de météorites collecté du sol le 2 août 2024 à Marshfield, Île-du-Prince-Édouard. Photo : Collection de météorites de l’Université de l’Alberta

La météorite a été identifiée comme étant une chondrite. Il s’agit du type de météorite le plus commun, qui provient de petits astéroïdes.

Au total, 95 grammes de débris ont été collectés après sa chute. C’est probablement la grosseur de la moitié d’un poing, dit Chris Herd.

Le professeur souhaite continuer ses recherches afin de découvrir qu’elle était la grosseur de la roche avant de se fracasser. Je crois que cette roche était tout simplement très petite et qu’il n’existe aucun autre morceau, avance-t-il.

Un ruban à mesurer à côté d'une marque blanche sur le sol.

La marque de 2 cm où l’impact a eu lieu. Photo : Gracieuseté : Laura Kelly

L’équipe de Chris Herd s’est aussi chargée de la soumission officielle pour nommer la météorite. Bien que découverte à Marshfield, elle a été baptisée Charlottetown.

Marshfield était le nom envisagé, mais il y en a déjà une qui est tombée dans une ville qui porte le même nom aux États-Unis […] Il nous fallait un nom unique, explique Chris Herd.

Une première

Chris Herd avance qu’il s’agit de la première fois qu’un événement de ce genre est répertorié dans les provinces de l’Atlantique.

L’astrophysicien et professeur du département de physique et d’astronomie de l’Université de Moncton Francis LeBlanc confirme ses dires. Il y a beaucoup de météorites qui tombent sur la Terre, mais souvent c’est dans l’océan ou loin des populations. Donc, c’est plutôt rare qu’il y ait des météorites qu’on voit tomber, dit-t-il.

On est plus habitué de voir des boule de feu dans le ciel la nuit et même là, c’est rare. Alors d’avoir un incident qui se passe en plein jour et de le capter sur caméra, c’est extrêmement rare.

Une citation de Chris Herd

C’est la combinaison de la vidéo et du son [qui rend l’événement unique], poursuit Chris Herd. Le son est vraiment remarquable. C’est comme un éclatement de glace.

Le scientifique s’est d’ailleurs demandé pourquoi cette chondrite avait éclaté au sol. Dans d’autres cas, c’est arrivé qu’elles ont défoncé un toit et sont pourtant restées intactes, dit-il.

Son hypothèse est que la météorite était déjà fracturée avant d’arriver sur la surface de la terre. Elle tenait à peine au moment où elle a traversé l’atmosphère et heurté leur allée de maison, dit-il.

Cinq fragments de météorites déposés sur une table.

Des fragments de météorites. Dans la collection de météorites de l’université de l’Alberta, plus grande collection au pays, les fragments de Charlottetown sont maintenant les seuls provenant des provinces de l’Atlantique. Photo : Collection de météorites de l’Université de l’Alberta

De son côté, Joe Velaidum n’est pas près d’oublier ce qui s’est passé dans sa cour le 25 juillet 2024.

Cette chose a voyagé des millions et des millions de kilomètres et est si vieille qu’on ne peut même pas estimer son âge. Elle est entrée dans l’atmosphère d’une petite planète que nous appelons la Terre, pour ensuite venir sur notre petite île […] puis sur le pas de notre porte, là où je me tenais exactement, quelques minutes auparavant. Pour moi, c’est ça le truc le plus surprenant, s’émerveille Joe Velaidum.

Le couple a gardé quelques fragments de la météorite en souvenir et ont fait don des autres à l’Université de l’Alberta. Ils serviront à la recherche et à l’enseignement.

LA UNE : La poussière laissée au sol après que les débris de la météorite ont été collectés une première fois. Photo : Gracieuseté : Laura Kelly