L’intelligence artificielle pourrait permettre de mieux évaluer et cibler les stocks de poissons et de fruits de mer, tout en augmentant la rentabilité des entreprises.
Le centre de recherche rimouskois CIDCO est venu présenter ses dernières avancées technologiques aux acteurs du monde des pêches qui participent au 46e Congrès de l’AQIP à Québec.
Ce drone est équipé de caméras à la fine pointe de la technologie qui peuvent prendre des photos en haute définition. Il a permis, par exemple, de répertorier 6000 oursins en seulement trois minutes.
Il a été développé par la jeune pousse du CIDCO, Ocean Riot, après des investissements de deux millions de dollars depuis 2017.

Le directeur en recherche et développement des technologies de l’information au CIDCO, Guillaume Morissette, croit que les pêches peuvent profiter des avancées technologiques de l’intelligence artificielle, dont le Québec est pionnier. Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Le drone permet ainsi de cibler plus précisément les zones qui sont exploitables et rentables commercialement, tout en protégeant les stocks pour une meilleure conservation et pérennité de la ressource.
Dans les études qu’on a menées avec Pêches et Océans Canada, on est capable de réduire les surfaces de prospection marine de près de 85 % en ciblant les zones où on a des espèces commercialement viables. Une autre chose intéressante que la technologie nous permet de faire, c’est de cibler les zones où on a des pouponnières ou des spécimens juvéniles.
L’intelligence artificielle permettrait aussi aux scientifiques de Pêches et Océans Canada de mieux répertorier les stocks de poissons et de fruits de mer afin d’en évaluer plus précisément la croissance et l’état de santé.
On se rend compte qu’on est capable d’avoir des résultats extrêmement prometteurs avec l’intelligence artificielle et la pêche ne fait pas exception, donc ce qui était un processus manuel auparavant avec des biologistes qui encerclaient à la main des spécimens sur des photos pendant des mois, maintenant on peut faire ça quelques minutes : l’intelligence artificielle devient un multiplicateur de force
, ajoute M. Morissette.

Exemple de photographie de fond marin captée par le sous-marin conçu par Ocean Riot. Photo : gracieuseté d’Ocean Riot
Avec la couleur de la carapace des crabes des neiges, les chercheurs pourraient, par exemple, évaluer leur niveau de maturité, sans avoir à les pêcher pour le déterminer.
De l’intérêt dans l’industrie des pêches
Mais le drone sous-marin a certaines limites : il plonge à des profondeurs maximales de 100 mètres.
Il pourrait donc être davantage utile à des pêcheurs côtiers de concombres de mer, d’oursins ou de pétoncles, par exemple.
L’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie (ACPG) s’intéresse à l’intelligence artificielle pour permettre justement aux pêcheurs côtiers de concombres de mer ou de pétoncles de diminuer leur empreinte écologique sur les fonds marins.
L’intention de nos projets de recherche, c’est d’en arriver, à terme, à avoir un ensemble d’activités de pêche qui va avoir un impact minimal sur le fond marin afin de permettre une régénération de l’habitat, alors si on pouvait en arriver à éliminer certains types d’équipement comme la drague, on serait fiers de notre coup.

Le directeur général de l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie, Claudio Bernatchez, explique que l’organisme travaille actuellement sur deux projets convoquant l’intelligence artificielle. Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
M. Bernatchez va plus loin. Certaines pêches comme celle aux concombres de mer peuvent se faire avec des plongeurs pour diminuer l’impact sur les fonds, mais il y a un risque. Alors il rêve d’un robot qui permettrait de pêcher sans répercussions pour le fond marin.
Dans bien d’autres industries, ça se fait. Dans la fabrication de voitures, il y a des robots soudeurs, alors les robots sont là, sont présents et sont de plus en plus rapides. Les coûts diminuent à mesure que ça se développe, donc on croit qu’on va y arriver dans un avenir pas si lointain
, conclut Claudio Bernatchez.
D’ici là, le CIDCO espère que les pêcheurs seront au rendez-vous pour bonifier la récolte de données avec son drone sous-marin, puisque l’efficacité de l’appareil dépend de la quantité d’images récoltées afin de permettre à l’intelligence artificielle de reconnaître plus précisément un crustacé donné ou un poisson.
LA UNE : Le sous-marin mis au point par l’équipe de l’entreprise émergente Ocean Riot permet de prendre des photos en haute résolution des fonds marins. Photo : gracieuseté d’Ocean Riot
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