Tarifs brandis par Trump : le Canada et le Mexique peuvent souffler pour le moment

Publicité

Articles similaires

Depuis 150 saisons, le cœur des Îles bat au rythme du homard

Sur les quais de Cap-aux-Meules, de Grande-Entrée ou de...

La décroissance de la population de sébaste se poursuit

Les sébastes se font de moins en moins nombreux...

Le salaire minimum passe à 16,10$/h au Québec

Le salaire minimum augmentera de 0,35$/h au Québec, dès le...

Violentes rafales sur la Gaspésie et les Îles

Selon Environnement Canada, les vents violents pourraient emporter les...

Le réveil / Île-du-Prince-Édouard : Un 9e album Capitaine Acadie à saveur insulaire

  Une invasion de patates zombies contrôlées par des extraterrestres...

Le Canada et le Mexique peuvent tous deux pousser un soupir de soulagement, du moins jusqu’en mars : les tarifs douaniers que menaçait d’imposer le président Donald Trump sont reportés d’un mois.

Après le Mexique en matinée, c’était au tour du Canada d’en arriver avec une entente avec le président américain, qui a renoncé à imposer des barrières tarifaires sur les produits que le pays exporte aux États-Unis, a annoncé le premier ministre canadien, Justin Trudeau, lundi après-midi.

Le Canada évite ainsi les tarifs douaniers de 10 % qui devaient frapper son secteur énergétique et ceux de 25 % qui devaient s’étendre aux autres produits canadiens qui traversent la frontière.

À l’issue de son deuxième entretien en quelques heures avec le nouveau locataire de la Maison-Blanche, Justin Trudeau s’est réjoui sur le réseau social X d’un appel productif avec le président Trump.

Le Canada met en œuvre notre plan frontalier de 1,3 milliard de dollars — on renforce la frontière avec de nouveaux hélicoptères, de nouvelles technologies, plus de personnel, une coordination accrue avec nos partenaires américains et plus de ressources pour lutter contre le trafic de fentanyl. Près de 10 000 agents sont et seront sur le terrain pour protéger notre frontière, a-t-il dit, reprenant les grandes lignes d’un plan visant à sécuriser la frontière et à satisfaire aux exigences de Donald Trump, déjà annoncé en décembre dernier.

Il a cependant annoncé de nouvelles mesures, dont la nomination d’un tsar responsable de la question du fentanyl, l’ajout des cartels mexicains à la liste des entités terroristes, la surveillance de la frontière 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et le lancement d’une force de frappe conjointe avec les États-Unis pour combattre le crime organisé, le trafic de fentanyl et le blanchiment d’argent.

Le premier ministre Justin Trudeau entouré de ses ministres Mélanie Joly (Affaires étrangères) et Dominic LeBlanc (Finances)

Le premier ministre Justin Trudeau s’est adressé aux médias à Ottawa, le 1er février 2025, après l’annonce par le président américain, Donald Trump, de tarifs douaniers de 25 % sur toutes les marchandises canadiennes exportées aux États-Unis. Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Le Canada a accepté de garantir la sécurité de notre frontière nord et de mettre enfin un terme au fléau mortel que représentent les drogues comme le Fentanyl qui se déversent dans notre pays, tuant des centaines de milliers d’Américains tout en détruisant leurs familles et leurs communautés dans l’ensemble du pays, a pour sa part déclaré Donald Trump sur son réseau Truth Social.

Selon les données du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, moins de 0,2 % du fentanyl saisi aux États-Unis venait du Canada pendant l’année fiscale 2024. La grande majorité des contrôles migratoires est en outre réalisée à la frontière sud.

Sur Truth Social, Donald Trump a insisté pour dire que la menace des tarifs douaniers n’était pas levée pour autant.

Les droits de douane annoncés samedi seront suspendus pendant une période de 30 jours, le temps de voir si un accord économique final avec le Canada peut être conclu.

Une citation de Donald Trump, président des États-Unis

Après l’issue positive annoncée pour le Mexique, en début de journée, des sources gouvernementales canadiennes n’affichaient pas un optimisme débordant avant la deuxième conversation entre les deux dirigeants.

En vertu d’un décret présidentiel promulgué samedi, les tarifs douaniers imposés par l’administration Trump devaient entrer en vigueur mardi, dès 00 h 01 (HNE).

Depuis des mois, le 47e président américain a brandi auprès des deux principaux partenaires économiques de son pays la menace de tarifs douaniers, malgré l’Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) qui unit les trois alliés économiques.

La déclaration de guerre économique de l’administration Trump contre ses voisins mexicain et canadien et contre Pékin avaient fait piquer du nez les grands indices boursiers nord-américains dès l’ouverture des marchés, qui ont toutefois rebondi à l’issue des développements de la journée.

« Il y a toujours cette épée […] au-dessus de nos têtes »

Les premiers ministres de plusieurs provinces canadiennes ont salué le report annoncé, tout en observant que la menace tarifaire n’avait pas disparu pour autant.

Ce qui est achalant avec M. Trump, c’est qu’il y a toujours cette épée qui est au-dessus de nos têtes et ce n’est pas bon en économie, a souligné le premier ministre du Québec François Legault en conférence de presse.

Tout comme son homologue de la Colombie-Britannique, David Eby, il a plaidé pour la diversification des partenaires économiques.

Les provinces ont en outre annoncé l’annulation des mesures de représailles qui avaient été annoncées.

Le premier ministre ontarien, Doug Ford, est par exemple revenu sur sa décision de déchirer l’entente provinciale avec le fournisseur Internet Starlink, fondé par Elon Musk, un allié de Donald Trump qui agit comme l’un de ses conseillers politiques.

Mexico lui aussi épargné, Pékin toujours dans le collimateur de Washington

Le président Trump et son homologue mexicaine, Claudia Sheinbaum, avaient séparément annoncé en être venus à une entente en début de journée. Le Mexique était lui aussi menacé par des tarifs douaniers de 25 %.

Au cours d’une conversation très amicale, [la présidente Sheinbaum] a accepté de fournir immédiatement 10 000 soldats mexicains à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, a indiqué Donald Trump sur Truth Social.

Ces soldats seront spécifiquement chargés d’arrêter le flux de fentanyl et d’immigrants illégaux dans notre pays. Nous avons également convenu de suspendre immédiatement les droits de douane prévus pendant une période d’un mois au cours de laquelle nous mènerons des négociations, a-t-il précisé.

La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum donne sa conférence de presse matinale quotidienne au Palais national à Mexico, le lundi 3 février 2025.

La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum donne sa conférence de presse matinale quotidienne au Palais national à Mexico, le lundi 3 février 2025. Photo : Associated Press / Marco Ugarte

Au cours d’une mêlée de presse au bureau ovale en après-midi, il a vanté sa relation avec son homologue mexicaine, insistant sur l’entrée de drogue et d’immigrants en situation irrégulière en territoire américain.

Ces deux enjeux ont fait l’objet d’un des premiers décrets promulgués par Donald Trump, qui a proclamé, le 20 janvier, jour de son investiture, l’état d’urgence à la frontière sud.

Nous avons eu une excellente discussion avec le Mexique, et nous avons eu – la présidente Sheinbaum est une femme. Je l’apprécie beaucoup – nous avons de bonnes relations, mais nous devons empêcher le fentanyl d’entrer, que j’aime quelqu’un ou non, et nous devons empêcher les « étrangers illégaux » d’entrer.

Une citation de Donald Trump, président américain

La présidente mexicaine avait annoncé un peu plus tôt qu’une entente conclue avec son homologue américain avait permis à son pays d’obtenir un sursis.

Dans un message publié sur le réseau social X, elle a indiqué que les États-Unis avaient de leur côté accepté d’adopter des mesures visant à empêcher l’entrée d’armes à feu en territoire mexicain. Il s’agit d’une bonne entente, a-t-elle dit au cours d’une conférence de presse, selon le New York Times.

Il y a une relation de respect et d’égal à égal, ce qui est important, a-t-elle ajouté, citée par le média new-yorkais. Elle a spécifié que l’entretien avait duré 45 minutes.

Par ailleurs, les tarifs douaniers annoncés par Donald Trump à l’endroit de la Chine demeurent à l’ordre du jour.

Au cours de sa mêlée de presse en après-midi, il a précisé qu’il aurait une discussion avec le président chinois, Xi Jinping, probablement dans les prochaines 24 heures.

La Chine s’est pour sa part s’est vu menacée de droits douaniers de 10 % venant s’ajouter aux tarifs déjà en place.

L’incertitude planait

Après l’annonce concernant le Mexique, l’entrée en vigueur des tarifs douaniers que comptaient imposer les États-Unis au Canada était toujours prévue, malgré une discussion en matinée entre le premier ministre Trudeau et Donald Trump.

Des militaires embarquent à bord d'un hélicoptère Black Hawk de la GRC.

Un hélicoptère Black Hawk de la GRC utilisé dans le cadre d’un effort visant à renforcer la capacité de surveillance de la frontière canado-américaine Photo : Gracieuseté : GRC / Serge Gouin

Nous verrons ce qui arrivera, avait laissé tomber ce dernier au cours d’une mêlée de presse dans le bureau ovale, avant de reparler au premier ministre Trudeau.

Il avait par ailleurs avancé un nouveau motif pour imposer des tarifs : l’accès des banques américaines au marché canadien, un argument invoqué sur son réseau Truth Social plus tôt dans la journée.

Vous savez, nous ne sommes pas bien traités par le Canada, et nous devons être bien traités. Les banques ne sont pas – par exemple, saviez-vous que les banques américaines ne sont pas autorisées à faire des affaires au Canada?

Une citation de Donald Trump, président des États-Unis

Interrogé sur ce que pourrait proposer Justin Trudeau pour éviter les droits de douane, il a répondu qu’il l’ignorait. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Nous avons de gros déficits avec le Canada, comme avec tous les pays, avait laissé tomber le chef d’État américain, qui martèle depuis des mois que les autres pays profitent des États-Unis.

Je regarde certaines des ententes [négociées avec les autres pays] et je dis : « voulez-vous bien me dire qui a conclu ces ententes », avait-il ajouté.

Fait à noter, l’Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique, entré en vigueur en 2020 a pourtant été négocié à sa demande au cours de son premier mandat pour remplacer l’ALENA.

À une journaliste qui revenait à la charge pour savoir comment Justin Trudeau pourrait le faire changer d’avis, Donald Trump a réitéré une fois de plus l’idée de voir le Canada renoncer à sa souveraineté. Ce que j’aimerais, c’est que le Canada devienne notre 51e État, a-t-il déclaré, faisant notamment écho aux propos qu’il a tenus il y a deux semaines devant le Forum économique mondial de Davos, en Suisse.

Nous leur offrons une protection – une protection militaire, a-t-il ajouté.

Il a également répété que les États-Unis n’avaient pas besoin du Canada pour la fabrication d’automobiles, pour son approvisionnement en bois d’œuvre ou pour les ressources énergétiques. Nous n’avons besoin d’eux pour rien, a-t-il tranché.

Étrangement, il n’a pas évoqué le fentanyl ou l’immigration clandestine pendant sa mêlée de presse.

Ce sont pourtant ces motifs qu’il a soulevés dans son plus récent décret pour étendre [à la frontière nord] la portée de l’urgence nationaledéjà déclarée dans un précédent décret sur la frontière sud, le jour de son investiture.

Cependant, Donald Trump a aussi déjà montré du doigt, notamment jeudi dernier, le déficit commercial qu’accusent les États-Unis face à ses deux principaux partenaires commerciaux. Il associe, à tort, ce déficit à une forme d’aide gouvernementale que verseraient les États-Unis à ses plus proches voisins.

LA UNE : En signant de nouveaux décrets, lundi matin, Donald Trump n’avait donné aucun signe faisant croire qu’une entente était à portée de main avec Ottawa. Photo : Associated Press / Evan Vucci