Les phoques, victimes du manque de glace

Publicité

Articles similaires

Téléjournal : 150e saison de pêche au homard dans l’archipel

Les quais des îles de la Madeleine fourmillent d'activité...

La Coopérative des pêcheurs des Îles prête pour la 150ème mise à l’eau

Les quais des îles de la Madeleine fourmillent d'activités...

Depuis 150 saisons, le cœur des Îles bat au rythme du homard

Sur les quais de Cap-aux-Meules, de Grande-Entrée ou de...

La décroissance de la population de sébaste se poursuit

Les sébastes se font de moins en moins nombreux...

Le salaire minimum passe à 16,10$/h au Québec

Le salaire minimum augmentera de 0,35$/h au Québec, dès le...

Les espèces du mammifère marin présentes dans le Golfe du Saint-Laurent souffrent du manque chronique de glace hivernale. Les phoques gris et communs ont réussi à s’adapter, mais la survie du phoque du Groenland et du phoque à capuchon est en jeu.

«Le manque de glace et sa mauvaise qualité ont des conséquences sévères sur les phoques du Groenland. Ils sont clairement menacés», alerte la directrice des Campagnes canadiennes pour la protection de la nature de l’International Fund for Animal Welfare, Sheryl Fink.

La banquise du Golfe du Saint-Laurent est en effet essentielle à la reproduction de l’espèce. Le mammifère, présent dans la zone approximativement de novembre à mai, a besoin d’une glace solide qui dure assez longtemps pour donner naissance à ses petits et les allaiter plusieurs semaines.

«Sans ça, les bébés se noient, sont abandonnés ou se font écraser par des morceaux de banquise en perdition», affirme le chercheur émérite à Pêches et Océans Canada, spécialiste des mammifères marins, Mike Hammill.

Or, depuis 2010, les années sans glace ou presque se sont multipliées. L’an dernier, moins de 10% du Golfe était englacé, un triste record historique.

Des phoques du Groenland sont sur de la glace de mauvaise qualité. (Photo : Gracieuseté)

Migrer toujours plus au nord
Résultat, le taux de mortalité des blanchons augmente et la population est en fort déclin. Selon des estimations de Pêches et Océans Canada de 2023, le nombre d’individus est passé de 7,6 millions à 4,7 millions, soit une diminution d’environ 40 %.

«Il y a quinze ans, il y avait 200 000 nouveau-nés chaque année autour des Îles-de-la-Madeleine, aujourd’hui il n’y en a plus que 20 000», précise Mike Hammill.
Les phoques du Groenland sont contraints de se déplacer plus au nord, vers la côte Nord-Ouest de Terre-Neuve, pour assurer leur mise bas. Mais là-bas aussi, «la glace se fait de plus en plus rare et fine», observe Sheryl Fink.

En quête de banquise, les mammifères sont alors obligés de migrer toujours plus au nord, le long des côtes du Labrador, ajoute Mike Hammill.

Les populations de phoque à capuchon du Golfe, dont le sort est intimement lié à la glace hivernale, diminuent également. «Mais nous avons beaucoup moins d’informations sur le sujet», indique Mike Hammill.

Deux autres espèces sontprésentes à l’année dans le Golfe : il s’agit du phoque commun et du phoque gris. Mais les deux sont capables de donner naissance sur la terre ferme.
Mike Hammill a observé un changement de comportement radical de ces mammifères marins : «Au début des années 1990, 99% des phoques gris et commun donnaient naissance sur la glace, aujourd’hui, c’est moins de 1%.»

L’Île de Pictou, un lieu de naissance
Au fil des années, les phoques ont colonisé de nouvelles îles, surtout dans le sud du Golfe, pour mettre au monde leurs blanchons.

«On les voit plus souvent, mais ce n’est pas le signe d’une surpopulation, c’est le signe qu’il y a moins de glace dans la région», souligne Sheryl Fink.

Des phoques gris sont en train de mettre bas sur la terre ferme. (Photo : Gracieuseté)

«Ils choisissent des plages isolées, éloignées du monde, l’Île de Pictou à côté de l’Île-du-Prince-Édouard est par exemple une place très importante», poursuit Mike Hammill.
Certains scientifiques avancent l’hypothèse que le niveau de mortalité des petits serait plus élevé lorsque les mises bas ont lieu sur des plages.

«Il pourrait y avoir plus d’échange de maladies entre les individus, car la promiscuité est plus grande sur la plage que sur banquise où il y a plus d’espace, explique Mike Hammill. De jeunes animaux pourraient aussi se faire plus facilement écraser.»

Sheryl Fink s’inquiète pour l’avenir des phoques du Groenland dont la survie est liée à la présence de glace hivernale dans le Golfe du Saint-Laurent. (Photo : Gracieuseté)

Les populations de phoques gris et communs demeurent néanmoins «stables», d’après Sheryl Fink : «Les implications sont moins graves, mais il faut rester vigilants. Tout l’écosystème du Golfe est bouleversé par le réchauffement climatique.»

Mike Hammill a observé un total changement de comportement chez les phoques gris et communs. Alors que la quasi-totalité donnait naissance sur la glace il y a 35 ans, aujourd’hui, ils mettent presque tous bas sur la terre ferme. (Photo : Gracieuseté)

LA UNE : Un phoque du Groenland est sur de la bonne glace avec son blanchon. (Photo : Gracieuseté)
PAR Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne