Des médias canadiens francophones lancent un appel à soutenir les médias locaux de langue française. La campagne Soutenir nos médias, c’est protéger notre culture et notre économie est une riposte à la menace de tarifs douaniers de l’administration Trump.
Dans une lettre ouverte rendue publique cette semaine, 38 signataires issus de médias locaux invitent les Canadiens à prioriser les médias canadiens.
Face à la menace de guerre commerciale qui nous a été imposée depuis quelques semaines, il y a plusieurs secteurs d’activités qui mettent en place des stratégies de riposte, et les médias en font partie
, affirme Francis Sonier, éditeur et directeur général d’Acadie Nouvelle ainsi que signataire de la lettre ouverte.
La campagne a initialement été lancée par les médias Noovo, Radio-Canada et Télé-Québec. Rapidement, les autres médias ont embarqué dans l’initiative
, dit Francis Sonier.
Selon lui, la campagne permet de prendre la balle au bond
dans un contexte hors du commun depuis quelques semaines en Amérique du Nord
pour mettre en valeur ce que l’on a au pays
.
Du canadien, pas juste à l’épicerie
Francis Sonier remarque que le public est actuellement bel et bien sensibilisé aux répercussions possibles des tarifs douaniers que souhaite imposer le président américain.
La population, de façon générale, est très préoccupée par ce qui se passe. Que ce soit à l’épicerie ou pour acheter d’autres produits, on sent qu’il y a une réaction
, avance-t-il.
Or, la mobilisation canadienne ne se limite pas aux produits choisis à l’épicerie. Bien qu’il existe énormément de plateformes américaines où les Canadiens peuvent accéder à du contenu média, Francis Sonier rappelle qu’il y a aussi des choix canadiens et des choix locaux pour s’informer et se divertir.
La politique est partout. Se tourner vers les médias canadiens est plus important que jamais dans le contexte actuel
, résume-t-il. C’est un phénomène qui dépasse largement nos communautés, c’est nord-américain. Maintenant, les médias locaux interprètent ce qui se passe avec les yeux des gens d’ici. C’est pour ça que c’est important.
Publicités et géants du web
En plus de la possible menace de tarifs de Trump, les médias locaux canadiens sont toujours aux prises avec un autre problème de taille : les géants du web américain.
On sent que les géants du web, qui sont tous Américains, ne sont pas prêts à accorder une grande place et un grand appui aux Canadiens. C’est très particulier comme contexte
, estime Francis Sonier.
De son côté, le gouvernement canadien a choisi de mettre fin, en janvier, à son boycottage d’achat de publicité sur les plateformes des géants du web.
Ottawa aurait acheté plus de 270 000 dollars de publicité sur les plateformes de Meta en moins d’un mois en 2025, comme le rapporte Francopresse.
En 2024, Facebook a généré plus de 100 milliards de dollars en revenus publicitaires. PHOTO : AFP VIA GETTY IMAGES / OLIVIER DOULIERY
Une décision que Francis Sonier ne comprend pas, dans le contexte où Meta refuse encore, à ce jour, de donner des fonds aux médias par lesquels les contenus génèrent des revenus.
C’est une contradiction de type olympique d’un gouvernement qui, depuis un an et demi, refusait de mettre de la publicité sur les médias sociaux, dont Facebook, a mis 275 000 $ en publicité pour différents services et produits
, avance-t-il.
C’est un peu difficile à comprendre pour des médias locaux, régionaux, tous les médias en fait, qui feraient des miracles avec un quart de millions de dollars.
Par ailleurs, la publicité numérique qu’achètent les commerçants canadiens sur les plateformes américaines comme Google ou Facebook est également admise en déduction d’impôt au Canada.
C’est une contradiction
, déplore une fois de plus Francis Sonier, qui croit que seules les publicités des plateformes et médias numériques canadiens devraient normalement bénéficier d’une déduction d’impôt et servir d’incitatif à l’achat.
Dans tous les cas, il est plus qu’important pour les commerçants canadiens d’appuyer leurs médias locaux, selon Francis Sonier. Ce sont ces médias qui font vivre vos communautés, et vos voisins et voisines qui travaillent dans ces médias-là, également
, dit-il.
En plus d’« Acadie-Nouvelle » qui a publié jeudi une lettre ouverte de 38 signataires, d’autres médias au pays se sont ajoutés au mouvement et diffusent le message de ralliement de la campagne, souligne Francis Sonier.
LA UNE : En plus d’« Acadie-Nouvelle », qui a publié jeudi une lettre de 38 signataires, d’autres médias au pays se sont ajoutés au mouvement et diffusent le message de ralliement de la campagne « Soutenir nos médias, c’est protéger notre culture et notre économie ». PHOTO : GETTY IMAGES / DANIEL TADEVOSYAN
PAR vec des renseignements de l’émission L’heure de pointe – Acadie
