Tarifs américains : un « désastre » selon l’industrie des pêches

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L’imposition des tarifs douaniers américains de 25 % crée des vagues en Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine où on appréhende des impacts négatifs pour tous les acteurs de la filière des pêches.

L’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) considère que l’imposition des tarifs douaniers américains de 25 % est désastreuse .

Ce n’est pas une bonne nouvelle, tout le monde en convient, lance le directeur de l’AQIP, Jean-Paul Gagné.

M. Gagné estime que la situation sera particulièrement difficile pour le crabe des neiges, dont plus de 80 % des débarquements québécois sont exportés aux États-Unis.

Dans le cas du homard, c’est moins critique que pour le crabe des neiges, explique-t-il, en précisant que le marché québécois du homard est très fort.

L’AQIP espère que cette mesure tarifaire sera de courte durée, car elle appréhende des impacts financiers considérables, autant pour les pêcheurs que pour les industriels.

Il va y avoir une différence à absorber de notre côté, sur les tarifs de 25 %, parce que, les nouvelles qu’on a, c’est que les acheteurs américains ne veulent pas absorber cette augmentation-là, indique M. Gagné.

Des pêcheurs de homard au quai de l'Étang-du-Nord, lors de la dernière journée de pêche.

En 2024, 10,5 % du homard pêché aux îles de la Madeleine a été exporté aux États-Unis, selon l’AQIP. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

L’AQIP plaide déjà pour un partage équitable des pertes financières engendrées par cette barrière tarifaire.

Ce n’est pas une question de renvoyer 100 % de la facture aux pêcheurs ou 100 % aux industriels. Il va falloir se parler sérieusement, croit Jean-Paul Gagné. On va être obligés de traverser cette période-là ensemble et partager le risque ensemble. Ça ne peut pas être juste une des parties qui paie.

Selon l’Institut de recherche en économie contemporaine, entre 2008 et 2018, ce sont en moyenne 62 % des produits de la mer du Québec qui étaient exportés vers les marchés internationaux.

En 2019, 81 % des 427 millions de dollars de produits marins exportés par le Québec ont pris la route des États-Unis.

L’Office des pêcheurs de homards des Îles-de-la-Madeleine, qui représente les 325 homardiers de l’archipel, appréhende un baisse importante des prix versés aux pêcheurs.

Malgré la volonté de l’AQIP, le président de l’Office, Rolland Turbide, craint que ce soit davantage les pêcheurs qui paient le prix des tarifs, au moment où certains peinent déjà à rentabliser leurs sorties en mer.

D’habitude, c’est tout le temps le pêcheur qui écope. C’est lui qui va chercher le produit, mais c’est lui qui est payé en dernier.

Une citation de Rolland Turbide, président de l’Office des pêcheurs de homards des Îles-de-la-Madeleine

GÎMXPORT, un organisme de promotion des exportations pour la région Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, s’inquiète aussi des conséquences des tarifs douaniers américains pour les entreprises de la région.

Pour la région Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, le marché d’exportation numéro un, c’est vraiment les États-Unis, que ce soit la pêche, l’éolien et le bois d’œuvre, lance le directeur Gino Cyr.

M. Cyr, également maire de Grande-Rivière, se dit particulièrement inquiet pour les pêcheurs de crabe qui sont nombreux dans sa municipalité et celle de Sainte-Thérèse-de-Gaspé.

Peut-être que le consommateur [américain] va être prêt à payer une partie du coût supplémentaire, mais la majeure partie, ce sont les pêcheurs qui vont devoir l’absorber, estime M. Cyr.

M. Cyr croit que la faiblesse actuelle du dollar américain ne sera pas suffisante pour contrecarrer les impacts des tarifs sur l’industrie.

Travailleurs de l'usine de transformation du crabe des neiges

E. Gagnon et Fils exporte environ 80 % de son crabe des neiges vers les États-Unis. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA

Chez E. Gagnon et Fils, une entreprise de Sainte-Thérèse-de-Gaspé qui emploie près de 550 personnes dans ses différentes usines gaspésiennes, l’incertitude se fait sentir.

On ne sait pas trop encore comment ça va fonctionner, qui va payer le tarif à qui? Le producteur, l’importateur, le client?, questionne le vice-président Bill Sheehan.

C’est certain que des tarifs de 25 %, ça change la donne du côté des transactions vers les États-Unis.

Une citation de Bill Sheehan, vice-président d’E. Gagnon et Fils

Appel à la diversification des marchés

Autant GÎMXPORT que l’Association québécoise de l’industrie de la pêche appellent à la diversification des marchés d’exportation des produits régionaux.

À partir d’aujourd’hui, il faut mettre en place des actions à long terme qui vont apporter de la diversification et maintenir des marchés payants, croit Gino Cyr.

Gino Cyr en veston sur une plage.

 

Jean-Paul Gagné abonde en ce sens en soulignant que l’AQIP participera bientôt à un salon de commercialisation à Barcelone.

Mais ça ne se fait pas du jour au lendemain, admet M. Gagné. Notre gros marché, ce sont les États-Unis.

GÎMXPORT réclame aussi que les deux paliers de gouvernement mettent en place des programmes adaptés pour soutenir les entreprises régionales touchées par les mesures tarifaires américaines.

LA UNE : Le secteur du crabe des neiges, déjà ébranlé par des baisses importantes de quota, risque d’être touché durement par les tarifs douaniers. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / RÉAL FRADETTE