Pêche au homard : les tarifs américains retiennent l’attention aux Îles

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La rencontre du comité consultatif du homard de la zone 22, mercredi aux Îles-de-la-Madeleine, a été l’occasion de faire le point sur les perspectives commerciales dans le contexte de la guerre économique avec les États-Unis, et de fixer les dates d’ouverture des prochaines saisons.

Oui, les tarifs auront un impact sur le prix du homard et donc probablement sur votre revenu également, a résumé l’analyste économique de Pêches et Océans Canada, Audon Honvoh, devant le comité consultatif qui regroupe les pêcheurs et les industriels madelinots.

Le ministère fédéral appréhende une réduction des prix aux débarquements, sans toutefois avancer de chiffres. L’analyste a tout de même cité une donnée du Seafoodnews, un service d’actualités sur l’industrie des produits marins, selon laquelle les exportateurs canadiens de homard vers les États-Unis pourraient perdre 225 millions de dollars.

Si on met des tarifs de 25 %, il peut y avoir un refus probable des acheteurs américains d’absorber cette hausse-là, a expliqué M. Honvoh. Ça force les producteurs canadiens à baisser les prix pour écouler le produit sur le marché, ce qui signifie une baisse du prix du homard au débarquement, surtout en raison de la perte du marché américain.

Des bateaux alignés au quai de LÉtang-du-Nord.

Les 325 homardiers de l’archipel débarquent 50 % du homard pêché au Québec. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

La présomption, c’est qu’il va y avoir un impact, renchérit le directeur du secteur des Îles-de-la-Madeleine pour Pêches et Océans Canada, Cédric Arseneau. On sait que le marché n’aura pas le choix de s’ajuster à ça, mais on n’a pas les outils prévisionnels qui nous permettent de chiffrer localement ce que ça pourrait avoir comme impact.

L’analyste économique de Pêches et Océans Canada ne croit pas que la situation ne sera pas catastrophique, car les tarifs seront contrebalancés par la faiblesse du dollar et les débarquements de homard en baisse depuis quelques années chez nos voisins.

Exportations aux États-Unis et en Chine

Selon les chiffres préliminaires présentés par Pêches et Océans Canada lors du comité consultatif, 65 % de tout le homard canadien exporté à l’international a pris la route des États-Unis, pour une valeur de 1,9 milliard de dollars.

Un tableau démontre les exportations canadiennes de homard par pays.

Les États-Unis demeurent le principal pays d’exportation pour le homard canadien, mais la Chine a gagné du terrain dans la dernière décennie. Photo : Pêches et Océans Canada

L’analyste économique de Pêches et Océans Canada a souligné que les exportations canadiennes de homard vivant ont été plus légèrement plus importantes en Chine qu’aux États-Unis en 2024, ce qui était loin d’être le cas il y a dix ans.

Un tableau montre les exportations de homard vivant et transformé dans différents pays.

En 2024, la Chine et les États-Unis ont chacun reçu 42 % des exportations de homards vivants du Canada. Les Américains demeurent toutefois les plus grands acheteurs de homard transformé. Photo : Pêches et Océans Canada

La directrice de la Coopérative Cap Dauphin aux Îles-de-la-Madeleine, Ruth Taker, confirme qu’elle vend du homard vivant en Asie et que celui-ci peut être conservé durant plusieurs mois sur les marchés asiatiques.

Il y a du monde qui mette le homard dans des tubes, dans l’eau froide, durant l’hiver et ça se garde jusqu’à la prochaine année, a indiqué Mme Taker. Ça peut aller en Corée, en Chine, et ça se conserve jusqu’au Nouvel An chinois en janvier.

Surtout pour le homard vivant, le marché chinois commence à bien se développer. La Chine, qui était un petit joueur au début, est devenue un grand joueur.

Une citation de Audon Honvoh, analyste économique de Pêches et Océans Canada

Par ailleurs, bien que les chiffres régionaux de Pêches et Océans laissent entendre que 82 % du homard madelinot est vendu au Canada, les industriels membres du comité consultatif ont précisé qu’ils livrent d’importantes quantités à des intermédiaires canadiens qui revendent ensuite le crustacé vers les États-Unis, ce qui brouille les statistiques. Après le premier acheteur, on ne sait plus ce qui se passe avec ces produits-là, ils peuvent aller n’importe où dans le monde, témoigne Ruth Taker, directrice générale de la Coopérative du Cap Dauphin.

Il ne faudrait pas se baser sur le chiffre de 82 % de vente de homard des Îles au Canada pour dire qu’on est isolé du marché américain, met toutefois en garde Cédric Arseneau.

Ouverture de pêche plus hâtive

La saison de pêche au homard s’ouvrira le 3 mai 2025 aux Îles-de-la-Madeleine.

Pêches et Océans Canada a aussi fait part de son intention de lancer la saison de pêche de façon plus hâtive en 2026 et 2027, en fixant l’ouverture au premier samedi de mai.

La saison s’ouvrira donc le 2 mai en 2026 et le 1er mai en 2027, si les conditions météo le permettent.

Jusqu’à maintenant, le protocole en place prévoyait la date de lancement de la saison au samedi le plus rapproché du 10 mai, sans toutefois dépasser cette date.

Dans les dernières années, le Regroupement des pêcheurs et pêcheurs des côtes des Îles a plaidé pour une ouverture plus hâtive de la saison, en se basant sur des données scientifiques.

La suggestion de Pêches et Océans Canada a fait l’objet d’un consensus au sein des pêcheurs membres du comité consultatif.

C’est une entente qui semble faire une belle unanimité autour de la table, se réjouit le directeur du secteur des Îles-de-la-Madeleine de Pêches et Océans Canada, Cédric Arseneau.

Un pêcheur regarde un feu d'artifice. Il a la main posé sur un empilement de casiers à homards.

La date du début de la saison de pêche au homard est toujours très attendue aux Îles-de-de-la-Madeleine où des festivités se rattachent à la mise à l’eau des casiers. (Photo d’archives) Photo : Gracieuseté de Nigel Quinn

Après la saison 2027, le protocole de fixation d’ouverture de la saison sera revu. Le RPPCI espère que la date d’ouverture de la pêche puisse être fixée chaque année en fonction de paramètres scientifiques, comme la température de l’eau et le taux de protéine dans la chair du homard.

LA UNE : Le comité consultatif du homard de la zone 22 se rencontre tous les ans environ deux mois avant le début de la saison de pêche afin de discuter de différents enjeux. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

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