Les blanchons sont nombreux ces jours-ci autour des Îles, notamment sur les plages. La mise bas des phoques du Groenland n’a pas eu lieu autour de l’archipel depuis plusieurs années, ce qui suscite l’intérêt des Madelinots.
Plusieurs s’approchent des bêtes pour mieux les observer, ce qui n’est pas sans risque pour les humains et pour les animaux, rappelle Guy Thibault, agent principal de programme à Protection et conservation au ministère des Pêches et des Océans (MPO).
Le porte-parole du ministère rappelle que les blanchons sont vulnérables et dépendants de leur mère. Un dérangement peut les stresser et même compromettre leur survie.
Il est d’ailleurs illégal d’interagir avec ces mammifères marins et de les déranger, ce qui veut dire qu’il est interdit de les nourrir, de nager près d’eux ou de les toucher ou de les flatter. Des gens vont aussi essayer d’attirer la bête ailleurs,de provoquer un déplacement, ce qui est une autre manière de déranger l’animal, précise Guy Thibault.
Le ministère souligne qu’en mer, il est aussi interdit de coincer un mammifère marin entre deux bateaux ou un bateau et la berge, par exemple.
M. Thibault précise qu’il n’y a pas de distance d’approche à respecter comme c’est le cas entre autres lors de l’observation de baleines. Par contre, il faut toujours garder en tête que si on s’approche d’un mammifère marin sauvage, évidemment on peut lui faire peur
, explique le porte-parole du ministère. C’est alors considéré comme du dérangement.
Surveillance des plages
Des agents des pêches sont présents depuis le début de la présence des blanchons à différents endroits de l’archipel. Des affiches signalant l’interdiction d’entrer en contact avec les animaux ont été installées, indique M. Thibault. Les agents vont continuer également à surveiller les gens, à faire de la sensibilisation et à réitérer qu’il est encore une fois interdit de les perturber.
Des amendes pouvant aller jusqu’à 100 000 $ pourraient être imposées au contrevenant dépendant de la gravité de l’infraction. Certains signalements ont été rapportés. On va les analyser au cas par cas et éventuellement ce sera aux agents des pêches de voir s’il y a lieu de d’émettre des infractions.
Une population en déclin
La dernière activité d’observation des blanchons remonte à 2020.
La présence de la mouvée de phoque autour de l’archipel madelinot était devenue tellement rare que le voyage touristique d’observation des blanchons sur la banquise a été annulé une année sur deux depuis 2010. L’automne dernier, l’organisation de l’activité et sa promotion internationale ont été abandonnées.
La glace est un habitat essentiel pour la reproduction du phoque du Groenland au Canada et avec le réchauffement du climat, la banquise qui sert de site de mise bas disparaît peu à peu chaque hiver.

Léonard Chevrier, qui a travaillé comme guide à l’observation des blanchons pendant 23 ans, explique que c’est la tempête des derniers jours qui a poussé les phoques et leurs rejetons sur les berges des Îles. La majorité, dit-il, est constituée de veaux perdus par leur mère. Ils ont dérivé, selon lui, vers les côtes des Îles en raison de la mauvaise qualité des glaces. Sur les plages, les petits, vulnérables, deviennent des proies pour des prédateurs comme les coyotes, ajoute M. Chevrier.
Chaque année, de 30 000 à 50 000 blanchons naissent dans le sud du golfe, mais la proportion a diminué au cours des années en raison de l’absence de glace. Le nombre de jeunes phoques relevés par les scientifiques du ministère des Pêches et des Océans en 2022 a été le plus faible en 30 ans.
La chasse des blanchons est interdite depuis 1987.
LA UNE : Cette année, de nombreux phoques et leurs petits sont observables sur les plages de l’archipel madelinot. Photo : Reuters / Paul Darrow