Tout porte à croire que les anciens équipements de Total Océan servant à la transformation du gras de loup-marin seront transportés hors des Îles-de-la-Madeleine d’ici la fin du mois de mars, avant d’être vendus à un éventuel repreneur.
Pour des raisons financières, l’actuel propriétaire, le centre collégial de transfert de technologie (CTTT) Écofaune boréale, a mis en vente le matériel industriel qui est actuellement en train d’être démantelé.
Bien qu’aucun acheteur n’ait encore mis la main sur les équipements, ceux-ci doivent être sortis du bâtiment de Havre-aux-Maisons où ils ont été installés, car l’entente de location se termine le 31 mars.
Six conteneurs et un camion semi-remorque seront nécessaires pour déménager tout le matériel. Les premiers conteneurs devraient arriver dans l’archipel cette semaine.
À moins qu’une vente rapide soit conclue rapidement, Écofaune boréale va rapatrier tout l’équipement à ses bureaux de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean.
Le directeur d’Écofaune boréale, Louis Gagné, indique que des acheteurs potentiels se sont déjà manifestés, sans toutefois vouloir les nommer pour des raisons de confidentialité.
Oui, il y a des gens qui lèvent la main, à notre grand bonheur, on travaille sur des options en ce moment, des options aux Îles et des options en dehors des Îles
, indique M. Gagné. La vente devra se faire dans les plus brefs délais.
Écofaune boréale a racheté les équipements de Total Océan après sa faillite, mais l’organisme du Lac-Saint-Jean a lui aussi fait face à des défis financiers.
Le CCTT se dit toutefois motivé à continuer à travailler avec un repreneur potentiel.
Notre rêve c’est de remettre en marche cet équipement-là dans une communauté côtière ou aux Îles
, indique M. Gagné. On espère pouvoir continuer à jouer notre rôle de partenaire de recherche et de développement dans la relance de cette filière-là.

Louis Gagné insiste sur le fait que ces équipements sont importants pour relancer l’industrie du phoque, mais qu’au-delà du gras du loup-marin, tous les autres sous-produits de l’animal doivent aussi avoir des débouchés commerciaux.
Il n’y aura pas de solution durable pour une relance de la filière du phoque sans avoir une vision complète de la valorisation des produits dérivés et des sous-produits
, indique le directeur d’Écofaune boréale.
Les efforts se poursuivent aux Îles
Malgré la possibilité imminente que les équipements sortent des Îles, un regroupement d’intervenants madelinots travaille toujours pour conserver les équipements
Le comité, qui s’était donné comme mission première de cibler un endroit potentiel pour relocaliser les imposants équipements, est parvenu à trouver un bâtiment.
On a trouvé un bâtiment avec un potentiel en termes de grandeur, de positionnement, et où la réglementation municipale pourrait concorder avec le type d’équipement
, indique le porte-parole du groupe et directeur de La Vague, Gino Thorne.
Toutefois, aucune entente de location ou de vente n’a encore été signée et les pourparlers sur les coûts d’occupation n’ont pas encore eu lieu.
M. Thorne explique que le comité s’affaire tout de même à former un groupe d’investisseurs qui souhaiterait racheter collectivement les équipements.
On est vraiment là pour essayer de créer un modèle pour faire en sorte que les gens soient portés à vouloir être investisseurs
, explique-t-il. On n’a pas eu de confirmation de personnes, mais quand même beaucoup de gens sont interpellés et intéressés par cette possibilité.
Beaucoup nous disent qu’il est important que les équipements soient conservés aux Îles et qu’ils ont un très fort potentiel.
Selon M. Thorne, l’idée d’avoir un modèle de propriété collective des équipements permettrait d’assurer leur maintien en territoire madelinot à plus long terme et faciliterait le partenariat avec des centres de recherche.
Bien qu’il soit conscient que d’autres acheteurs sont déjà en pourparlers avec Écofaune boréale et que les équipements risquent de quitter les Îles avant que les démarches du comité portent leurs fruits, Gino Thorne croit qu’il ne faut pas lancer la serviette.
On ne lâche pas prise, on continue de travailler fort pour trouver une solution
, dit-il. Comme on a déjà cet équipement qui est positionné ici, ça serait super intéressant pour le territoire de continuer à s’en servir et de développer des produits du loup-marin ou de la mer.

De son côté, le directeur d’Écofaune boréal, Louis Gagné, estime qu’une vente des équipements hors des Îles-de-la-Madeleine ne doit pas être vue comme une finalité.
Un éventuel départ des équipements des Îles ne signifie pas la fin de la relance de la filière du phoque
, croit-il.
Depuis 2016, il n’y a pas eu de production commerciale chez Total Océan, ce n’est pas un projet qui a eu un succès, les Îles ne perdent pas grand-chose si ce n’est qu’un potentiel, et un potentiel demeure un potentiel tant qu’il n’est pas réalisé.
Selon M. Gagné, la vente des équipements peut être une occasion de repenser à l’avenir de l’industrie.
Tout est à repenser, tout est à rebâtir, l’industrie du phoque est déjà mise à mal depuis plusieurs décennies
, conclut-il.
LA UNE : Le distillateur moléculaire a été conçu sur mesure en Chine pour Total Océan afin de transformer le gras de phoque en huile pharmaceutique (archives). Photo : Avec l’autorisation de Total Océan
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