Un nombre anormalement élevé de blanchons est observé depuis une semaine sur les plages de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine et plusieurs marcheurs les auraient approchés et touchés, même si c’est illégal.
En fait, c’est du jamais-vu depuis trois ans, selon le Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins.
La présence de ces phoques du Groenland n’est pas inhabituelle dans le secteur durant la mise bas qui se déroule de la fin février au début du mois de mars, indique la spécialiste des mammifères marins à l’Institut Maurice-Lamontagne Joanie Van de Walle.

Mais ces dernières années, on a de moins en moins de banquise au large, ce qui fait que les phoques du Groenland se rapprochent un peu plus de la côte, là où il y a de la glace de meilleure qualité, ce qui fait qu’on en observe plus
, explique la biologiste.
La présence de blanchons sur les plages les expose à la présence humaine qui a, comme conséquence, de faire fuir les femelles, dont la routine est de revenir allaiter et nourrir leurs rejetons. Une situaiton qui met en péril la survie des blanchons qui sont dépendants de leur mère durant au moins deux semaines après leur naissance.
Et ça vient avec toutes sortes d’enjeux parce qu’ils se retrouvent sur les plages où le public côtoie ces blanchons qui sont dans une période assez critique pour leur survie
, ajoute le directeur de l’unité de gestion et de conservation au Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) Patrick Weldon.
Le Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins souligne avoir reçu une cinquantaine de signalements au cours de la dernière semaine, dont une vingtaine pour des gestes jugés inacceptables et posés par des marcheurs à l’endroit de blanchons.

On a eu des rapports de gens qui les prennent dans leurs bras, qui les nourrissent, et même des témoignages d’enfants assis sur des blanchons.
Même s’il peut être tentant de s’en approcher et de les remettre à l’eau, ce geste ne ferait que nuire à leur croissance.
C’est une période qui est assez critique pour les blanchons parce qu’ils ont besoin d’accumuler beaucoup de réserves énergétiques pour leur permettre par la suite d’être indépendants et d’aller s’alimenter par eux-mêmes, une fois que leur mère est partie.
Sensibiliser avant de punir
De leur côté, les agents des pêches de Pêches et Océans Canada multiplient en ce moment les interventions sur les plages pour faire de la sensibilisation auprès des marcheurs, en rappelant qu’il est illégal de s’approcher, de toucher, de nourrir ou de déplacer un phoque, donc d’éloigner un blanchon de celle qui le nourrit.
Des constats d’infraction peuvent aussi être donnés advenant des cas probants de personnes ayant enfreint la loi et le règlement fédéral sur les mammifères marins.

Il y a plusieurs signalements qui nous ont été faits et ils seront traités au cas par cas, en vertu du règlement sur les mammifères marins
, explique Guy Thibault, agent principal de programme à la direction conservation et protection pour Pêches et Océans Canada.
Ça fait quand même longtemps qu’on n’a pas vu des blanchons en Gaspésie et c’est pour ça qu’on doit sensibiliser les gens sur le règlement sur les mammifères marins qui a une liste d’interdictions qui nous permettent de déterminer s’il y a perturbations ou pas
, ajoute M. Thibault.
Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant atteindre jusqu’à 100 000 $, selon la loi fédérale sur les pêches.
LA UNE : Un blanchon aperçu sur la plage de Douglastown à Gaspé. Photo : Radio-Canada / Crédit: Facebook
PAR Martin Toulgoat