Québec entendra-t-il les élus gaspésiens et madelinots?

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Bousculées par l’inflation, les menaces de tarifs douaniers brandies par les États-Unis et d’innombrables autres enjeux, les municipalités et villes de la GaspésieÎles-de-la-Madeleine placent beaucoup d’espoir dans le prochain budget d’Éric Girard, qui sera déposé le 25 mars.

Pour la Table des préfets de la Gaspésie, la priorité numéro un demeure la création de logements sociaux et abordables. Son président, Mathieu Lapointe, croit que certaines enveloppes pourraient être réservées à la région ou alors bonifiées, par exemple celle du Programme d’habitation abordable Québec.

Mathieu Lapointe, maire de Carleton-sur-Mer, préfet de la MRC Avignon et président de la Table des préfets de la Gaspésie

L’élu rappelle que les besoins ont été évalués, il y a un an, à environ 1000 nouvelles unités sur l’ensemble de la péninsule. C’est énorme!, admet-il.

Il y a des progrès qui se font au niveau du logement privé. Ça, c’est une bonne nouvelle, mais on souhaite que le gouvernement du Québec fasse sa part et ajoute des unités […] pour répondre à la crise du logement sur le territoire.

Une citation de Mathieu Lapointe, président de la Table des préfets de la Gaspésie

Le maire des Îles-de-la-Madeleine abonde dans le même sens. Pour Antonin Valiquette, il est impératif que l’archipel bénéficie de sommes permettant la mise en place rapide de nouveaux logements.

C’est un besoin qui est extrêmement urgent que les municipalités ne peuvent vraiment pas assumer toutes seules.

Une citation de Antonin Valiquette, maire des Îles-de-la-Madeleine

Fonds demandés en infrastructures

L’élu madelinot rappelle que les municipalités et villes doivent également ajuster leurs infrastructures en fonction de l’aménagement de nouvelles adresses, notamment en ce qui a trait au réseau d’aqueduc et d’égout. Le maire Valiquette observe que les programmes disponibles concernent principalement la rénovation de ces systèmes. Il voudrait voir Québec soutenir les administrations municipales pour leur développement également.

Antonin Valiquette photographié à l'extérieur.

 

Le préfet de Bonaventure souhaiterait de son côté que les administrations municipales disposent de davantage de latitude pour entretenir leur réseau d’eau potable et d’eaux usées. Éric Dubé rappelle que le Programme d’infrastructures municipales d’eau (PRIMEAU) est actuellement vide.

Ce serait le fun qu’il soit renfloué et bonifié parce que ça amène quand même des défis pour nos milieux, surtout dans une région comme la nôtre où les coûts sont plus grands qu’en ville, lance l’élu. Il rappelle que les besoins sont majeurs.

On sait qu’il y a un déficit d’investissement de 40 milliards pour le Québec. À force de ne pas remettre d’argent, on ne s’améliore pas, on creuse [l‘écart].

Une citation de Éric Dubé, maire de New Richmond

Le maire de Gaspé, Daniel Côté, estime d’ailleurs que des mesures assez fortes sont nécessaires en matière d’infrastructures. Ce dernier rappelle que des investissements s’imposent pour contrer les impacts du ralentissement économique et stimuler l’économie, notamment en ce qui a trait aux sports et loisirs.

M. Côté rappelle que le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a promis d’investir 1,5 milliard de dollars sur 10 ans dans ce poste de dépenses. Pour l’instant, ils ont investi 300 millions de dollars, mais il y a 1,2 milliard qui est encore promis, calcule le Gaspésien.

Daniel Côté à son bureau dans la salle de conseil.

 

Les plans et devis de plusieurs projets, qui ont été refusés dans le cadre du dernier appel à projets du Programme d’aide financière aux infrastructures, récréatives, sportives et de plein air (PAFIRSPA), sont d’ailleurs prêts. M. Côté rappelle que c’est le cas de la reconstruction de l’aréna de Gaspé. Il ne manque que l’aval de Québec pour lancer les travaux de 30 millions de dollars.

Le maire des Îles-de-la-Madeleine juge les montants disponibles nettement insuffisants. Il rappelle que le PAFIRSPA suscite beaucoup d’espoir chez les maires et mairesses de la région lors de chaque appel à projets. On se regarde toute la gang pour savoir qui seront les chanceux qui vont gagner à la loterie, illustre M. Valiquette, qui rappelle que l’archipel a pu compter sur ce programme en 2024 pour la rénovation de la piscine intérieure.

Éric Dubé note en ce sens que les dernières moutures de ce programme ont laissé de très nombreux projets jamais réalisés qui ne font que s’ajouter à la pile à chaque refus.

Portrait de l'élu dans son bureau.

 

Ça amène les municipalités à redéposer, redéposer, redéposer, mais on s’entend qu’il s’ajoute des nouvelles demandes aussi. C’est comme s’il manquait tout le temps 1,2 milliard, image M. Dubé, qui souhaiterait que le compteur soit mis à zéro.

De l’inquiétude pour l’éolien et les pêches

Daniel Côté s’inquiète aussi pour l’avenir de l’usine LM Wind Power à Gaspé, qui pourrait se retrouver parmi les victimes de l’imposition de tarifs douaniers américains. Le maire souhaite que Québec mise sur l’achat local pour la construction des prochains parcs éoliens. Ça va prendre des mécanismes qui vont respecter le droit international d’une part, mais qui vont stimuler la production de composantes localement.

Je suis tanné de voir des pales chinoises entrer dans les parcs éoliens québécois.

Une citation de Daniel Côté, maire de Gaspé

Le maire Côté note que cette politique d’achat local devrait aussi s’appliquer à d’autres industriels comme la construction navale ou la transformation dans les pêches. On doit stimuler la diversification des marchés.

L'usine de pales d'éoliennes LM Wind power de General Electric à Gaspé.

L’élu note que le gouvernement canadien a adopté une stratégie navale pour remettre à niveau la flotte fédérale, ce qui profite aux chantiers de la péninsule. Il croit qu’une stratégie semblable sur le plan provincial pour l’entretien et la modernisation de la flotte québécoise viendrait aider à traverser les soubresauts économiques tout en mettant de l’avant l’expertise régionale.

Le président de la Table des préfets de la Gaspésie aimerait quant à lui un coup de pouce spécifique de Québec pour l’industrie des pêches, notamment pour soutenir les entreprises du secteur qui auront besoin de diversifier leurs marchés et qui sont pour l’instant dépendantes des États-Unis.

Crevettes nordiques.

Selon Mathieu Lapointe, il faut aussi que les flottilles en difficulté, notamment touchées par la crise des stocks de la crevette nordique, soient épaulées financièrement par Québec dans la diversification de leurs activités.

Plus d’argent pour l’accueil et la culture

Le maire de Matane, Eddy Métivier, indique pour sa part qu’il sera très attentif à l’intégration des immigrants en région. L’accueil en région est le premier pas vers l’intégration, rappelle-t-il. Le lien [avec les immigrants] va être beaucoup plus local, régional. C’est pour ça qu’on veut que le gouvernement nous fasse confiance.

Eddy Métivier assis derrière un bureau.

M. Métivier considère que plusieurs mesures récentes en matière de culture, de francisation et d’immigration ont accentué la centralisation des décisions, sans tenir compte des réalités locales et régionales. Nos régions écopent beaucoup par cette tournure que le gouvernement du Québec prend, estime l’élu matanais.

Le maire s’inquiète aussi pour la survie du cégep de Matane dont une bonne partie de la clientèle est constituée d’étudiants étrangers.

Le message que Québec a envoyé avec les quotas d’immigration, c’est rien pour faciliter l’arrivée des étudiants étrangers. Le cégep de Matane a une baisse de 30 % par rapport à l’an passé.

Une citation de Eddy Métivier, maire de Matane

Ces étudiants, estime M. Métivier, étaient aussi des employés dans les commerces, les restaurants, dans un contexte où la pénurie de main-d’œuvre perdure. C’était une bouffée d’air frais pour les commerces.

Le maire rappelle que la diminution des subventions municipales dans le cadre des Ententes de développement culturel a aussi un impact sur le rayonnement de la culture et sa transmission aux nouveaux arrivants.

Matane a subi une baisse de 54 % de sa subvention. Même si le maire reconnaît qu’il y a des sommes qui seront dorénavant consacrées à la protection du patrimoine, les deux programmes n’ont pas les mêmes visées, selon lui. Il aimerait que le ministère de la Culture et des Communications revoie sa décision. Il a d’ailleurs écrit au ministre Mathieu Lacombe pour lui faire part de ses griefs.

 

LA UNE : Le budget que présentera Eric Girard mardi après-midi sera le septième depuis qu’il est devenu ministre des Finances, en 2018. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / SYLVAIN ROY ROUSSEL

Roxanne Langlois et Joane Bérubé avec les informations de Stéphanie Rousseau