À l’aube de l’ouverture de la pêche au crabe des neiges dans la zone 12, la menace tarifaire américaine et la diminution du tiers du quota de crabe inquiètent certains acteurs des Îles-de-la-Madeleine qui viennent d’investir dans de nouveaux équipements.
Une semaine avant le début de la saison du crabe des neiges, les mains des pêcheurs madelinots sont occupées par la préparation des appâts et des crabiers.
Leur esprit l’est tout autant. Ces temps-ci, c’est plutôt difficile de bien dormir
, témoigne le capitaine du San Marco VII, Marco Turbide.
Le propriétaire vient d’investir plus de 8 millions de dollars dans son nouveau bateau. Il appréhende la saison 2025, en raison des tarifs douaniers américains et de la baisse de 33 % du quota de crabe des neiges.

C’est la grosse incertitude
, décrit-il.
Pour Paul Boudreau, le représentant des crabiers traditionnels des Îles-de-la-Madeleine, les gens sont inquiets, et c’est normal
.
Selon lui, les tarifs douaniers américains représentent une épée de Damoclès
au-dessus de la tête des crabiers de la zone 12.
Les frais américains de 25 % devraient être officialisés le 2 avril, dans les mêmes eaux que l’ouverture de la pêche au crabe au large des Îles-de-la-Madeleine.
Le marché normalement sera assez bon. Qu’est-ce que les tarifs vont faire là-dedans? On ne sait pas.

Le directeur général de l’usine de transformation Les Fruits de mer Madeleine, James Derpak, partage cette incertitude.
On a investi pas mal cette saison, pour commencer 2025
, indique l’entrepreneur.
Près de 10 millions de dollars ont été dépensés dans des travaux de modernisation de l’usine, pour la préparer à traiter une augmentation des volumes pêchés.

Il y a encore des inconnus aujourd’hui […], alors [c’est] une autre chose à gérer
, décrit James Derpak.
De l’optimisme dans les filets
J’ai quand même l’espoir que ça va être rentable
, ajoute le directeur des Fruits de mer Madeleine.
L’entreprise a développé de solides liens commerciaux avec le Japon depuis les années 1990. On connaît bien nos clients au Japon
, indique James Derpak. L’an dernier, plus de 90 % de son crabe a pris la route vers l’Asie.
Le directeur souhaite attendre l’ouverture de la pêche pour prendre des décisions et se tourner vers les meilleures possibilités pour l’usine. Mais c’est certain qu’un pays où il n’y a pas de tarifs semble peut-être plus intéressant
, ajoute-t-il.

Le représentant des sept crabiers, Paul Boudreau, relativise. Si ça rentre moins aux États-Unis, ça va rentrer plus ailleurs et la compétition va être plus vive sur les autres marchés
, avance-t-il.
Concernant les quotas, le crabe des neiges, ça a toujours été des cycles
, ajoute le porte-parole.

On voit l’avenir avec optimisme, on pense que le quota va augmenter dans les prochaines années.
Certains équipages restent également positifs, et croient que la rareté du crabe des neiges sur les marchés internationaux pourrait sauver la mise.

Cette année, même avec tout ce qu’il se passe aux États-Unis, on a quand même bon espoir que les prix soient un petit peu plus élevés que l’année passée
, affirme le capitaine-propriétaire du Cap Adèle, Jean-Gabriel Cormier.
Les tarifs douaniers chinois ne sont pas une menace pour le crabe des neiges, et le marché japonais est attractif, indique le pêcheur.

Son père, Marcel Cormier, qui a été pêcheur pendant près de 52 ans, surveille lui aussi le marché. J’espère que ceux qui prennent la relève n’en souffriront pas trop
, admet-il.
Le moment de l’ouverture de la pêche au crabe des neiges dans la zone 12 n’est pas encore déterminé. Elle est toutefois attendue pour le début du mois d’avril.
LA UNE : Le moment de l’ouverture de la pêche au crabe des neiges dans la zone12 n’est pas encore déterminé. Elle est toutefois attendue pour le début du mois d’avril. Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
PAR vec les informations d’Isabelle Larose.