Des amateurs de pêche de la Côte-Nord s’impatientent. Depuis 10 ans, ils revendiquent le droit de pratiquer la pêche au homard récréative. Il s’agit, selon eux, d’un manque de volonté politique qu’ils dénoncent dans un contexte d’élection fédérale.
Téléjournal Est-du-Québec – Jean-Claude Cormier et Rock Boudreau constatent une augmentation de la population de homard dans la région, et souhaitent que les citoyens puissent en bénéficier. PHOTO : RADIO-CANADA / ALBAN NORMANDIN
On est prêts à payer un permis de pêche. On ne veut pas vider la mer, mais y aller de façon encadrée et réglementée
, explique le porte-parole de l’Association chasse et pêche de Havre-Saint-Pierre, Rock Boudreau.

En cette troisième semaine de campagne électorale, ils aimeraient que les futurs élus à Ottawa soient plus proactifs pour régler le dossier des quotas de pêche récréative. Marilène Gill nous appuie depuis 10 ans, mais rien ne bouge, c’est un coup d’épée dans l’eau
, déplore le Cayen.
Après des manifestations et des dizaines de lettres d’appui, incluant des communautés autochtones et de la MRC de Minganie, le pêcheur s’impatiente. Il porte le dossier avec un autre membre de l’association de chasse et pêche, Jean-Claude Cormier.

Celui-ci souligne que l’exploitation de cette ressource du Saint-Laurent rappelle un mode de vie traditionnel qui devrait être célébré, au lieu d’être interdit.
Ça fait partie de notre génétique : notre village a été fondé par des pêcheurs. On veut renouer avec nos racines.
D’autant plus que, comme ailleurs sur la Côte-Nord, les deux pêcheurs amateurs constatent une augmentation de la population de homards dans la région.
On les voit passer en avant de notre galerie de chalet et on n’est pas capables de s’en prendre un. C’est frustrant, on a un garde-manger naturel juste en avant de nous autres
, raconte Rock Boudreau.
Cohabitation difficile
Ce dossier risque toutefois de générer des tensions avec les pêcheurs commerciaux de la région, s’il se concrétise, pense le directeur des pêcheries Shipek, Guy Vigneault, qui s’oppose à la pêche au homard au large à des fins personnelles.

Y aller avec des bottes, une épuisette, je ne vois pas le problème, mais j’ai une grosse crainte avec des embarcations au niveau de la sécurité
, entrevoit-il. Envoyez quelqu’un pêcher avec des casiers à côté des pêcheurs commerciaux, qui respectent beaucoup de réglementations, et il va y avoir des confrontations.
Changement de cap au fédéral?
Rock Boudreau et Jean-Claude Cormier espèrent que le prochain gouvernement leur donnera raison.
L’an dernier, l’ex-ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, avait officiellement fermé la porte à la pêche récréative au homard.

De son côté, la députée sortante et candidate bloquiste dans la circonscription Côte-Nord—Kawawachikamach—Nitassinan, Marilène Gill, réitère son soutien à l’activité.
La ressource appartient à la population. Si la population a ce besoin, il faut l’écouter
, estime-t-elle.
Pour sa part, le candidat du Parti libéral du Canada, Kevin Coutu, soutient que son objectif est de protéger les pêcheurs, et que l’octroi de permis de pêche récréative ne doit pas nuire à l’économie de la région.
Il rencontrera des pêcheurs de la Côte-Nord dans les prochains jours.
La candidate du Parti conservateur du Canada, Mélanie Dorion, n’a pas souhaité prendre position sur ce dossier.
PAR ‘après les informations d’Alban Normandin