Un enjeu important pour les Îles-de-la-Madeleine
L’économie québécoise repose sur un équilibre délicat entre production locale et commerce international. Dans ce contexte, les tarifs douaniers imposés sur les importations et sur les exportations ont un impact considérable sur la compétitivité des entreprises québécoises et plus particulièrement dans un milieu insulaire comme les Îles-de-la-Madeleine.
Un fardeau supplémentaire pour les entreprises locales
Les Îles-de-la-Madeleine dépendent largement du transport maritime et aérien pour s’approvisionner en matières premières et en produits essentiels. Les droits de douane appliqués aux marchandises en transit augmentent non seulement le coût des biens de consommation, mais aussi celui des matériaux nécessaires aux industries locales, notamment la pêche, qui exporte une partie importante des captures de homard et de crabe des neiges vers les marchés américains.
Les entreprises madeliniennes doivent composer avec ces surcoûts dans un contexte déjà marqué par l’éloignement et par les défis logistiques. Cette situation réduit leur marge de manœuvre et limite leur capacité à investir dans leur développement, freinant ainsi l’innovation et la création d’emplois. Les pêcheurs ainsi que les industriels qui dépendent beaucoup des marchés américains vont inévitablement eux aussi subir les contrecoups de ces tarifs douaniers notamment parce qu’une partie importante des captures de homard et de crabe des neiges est destinée à ces marchés.
Un frein au commerce et à l’exportation
L’exportation des produits locaux, en particulier ceux issus de la pêche, est une source vitale de revenus pour notre archipel. Toutefois, les tarifs douaniers appliqués aux exportations rendent nos produits moins compétitifs sur les marchés américains, ce qui aura peut-être pour effet de convaincre les Américains de se tourner vers leurs propres produits ou vers d’autres marchés.
Les producteurs locaux doivent ainsi composer avec des coûts accrus et une concurrence étrangère féroce, ce qui nuit à leur expansion. Pour que nos entreprises puissent prospérer, il est essentiel d’alléger ces barrières commerciales et d’encourager des accords facilitant l’accès à des nouveaux marchés internationaux ainsi qu’aux marchés interprovinciaux, comme le suggère le premier ministre du Québec.
Des programmes d’aide gouvernementale à renforcer
Le gouvernement du Québec a mis en place plusieurs programmes pour soutenir les entreprises affectées par les barrières commerciales et les coûts de transport élevés. Cependant, ces aides restent souvent insuffisantes face aux défis spécifiques des entreprises insulaires. Il est crucial de bonifier ces programmes, d’adapter les critères d’admissibilité aux réalités locales et d’accroître l’accompagnement offert aux entreprises pour qu’elles puissent réellement en bénéficier.
Face à ces défis, des solutions doivent être envisagées. Des mesures compensatoires pour les entreprises touchées et une meilleure accessibilité aux programmes d’aide au commerce extérieur sont des pistes à explorer. Il faut ni plus ni moins réduire de façon significative notre dépendance aux marchés américains.
Les acteurs économiques des Îles-de-la-Madeleine sont résilients et innovants, mais ils ont besoin d’un environnement commercial plus équitable et qui correspond aux réalités de notre milieu pour prospérer. En repensant notre approche aux tarifs douaniers et en bonifiant les soutiens existants, nous pourrons renforcer la vitalité économique de notre territoire et, plus largement, de tout le Québec.
PAR Catharina Cyr Leblanc, Présidente de la Chambre de commerce des Îles de la Madeleine