J’ai visité l’une des plus grandes usines automobiles du monde

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Dans un contexte où la production automobile est sur toutes les lèvres, en raison de l’insistance de Donald Trump à forcer les constructeurs à implanter des usines en sol américain, j’ai eu la chance de visiter l’usine de Hyundai Motor Group située à Ulsan en Corée du Sud. Une visite certes impressionnante, mais qui prend une autre tournure en ces temps d’incertitude pour les constructeurs d’automobiles.

Il faut remettre cette usine dans le contexte de la production automobile mondiale. C’est carrément l’une des plus grosses usines de fabrication automobiles du monde, un statut appuyé par des statistiques qui parlent d’elles-mêmes :

  • 5 chaines d’assemblage entièrement indépendantes.
  • Une usine de moteurs
  • Une usine de transmission
  • 17 modèles différents fabriqués
  • Un centre intérieur de contrôle de la qualité
  • 5 millions de mètres carrés/53 millions de pieds carrés de superficie
  • 31 000 employés
  • 1,52 million de véhicules par année
  • Un port d’expédition

Les données qui se passent de superlatifs et qui confirment l’importance qu’a l’usine pour la petite communauté d’Ulsan, établie dans le sud de la Corée du Sud. Sur un peu plus de 1,1 million d’habitants, plus de 31 000 travaillent directement à cette usine, sans oublier les nombreux fournisseurs. Ils sont 5000 fournisseurs éparpillés majoritairement en Corée du Sud qui fournissent les dizaines de milliers de pièces nécessaires à l’assemblage des véhicules. C’est donc dire que plusieurs emplois externes dépendent également directement de cette gigantesque production.

La visite du musée et de l’usine

Annexé à l’usine, on retrouve d’ailleurs un petit musée, dont la modestie marque une scissure avec l’exubérance des musées des constructeurs allemands que j’ai visités par le passé. Il permet de retracer l’histoire de l’usine d’Ulsan, la première de la marque Hyundai, et également celle où étaient assemblées les premières Hyundai Pony livrées au Canada. D’ailleurs, le Canada a été le premier marché hors Corée du Sud pour la marque Hyundai, elle qui est débarquée aux États-Unis deux ans plus tard. J’ai d’ailleurs pu consulter quelques documents qui concernaient les éditions canadiennes des Pony.

On a ensuite pu marcher le long d’une chaine de montage où sont assemblés les Hyundai Palisade et les Genesis G80 et où les caméras de nos téléphones ont été bloquées par du ruban gommé par souci de confidentialité. On a donc pu voir le processus d’assemblage au complet, de la peinture à l’installation du câblage, du tableau de bord et de la mécanique, une séquence qui permet de sortir 26,7 véhicules par heure, pour cette ligne uniquement. Des étapes bien enfilées, que les employés peuvent suivre par la présence d’un large papier fixé au capot et qui donne toutes les spécifications d’un modèle précis, comme son pays de destination.

Le Morning Christina

On a également eu l’opportunité plutôt rare de monter à bord d’un navire servant à transporter les voitures à l’étranger et qui était amarré au port qui se trouve à même le site de l’usine. Le Morning Christina, ce bateau vieux de 15 ans, peut engouffrer quelques 6900 voitures de la taille d’une Hyundai Accent à son bord, sur les 11 ponts distincts. Il circule à la vitesse de 19 nœuds, et prendra 13 jours pour se rendre en Californie, où sa cargaison sera déchargée, avant qu’il ne reprenne le large.

Aucune image ne permettra de rendre adéquatement l’immensité du bateau. C’est carrément un stationnement à étage flottant, auquel on accède par une rampe placée à l’arrière et dans lequel sont arrimés des milliers de voitures en route vers leur destination. Elles traverseront l’océan Pacifique pour être ensuite distribuées aux États-Unis. Sur le navire, un équipage de 21 personnes vogue à travers le monde pour mener à bien la cargaison.

L’impact réel

Avec plus de 31 000 personnes qui y travaillent, en plus des fournisseurs sud-coréens et des travailleurs internationaux qui gravitent autour, cette usine m’a fait réaliser deux choses. D’une part, les tarifs douaniers imposés par Donald Trump peuvent avoir des impacts majeurs sur des familles et des communautés à l’international. D’autre part, l’immensité de l’installation m’a aussi confirmé qu’il est impossible de délocaliser une production automobile en criant ciseau. Ce sont des chaines d’assemblage complexes, multidisciplinaires, et leur importance est carrément capitale pour les pays qui les hébergent.

Évidemment, Donald Trump souhaite rapatrier ces usines en sol étatsunien pour « redonner à l’Amérique sa grandeur ». Et si les pressions qu’il exerce forcent réellement la main aux constructeurs, ça se fera au détriment de communautés locales qui en dépendent pour vivre.

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