Le pape François est mort

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Le pape François, qui a marqué l’Église catholique par son réformisme et inspiré des millions de fidèles depuis son élection en 2013, est mort, a annoncé lundi matin le Vatican. Il avait 88 ans.

Ce matin à 7 h 35 [heure locale], l’évêque de Rome, François, est revenu à la maison du Père. Toute sa vie a été consacrée au service du Seigneur et de son Église, a annoncé dans un communiqué le cardinal camerlingue Kevin Farrell, dans un communiqué publié par le Vatican.

Il a été le premier pape jésuite et le premier originaire du continent américain; son pontificat a donc symbolisé le renouveau à la tête de l’Église catholique.

Élu pape après la renonciation surprise de Benoît XVI en 2013, l’Argentin est arrivé à la tête d’une Église catholique mise à mal par les scandales.

La santé du chef de l’Église catholique déclinait depuis quelques années, et il souffrait de problèmes médicaux chroniques. En 2022, en visite au Canada, il s’était déplacé en fauteuil roulant. Le pape a été hospitalisé pour des infections respiratoires au printemps 2023 et en 2025.

Décrit comme moderne et progressiste, il est souvent opposé à son prédécesseur, un théologien très conservateur. Benoît XVI, décédé le 31 décembre 2022, a été pape pendant huit ans avant de démissionner. Il n’avait plus la force de diriger l’Église, disait-il.

Cette renonciation a rendu le pontificat de François historique, puisqu’il s’est déroulé en majorité sous le regard de son prédécesseur, une situation qui ne s’était pas produite depuis Boniface VIII, en 1294.

Né Jorge Mario Bergoglio

Le pape se recueille devant les tombes d'un cimetière.Le pape François a prié, en silence, devant les tombes du cimetière de Maskwacis, en Alberta, à l’occasion de sa rencontre avec la communauté autochtone, où il visitera le site de l’ancien pensionnat Ermineskin. Photo : Reuters / GUGLIELMO MANGIAPANE

Fils d’immigrants italiens, Jorge Mario Bergoglio est né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, en Argentine, dans le quartier populaire de Flores.

C’est à l’âge de 17 ans que sa vocation ecclésiastique lui vient sous forme de révélation. Le jeune Bergoglio décide alors de rompre ses fiançailles et d’entrer au séminaire. Il sera ordonné prêtre en 1969, à l’âge de 32 ans.

Trois ans plus tard, il devient le patron des Jésuites d’Argentine, poste qu’il occupera pendant les années sombres de la junte militaire qui a fait des dizaines de milliers de disparus de 1976 à 1983. Son rôle pendant cette période allait d’ailleurs le rattraper au moment de sa nomination, l’Église argentine ayant été accusée de complicité avec le régime dictatorial.

Après des études supérieures en théologie, il est nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires par Jean-Paul II en 1992. Il devient archevêque de Buenos Aires en 1998, et sera consacré cardinal trois ans plus tard.

C’est à cette époque – alors que l’Argentine traverse une grave crise économique – que Bergoglio acquiert une réputation d’humilité. Malgré son rang élevé dans la hiérarchie du clergé, il choisit de vivre dans un simple appartement du centre-ville plutôt que dans la résidence officielle de l’archevêque.

Pour se déplacer, il préfère l’autobus et la marche à la limousine de service. Il fréquente régulièrement les bidonvilles et se positionne en fervent défenseur des pauvres auprès des gouvernements, qualifiant la pauvreté de « violations des droits de l’homme » en 2009.

Un pape réformiste

Cette même attitude allait marquer son pontificat dès la première heure.

Le soir même de son élection, il préfère la simple tunique aux somptueux habits traditionnels et boude les riches appartements pontificaux.

Son choix de nom est également révélateur; Jorge Mario Bergoglio choisit François, en hommage à saint François d’Assise, le saint des pauvres. Le nouveau pape expliquait alors vouloir une Église pauvre, pour les pauvres.

Avec son discours axé sur le pardon et la pauvreté, le successeur de Pierre à Rome préconise un retour aux valeurs originelles de cette institution deux fois millénaire.

Symbole d’un rapprochement avec la culture populaire, le pape François a été élu personnalité de l’année 2013 par le magazine américain Time. Il était en lice avec l’ex-analyste de l’agence de sécurité nationale américaine (NSA) Edward Snowden, la militante américaine de la cause homosexuelle de 83 ans Edith Windsor, ainsi que le président syrien Bachar Al-Assad.

Choc des traditions

Qui suis-je pour juger?, déclarait-il en 2013 au sujet des croyants homosexuels, démontrant une volonté de faire de l’Église catholique une institution plus accueillante pour ceux qui s’en sentent exclus.

Le même esprit a guidé sa décision, en 2016, d’ouvrir la porte à la communion pour les divorcés remariés, au cas par cas.

Ce fils d’immigrants italiens a également fait preuve d’une grande constance dans sa défense des droits des migrants, exhortant les pays européens à ouvrir leurs portes aux réfugiés plutôt que de les fermer.

Le pape François prononce un discours sous une tente.Le pape François prononce un discours lors d’une rencontre avec des réfugiés dans un camp de migrants sur l’île de Lesbos. Photo : Getty Images / LOUISA GOULIAMAKI

Il a également cherché à revoir le fonctionnement de l’Église elle-même.

Dans les semaines suivant son élection, il met sur pied une commission visant à réformer la bureaucratie vaticane et une autre pour étudier les finances du Saint-Siège, la Banque du Vatican ayant été accusée de faciliter le blanchiment d’argent.

Ces chantiers ont mené par la suite à l’adoption d’une nouvelle constitution, neuf ans après son installation comme évêque de Rome. Comme son nom l’indique, ce nouveau document – intitulé Annoncez l’Évangile – place l’évangélisation et la charité au cœur de la mission de l’Église.

La nouvelle constitution introduit des changements majeurs dans la bureaucratie du Vatican, en instaurant plus de transparence financière au sein de l’Église et en permettant aux femmes et aux laïcs d’assumer des postes de responsabilité. Cette constitution intègre également un bureau de protection des mineurs contre les abus sexuels à même l’administration pontificale.

Si ses idées séduisent des millions de fidèles, elles suscitent également la grogne des traditionalistes.

En témoigne notamment une lettre cosignée par une soixantaine de prêtres et d’universitaires catholiques l’accusant « d’hérésie » pour ses positions sur des enjeux comme l’homosexualité et la communion pour les catholiques divorcés.

Abus sexuels dans l’Église

À l’instar de ses prédécesseurs, le pape François a vu son pontificat être entaché par de nombreux scandales d’abus sexuel au sein du clergé.

À la fin d’une année 2018 plombée par des procès et des enquêtes aux États-Unis, en Australie, en Europe et au Chili, le pape avait promis que de telles « abominations » ne demeureraient plus impunies.

À la fin 2019, il annonce la levée du secret pontifical en matière d’agressions sexuelles. Cette mesure rendait presque impossible toute transparence en matière d’enquête et de procédures visant des ecclésiastiques en menaçant d’excommunication les membres du clergé qui partageaient des informations auprès des autorités civiles.

Même si ce changement était réclamé par les victimes depuis de nombreuses années, il pourrait être difficile d’en mesurer l’impact avant un certain temps. Car l’ampleur des abus commis par des membres du clergé continue d’être documentée, sapant l’autorité morale de l’Église.

À l’automne 2021, une enquête indépendante concluait qu’environ 330 000 enfants avaient été victimes d’abus sexuels de la part de prêtres de l’Église catholique française entre 1950 et 2020.

Le pape François avait alors exprimé sa honte devant cette effroyable réalité, appelant tous les responsables religieux à poursuivre leurs efforts pour que de tels drames ne se reproduisent plus.

Des excuses historiques

Pour s’excuser des abus perpétrés contre les peuples autochtones du Canada, le pape a effectué un « pèlerinage de pénitence » en sol canadien du 24 au 29 juillet 2022.

Durant ce voyage axé sur la guérison et la réconciliation, le pape argentin est allé à la rencontre des peuples autochtones afin de s’excuser pour les sévices et traumatismes qu’ils ont vécus aux mains de « nombreux chrétiens », tout particulièrement dans les pensionnats que l’Église a aidé à administrer.

À bord de l’avion qui le ramenait à Rome au terme d’une tournée de six jours au Canada, le pape avait déclaré : J’ai présenté mes excuses, demandé pardon pour ce processus qui est un génocide.

À son retour au Vatican, le pape François a confié avoir reçu comme une gifle les témoignages d’Autochtones victimes de violences.

LA UNE : Le pape François est mort lundi à l’âge de 88 ans. (Photo d’archives) Photo : Getty Images / AFP / VINCENZO PINTO

PAR Radio-Canada