Québec octroie près de 3,8 millions de dollars pour permettre aux municipalités des Îles-de-la-Madeleine et de Carleton-sur-Mer de trouver des solutions, d’ici 2028, aux aléas côtiers qui touchent des sites névralgiques situés sur leur territoire respectif.
À la suite d’une demande formulée au nouveau Bureau de projets en érosion et submersion côtières, l’archipel reçoit 2,1 millions de dollars du provincial. La plus grande portion de cette aide financière permettra d’évaluer des scénarios visant à protéger la pointe de Grande-Entrée. Le secteur trône au sommet de la liste des sites vulnérables à l’érosion et à la submersion côtière, dévoilée l’an dernier.
Le directeur des infrastructures et du bureau de projets à la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine, Jean Hubert, rappelle à quel point ce site en est un important pour l’archipel.

C’est le plus important port de pêche aux Îles-de-la-Madeleine, c’est un secteur qui est à l’assaut des vagues et en submersion, également
, note M. Hubert.
Un demi-million de dollars des fonds octroyés à la Municipalité sera dévolu à des études qui se feront au cours des deux prochaines années. Ces analyses visent à dresser l’état de la situation et à soupeser quelles solutions pourraient permettre de protéger la pointe.
C’est vital pour Grande-Entrée, mais c’est vital également pour les Îles-de-la-Madeleine.
Un comité interministériel avait d’ailleurs été créé, après le passage de la tempête Fiona, pour se pencher sur la situation de la pointe de Grande-Entrée. Le site, qui est exposé aux aléas côtiers, est prisé par les touristes, mais constitue aussi un lieu important pour les secteurs de la pêche et de la transformation de produits de la mer.
Pour M. Hubert, la participation financière de Québec dans ce dossier est le signe que le gouvernement saisit l’importance de la pointe.
Par ailleurs, quelque 1,6 million de dollars sera dévolu à contrer les aléas côtiers au parc de Gros-Cap, dont les falaises sont rongées par la mer. Un plan d’adaptation pour sécuriser l’accès du site sera notamment rédigé grâce au financement reçu par la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine.
Cette installation récréotouristique importante de l’archipel perd plusieurs sites de camping année après année
, résume M. Hubert. C’est comme une presqu’île
, rappelle-t-il, ajoutant qu’il importe de planifier l’avenir du site.

Grâce aux fonds octroyés par Québec, un secteur du site sera sécurisé à moyen terme et certaines activités pourront également être relocalisées. La Corporation du parc de Gros-Cap investira pour sa part environ 400 000 $ dans ce projet.
Jean Hubert admet qu’il est dommage
que la mise en place de solutions sur la pointe de Grande-Entrée et au parc de Gros-Cap devra vraisemblablement attendre plusieurs années. Le gestionnaire convient que d’ici là, des tempêtes pourraient jouer les trouble-fêtes.
C’est le prix à payer, si on veut, pour avoir une solution pérenne. On ne peut pas non plus improviser. En érosion côtière, un ouvrage peut protéger un secteur, mais il peut aussi endommager le voisin. Il faut faire attention quand on intervient sur le territoire.
Selon M. Hubert, il n’est pas trop tard pour agir, même si l’ensemble des sites vulnérables de l’archipel ne pourra pas être protégé. Je pense qu’avec ces deux projets-là, nous sommes vraiment dans l’action
, fait-il valoir avec optimisme.

La Municipalité des Îles-de-la-Madeleine attend par ailleurs des nouvelles du programme provincial « Accélérer la transition climatique locale ». L’administration municipale a déposé une demande d’aide financière de 10 millions de dollars pour mener 27 actions à bien, dont certaines sont liées à l’érosion et à la submersion côtières.
Des sites névralgiques à Carleton-sur-Mer
Carleton-sur-Mer a aussi reçu de bonnes nouvelles du Bureau de projets en érosion et submersion côtières : une subvention de 1,7 million de dollars lui est octroyée pour un projet qui totalise quelque deux millions de dollars.
L’argent servira d’abord à mettre sur pied des ouvrages temporaires pour sécuriser le chemin qui mène au phare et au camping municipal, endommagé à plusieurs reprises au cours des dernières années. Si une recharge de plage a été effectuée par le passé, un nouvel ouvrage de protection doit être aménagé sur le banc Larocque.

Pour le maire de Carleton-sur-Mer Mathieu Lapointe, la contribution financière est une excellente nouvelle, puisque la Municipalité tentait durant plusieurs années, sans succès, de mettre la main sur du financement pour protéger le banc Larocque. On tombait toujours entre deux chaises. Il n’y avait aucun programme d’aide financière dans lequel on pouvait cadrer avec cet ouvrage-là
, explique l’élu.
La Ville devra néanmoins réfléchir à la suite et compte, pour ce faire, s’entourer de professionnels. Ces travaux transitoires auront lieu en attendant la mise en œuvre d’un plan d’adaptation à plus long terme qui pourra aussi se réaliser grâce à la subvention.
L’idée, c’est de se donner un plan de match pour les 100 prochaines années.
Le maire Lapointe admet que le secteur est fragile
. On se croise les doigts pour que ça se passe bien malgré les aléas. Pour le moment, on espère qu’il n’y ait pas de bris majeurs, mais il faut avancer dans le processus pour avoir un travail qui est bien fait et qui répond aux besoins de la population.

Des études permettant d’analyser des solutions pour protéger six sites particulièrement à risque de Carleton-sur-Mer, incluant le banc Larocque, seront aussi effectuées grâce à l’aide de Québec.
Ces analyses permettront ensuite de voir des solutions se concrétiser sur le territoire, précise le maire Lapointe. On va vraiment avoir des outils en main pour pouvoir aller chercher du financement pour d’autres projets dans la ville
, note l’élu.
Liste des sites jugés prioritaires par Carleton-sur-Mer
- Golf
- Place du Vieux-Quai
- Banc Larocque
- Banc de Saint-Omer
- Parc des Horizons
- Rue Jean-Landry
Mathieu Lapointe rappelle que ces lieux ont été identifiés dans le cadre de consultations publiques. Ils ont une valeur sociale et économique forte et on veut s’assurer d’avoir un plan de match clair pour pouvoir intervenir dans ces six secteurs-là.
Alors que les municipalités et villes devant conjuguer avec l’érosion et la submersion côtières se font nombreuses dans l’Est-du-Québec, M. Lapointe estime que Carleton-sur-Mer sera en bonne position pour la suite. Peu [d’administrations municipales] seront aussi prêtes et auront une situation aussi documentée que nous pour aller vers les prochaines étapes
, se réjouit l’élu.
LA UNE : En septembre 2022, tout le site de la pointe de Grande-Entrée, y compris les quais, a été inondé par une marée anormalement élevée. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
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