Les compressions étaient attendues au Cégep de la Gaspésie et des Îles, mais jamais à la hauteur du manque à gagner de 150 millions de dollars annoncé par le gouvernement Legault. Après le choc initial, cet établissement gaspésien s’inquiète pour les années à venir.
Ça fait 20 ans que je suis dans le réseau de l’enseignement supérieur : on n’a jamais vu de compressions de cette hauteur-là
, se désole la directrice générale du Cégep de la Gaspésie et des Îles, Yolaine Arseneau.
On s’attendait à certaines compressions
, admet-elle. Mais quand on sait qu’on avait déjà eu un gel de recrutement, un plafond sur les investissements, un maximum d’heures rémunérées et tout ce qui s’est passé autour des quotas d’étudiants étrangers, on trouvait qu’on avait eu suffisamment de tuiles sur la tête.
Mme Arseneau calcule que sur les 150 millions de dollars qui doivent être retranchés des budgets du réseau collégial, la part du cégep gaspésien s’élève à 650 000 $ sur un budget total de 43 millions de dollars.

Elle ajoute du même souffle que son équipe s’est rapidement soumise à un examen approfondi des dépenses de chaque département dans l’objectif de conserver le personnel en place et de maintenir la qualité des services offerts aux étudiants.
Le pari est réussi, jusqu’à un certain point du moins.
Si personne n’est remercié, les employés qui partiront, que ce soit à la retraite, pour des raisons médicales ou en congé de maternité, par exemple, ne pourront pas être remplacés.
Pour la prochaine année, ce sera impossible de remplacer qui que ce soit. C’est ça qui suscite la plus grande inquiétude.
On a vraiment tout fait pour épargner le secteur qui s’adresse directement aux étudiants, comme les mesures d’aide à la réussite. Mais est-ce qu’en cours d’année, des absences vont faire en sorte qu’il y aura des réductions d’heures d’ouverture? On ne peut pas couper 650 000 $ d’un budget comme le nôtre sans qu’il y ait des répercussions
, regrette-t-elle.
Mme Arseneau précise toutefois qu’il y aura toujours un enseignant dans chaque classe et que cette inquiétude concerne plutôt le personnel non enseignant et administratif.
La directrice se dit bien consciente que cette situation aura inévitablement des répercussions sur le personnel restant, pour qui la charge sera plus lourde. Elle promet que son équipe sera particulièrement attentive aux surcharges de travail.
Les travaux en cours seront terminés
Les travaux en cours pour bâtir les nouvelles résidences étudiantes du campus de Carleton-sur-Mer ainsi que les travaux réalisés aux résidences du campus de Gaspé se poursuivent, assure Mme Arseneau.

De plus, certains travaux qui doivent se faire au campus de Gaspé pour accueillir le nouveau programme de techniques policières pourront avoir lieu comme prévu au cours de l’année.
Cependant, Mme Arseneau indique que le Cégep n’a plus aucune marge de manœuvre pour planifier de nouveaux projets de développement.
Elle se dit également très inquiète pour la suite des choses puisque le gouvernement de la CAQ parle de compressions à venir pour les cinq prochaines années.
On sait qu’on a une pénurie de main-d’œuvre et je pense qu’on est une des solutions à ça, alors c’est sûr que ce sont des choix difficiles à comprendre.
Plus tôt cette semaine, le directeur général du Cégep de Matane, Martin Demers, a fait état de la même incompréhension et a déploré le manque de vision à long terme du gouvernement Legault.
L’établissement matanais s’attend de son côté à devoir retrancher 700 000 $ de son budget de 27 millions de dollars.
LA UNE : Le Cégep de la Gaspésie et des Îles doit retrancher 650 000 $ de son budget. Photo : Radio-Canada