Très, très lent rétablissement du maquereau

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Deux ans après le début de son plan de rétablissement, le maquereau de l’Atlantique a fait l’objet, ce printemps, d’une nouvelle évaluation. Verdict? La population est dans le même état qu’en 2023.

À long terme, sans pêche, les scientifiques estiment que le stock de maquereaux pourrait être considéré comme rétabli dans neuf ans. Avec la poursuite de la pêche, il faudra 18 ans.

Il y a deux ans, le MPO évaluait que l’échéance serait de sept ans, soit 2030.

L’avis scientifique de 2023 attribuait la diminution des stocks à la surpêche, toutes les autres hypothèses ayant été rejetées.

Le contingent nord de maquereau est dans une zone considérée comme critique depuis 2011.

Depuis, les débarquements comptabilisés par le ministère n’ont fait que chuter. À titre d’exemple, elles ont totalisé un peu de 4200 tonnes en 2015 et 2021, soit presque 10 fois moins que la moyenne de 40 498 tonnes pêchées entre de 2000 et 2010.

La pêche au maquereau a finalement été mise sous moratoire en 2022 et en 2023.

Une dizaine de pêcheurs attendent le maquereau au quai des Croisières à Sept-Îles. Une dizaine de pêcheurs attendent le maquereau au quai des Croisières à Sept-Îles. Photo : Radio-Canada / Catherine Paquette

Aujourd’hui, pour sortir de la zone critique, il faudrait que le stock soit trois fois plus important.

Un plan

Selon le plan de rétablissement du ministère, déposé en 2023, le potentiel de rétablissement du stock reste limité.

Les maquereaux matures de plus de sept ans sont très rares. Le stock est donc hypothéqué par une reproduction qui reste faible.

La faible biomasse du stock reproducteur est un frein, observe la biologiste. Est-ce que c’est possible qu’il se rétablisse avec un recrutement, oui c’est possible, mais c’est peu probable à court terme.

La prédation importante du phoque et des fous de Bassan s’ajoute au tableau.

Depuis 2011, le recrutement est environ du quart de ce qu’il était dans les années antérieures. Les scientifiques notent que le dernier recrutement important date de 10 ans. Depuis, on n’a pas vu autre chose , commente Mme Lehoux

Un maquereau

 

Pour se reconstituer, le poisson aurait besoin d’un environnement exceptionnellement favorable. Il faudrait, précise Mme Lehoux, une conjoncture où l’environnement aide les femelles à se maintenir en bonne santé,  de la nourriture pour les larves en bonne quantité, au bon moment, au bon endroit .

Seule note optimiste, le maquereau est un poisson qui aime bien les températures autour de 7 °C, mais il est encore trop tôt pour voir les effets de ce réchauffement.

Pêche commerciale

Parmi les plus vieilles pêches, le maquereau était pêché au 16e siècle, cet effondrement et le moratoire ont eu plusieurs conséquences pour les entreprises de pêche.

Des maquereaux dans une boîte.Le maquereau était surtout pêché et vendu comme appât. (Photo d’archives) Photo : Hélène Laurendeau

La pêche commerciale au maquereau demeure ce printemps sous moratoire pour une troisième saison, ce qui touche un peu plus de 750 entreprises de pêche dans le Canada atlantique et au Québec.

De ce lot, un peu moins de 90 entreprises tiraient plus de 50 % de leurs revenus de la pêche au maquereau.

Au Québec, une quinzaine de pêcheurs membres du Regroupement des pêcheurs professionnels pélagiques du sud de la Gaspésie (RPPPSG) ont perdu leur principale source de revenus lors du moratoire. Ils ont en vain réclamé une indemnisation.

Le plan de rétablissement du ministère reconnaît qu’une aide financière pourrait être un autre moyen d’atténuer ces préoccupations tout en procédant au rétablissement . Interpellé, le ministère réaffirme que ce n’est toujours pas dans ses plans, trois ans plus tard.

Retour de la pêche à l’appât

En 2024, une petite pêche à l’appât, de 470 tonnes, divisée en deux parties de 235 tonnes, a été autorisée dans les régions de l’Atlantique. Les poissons pour l’appât ne peuvent être vendus, échangés ou donnés.

Poissons dans un bac.Le maquereau demeure l’appât de choix pour inciter les crustacés à entrer dans les cages des pêcheurs. Photo : Merinov

C’est une pêche essentielle pour bien des pêcheurs de homard et de crabe. Cette année, les scientifiques recommandent 500 tonnes pour la pêche à l’appât. À 500 tonnes, on s’attend à une croissance du stock, mais ça ne veut pas dire un rétablissement, ça veut juste dire que dans deux ans, on a des chances très fortes qu’il y ait au moins un poisson de plus , commente Caroline Lehoux, biologiste en évaluation de stock à l’Institut Maurice-Lamontagne.

Dans les provinces de l’Atlantique et au Québec, le MPO calcule qu’il y avait, en 2021, 7054 permis d’appât, dont 383 permis actifs, pour des débarquements de 536 tonnes de maquereaux.

Le Ministère, dans son plan de rétablissement, reconnaît par contre que la pêche à l’appât non déclarée est une problématique pour la restauration des stocks.

C’est le cas aussi de la pêche récréative qui demeure difficile à évaluer puisque les pêcheurs n’ont pas à déclarer leurs prises. La pêche récréative est limitée à 20 maquereaux par jour depuis quatre ans. C’était auparavant illimité.

Ces prélèvements sont non négligeables. Le MPO rapportait en 2015 que le maquereau restait l’une des trois espèces les plus capturées par les pêcheurs amateurs sur les quais de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse.

Pêche américaine

Le maquereau demeure aussi une espèce toujours pêchée commercialement aux États-Unis. Cette pêche touche une partie du contingent du golfe qui descend l’hiver le long de la côte est américaine pour se mélanger à ses congénères américains.

Le calcul sur la proportion de maquereaux du golfe pêchés aux États-Unis reste incertain, soit entre 20 % et 80 %. C’est variable dans le temps , explique la biologiste de l’IML. Entre les années, ça peut être un peu plus de contingent américain, plutôt de canadien donc, c’est une de nos plus grandes sources d’incertitudes en ce moment. 

Cette incertitude, concernant les prises américaines, est incluse dans le modèle d’évaluation des stocks, puisque l’état des stocks dépend de ce qui se passe aux États-Unis , ajoute Caroline Lehoux.

Les États-Unis ont toutefois beaucoup abaissé le nombre de prises autorisées. Le quota commercial américain a été établi en 2024 à 868 tonnes et les niveaux de prélèvements de la pêche récréative ont été similaires à ceux de 2023, soit 2143 tonnes.

LA UNE : Le stock de maquereaux peine à se reconstituer. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

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