La ministre des Pêches doit décider si la pêche reprendra ou non cette année.. Les stocks de maquereaux bleus se trouvent toujours dans la « zone critique », ont affirmé cette semaine à Halifax, en Nouvelle-Écosse, des scientifiques de Pêches et Océans Canada.
Ils ont présenté à l’industrie des pêches et à des groupes environnementaux les résultats de l’évaluation de cette espèce faite en 2022. L’année dernière, il n’y a pas eu de pêche au maquereau en Atlantique, car le gouvernement fédéral a décrété un moratoire.
En déclin depuis une décennie, la population de maquereau bleu est en difficulté.
La quantité de jeunes poissons est plutôt basse depuis quelques années, et c’est inquiétant
, a déclaré la biologiste Elisabeth Van Beveren, du ministère des Pêches et des Océans (MPO), devant le comité consultatif du maquereau atlantique.
Le nombre de maquereaux bleus qui atteignent l’âge de frai s’élève présentement à seulement 27 % des niveaux mesurés de 1969 à 2011.
Les maquereaux sont aussi une source de nourriture pour d’autres espèces comme les phoques, les baleines, certains oiseaux de mer et d’autres poissons. L’analyse présentée cette année contenait quelques estimations assez générales sur la prédation.
On y a dit qu’en 2020, les phoques gris au Canada ont mangé 8000 tonnes de maquereau et les fous de Bassan en ont consommé 15 000 tonnes.
Ces nouvelles données placent la ministre fédérale des Pêches et des Océans, Joyce Murray, devant une grande décision. Elle doit maintenant annoncer si le moratoire de 2022 sera maintenu, ou si la pêche pourra reprendre.
Dans une déclaration écrite, son ministère a dit que la réflexion se poursuivait et qu’une décision n’avait pas encore été prise.
La décision d’imposer un moratoire est lourde de conséquences au Canada atlantique, notamment parce que le maquereau est un appât couramment utilisé dans la pêche au homard, une industrie évaluée à 3 milliards de dollars en 2021.
S’ajoute à la polémique le fait que les États-Unis n’ont pas harmonisé leurs politiques avec celles du Canada. Les Américains n’ont pas décrété de moratoire l’an passé. Ils viennent toutefois d’annoncer une réduction de 27 % de leur quota de maquereau en 2023, comparativement à 2022.
À Terre-Neuve-et-Labrador, le syndicat de pêcheurs FFAW (Fish, Food and Allied Workers) a réclamé la réouverture de la pêche au maquereau. Le groupe argue que ce poisson est abondant au large de Terre-Neuve.
MPO dans ses estimations de la biomasse","text":"Nous voulons attirer l’attention sur la mauvaise gestion colossale de la pêche au maquereau et les failles scientifiques du MPO dans ses estimations de la biomasse"}}">Nous voulons attirer l’attention sur la mauvaise gestion colossale de la pêche au maquereau et les failles scientifiques du MPO dans ses estimations de la biomasse
, a accusé lundi dernier, lors d’une conférence de presse à Saint-Jean, le président du syndicat FFAW, Greg Pretty.
La biologiste du MPO a réfuté ces arguments. Elisabeth Van Beveren a expliqué qu’une espèce peut être dans une situation critique, même si elle est abondante dans une zone en particulier.
Elle dit par ailleurs que les zones de ponte n’ont pas changé. Les études annuelles de Pêches et Océans Canada ont déterminé que la principale zone de ponte demeure le golfe du Saint-Laurent, et qu’on n’a trouvé aucune preuve qu’elles se soient déplacées vers Terre-Neuve.
Martin Mallet, directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM), accepte l’évaluation de 2022 faite par le fédéral. Il ne croit pas, cependant, qu’un moratoire complet sur la pêche au maquereau soit justifié.
Il affirme qu’il est possible de rétablir la ressource en maintenant un quota régional de 2500 tonnes, soit environ 10 % de la biomasse capable de se reproduire.
Katie Schleit, la directrice des pêches pour Oceans North, un organisme de bienfaisance qui se consacre à la conservation des aires marines, affirme de son côté que le moratoire doit être maintenu si le gouvernement fédéral tient réellement au rétablissement futur des stocks de maquereau.
Les bases scientifiques qui appuient cette décision sont vraiment solides, et continuent à être solides après cette évaluation
, a-t-elle affirmé.
D’après le reportage de Paul Withers, de CBC
LA UNE : Le maquereau se retrouve des deux côtés de l’Atlantique Nord. PHOTO : RADIO-CANADA / CARINE MONAT