Le plan de rattrapage scolaire dévoilé mardi par Québec satisfait les intervenants scolaires, mais laisse plus sceptiques des parents avec des enfants avec des difficultés.
Alors que les syndicats du Front commun entameront le 15 janvier les votes sur l’entente de principe intervenue pendant les fêtes pour mettre fin au conflit de travail, le ministre de l’Éducation Bernard Drainville a voulu faire preuve de souplesse avec le milieu de l’éducation.

Le plan de rattrapage de 300 millions de dollars annoncé mardi n’impose aucun jour de cours obligatoires supplémentaire, mais prévoit plutôt des mesures volontaires pour rattraper les retards. Le gouvernement laisse aussi une liberté importante aux écoles et centres scolaires pour leur application.
Le plan prévoit que les écoles pourront offrir du tutorat en dehors des heures de cours, de l’aide spécialisée pour les enfants avec des besoins particuliers, des cours d’été gratuits et du rattrapage pendant la semaine de relâche. Québec révisera aussi la pondération des épreuves ministérielles, afin d’accorder une part plus importante aux évaluations des enseignants, comme durant la pandémie.
La directrice générale du Centre de services scolaire des Îles salue le plan présenté.
Pour nous, ça parait réaliste et on en souligne la souplesse. Ce ne sont pas des mesures qui nous arrivent mur à mur, on peut s’ajuster par école, où il peut y avoir des besoins très différents
, lance Brigitte Aucoin.
Elle estime que la gratuité des cours d’été et l’ajustement de la pondération font partie des mesures qui permettront un rattrapage efficace.
Les prochaines étapes, c’est que chaque direction va rencontrer son équipe-école cette semaine et la prochaine
, dit Brigitte Aucoin.

Anne Bernier, présidente du Syndicat des travailleurs de l’éducation de l’est du Québec (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / STÉPHANIE ROUSSEAU
Pour sa part, la présidente du Syndicat des travailleurs de l’éducation de l’Est du Québec, Anne Bernier, souhaite que la volonté des membres du personnel de participer ou non aux activités de rattrapage soit respectée.
Il ne faudrait pas que le personnel sente de la pression d’accepter ou non. Si les élèves en ont besoin et que j’ai le temps et l’envie de le faire parce que j’ai du temps et que je décide de le faire, ok. Mais que non, que ça ne devienne pas imposé
, lance Anne Bernier.
Des parents moins convaincus
Mère de trois enfants, Sonia Lavoie est plus sceptique face aux mesures. Deux de ses fils ont des difficultés d’apprentissage et elle se demande si le tutorat sur une base volontaire aura vraiment l’effet escompté.
J’ai un enfant avec un TSA. C’est compliqué. Sa capacité d’apprentissage est moins bonne, de moins longue durée, donc les midis, il ne pourra pas être là, le soir quand il rentre, il ne veut plus rien faire, parce qu’il est brûlé
, décrit-elle.
Un enfant de 17 ans, même si tu lui dis, il y a du rattrapage, si l’enfant ne veut pas y aller, ça devient compliqué.
Elle précise qu’elle n’aurait pas souhaité de jours de rattrapage obligatoire, mais croit que les mesures annoncées auront un effet limité et elle se demande si le personnel sera présent pour répondre au besoin.
L’enfant qui va pouvoir en bénéficier et dire oui à toute l’aide, ça va être super, mais on n’a pas deux enfants pareils.
LA UNE : Québec a annoncé une série de mesures volontaires pour rattraper le retard en classe. (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA / MATISSE HARVEY