M. Howse s’est lancé dans cette quête d’information lorsqu’il a remarqué, en août 2023, un conteneur rempli d’os sur la plage. La Municipalité avait placé le conteneur à cet endroit pour que les gens y jettent des débris. Quelqu’un y avait jeté des os.
Il y avait au moins 50 os, et leur couleur foncée révélait qu’ils étaient en cours de fossilisation. M. Howse affirme que ni lui ni une autre résidente de longue date qu’il a consultée n’avaient rien vu de tel auparavant.
Alors, nous nous sommes dits : « Examinons cela »
, indique Ron Howse.

Ron Howse cherche à éclaircir l’origine d’ossements fossiles découverts sur la plage de Souris. PHOTO : RADIO-CANADA / SHANE HENNESSEY
Il a d’abord pensé qu’il pouvait s’agir des os d’un orignal. Il a consulté l’association communautaire autochtone L’nuey et l’archéologue en chef de la province.
Ils ont été captivés par cette histoire et par les os, et ils ont envoyé [le cas] à une spécialiste à la retraite, à Fredericton
, relate M. Howse. Ils nous ont dit ensuite par courriel que ce sont les os d’une vache et qu’ils n’ont aucune importance archéologique.
La piste d’os de bison écartée
Ron Howse a poursuivi ses recherches et il a consulté un archéologue américain à la retraite.
Sa théorie était que les bisons parcouraient ces terres il y a 8000 ans parce qu’il n’y avait pas d’eau ici. Tout cela s’étendait jusqu’en Nouvelle-Écosse, jusqu’à la côte sud du Québec
, indique M Howse. Cela m’a fait penser que ce sont peut-être des os de bisons.
Il a envoyé deux os à Jeff Martin, professeur adjoint et spécialiste du bison à l’Université d’État du Dakota du Sud. Ce dernier a conclu que ce sont des os de bovins, non ceux de bisons, mais il les juge intéressants, parce qu’ils sont en cours de fossilisation. La datation au carbone 14 pourrait déterminer leur âge, dit-il.
ans, plus ou moins, depuis l’époque de la colonisation","text":"Comme il s’agit d’une vache, cela signifie qu’elle pourrait avoir de 50 à 500ans, plus ou moins, depuis l’époque de la colonisation"}}">Comme il s’agit d’une vache, cela signifie qu’elle pourrait avoir de 50 à 500 ans, plus ou moins, depuis l’époque de la colonisation
, estime Jeff Martin.

Le professeur Jeff Martin, spécialiste du bison à l’Université d’État du Dakota du Sud, montre les deux os que Ron Howse lui a envoyés (à droite) et un os de bison. PHOTO : GRACIEUSETÉ/JEFF MARTIN
Découverte d’autres os après Fiona
Les recherches de M. Howse ont connu un rebondissement lorsqu’il a montré les os à deux autres résidentes. Elles lui ont dit qu’elles en avaient trouvé aussi sur la plage de Souris peu après le passage de la tempête Fiona, en septembre 2022.
Selon M. Howse, ces os étaient semblables, mais de plus grande taille, et il y en avait environ une trentaine.
Elle ne savait pas quoi en faire, alors elles les ont jetés parmi les rochers, et nous les cherchons depuis ce moment
, dit-il.
Il est difficile de les retrouver, parce que cet endroit n’est accessible à pied que durant les marées les plus basses de l’année.
En attendant la datation
Entre-temps, Ron Howse a envoyé un échantillon d’os à un laboratoire à Ottawa pour en faire faire la datation au carbone 14.
S’ils ont plus de 200 ans, nous serons alors confrontés à un véritable dilemme, parce que les vaches ne sont ici que depuis 1785, selon les documents historiques que j’ai consultés, peu de documents en fait
, explique M. Howse.

Souris est une municipalité côtière du nord-est de l’Île-du-Prince-Édouard. PHOTO : RADIO-CANADA / SHANE HENNESSEY
Peu importe la réponse qu’il recevra, il aime cette quête d’information. J’ai le temps, alors j’y consacre du temps. J’adore cela. Nous avons bien ri plusieurs fois grâce à ces os.
Jeff Martin ajoute qu’il s’attend à plus de découvertes du genre dans le contexte du changement climatique et des tempêtes qui balaient les côtes.
Ce qui est vraiment intéressant dans la découverte d’un os d’animal, sur n’importe quelle propriété, où que vous cherchiez ou creusiez, c’est qu’il s’agit d’un lien inné avec le passé
, conclut le professeur adjoint.
LA UNE : Ron Howse (à gauche) et Lenny Rose, un autre résident, sur la plage où on a découvert des os, à Souris, à l’Île-du-Prince-Édouard. PHOTO : RADIO-CANADA / SHANE HENNESSEY