Faut-il craindre le retour des gros bateaux de pêche dans le golfe?

Publicité

Articles similaires

Lobster roll – Guédilles au homard

PORTIONS : 4 guedilles PRÉPARATION : 15 min CUISSON : 2...

Les pluviers siffleurs de retour sur l’Î.-P.-É.

Alors que les pluviers siffleurs sont de retour dans...

Comment décortiquer un homard

On retire les pinces On retire la queue On retire les...

Une 150e saison de pêche lancée aux Îles-de-la-Madeleine

Les pêcheurs madelinots ont officiellement pris la mer pour...

Téléjournal : 150e saison de pêche au homard dans l’archipel

Les quais des îles de la Madeleine fourmillent d'activité...

Les chercheurs estiment que ce ne sont pas les bateaux de plus de 100 pieds qui affectent le plus les écosystèmes marins, mais le type d’engin de pêche utilisé.

Le retour annoncé des bateaux de plus de 100 pieds dans le golfe, dans le cadre de la réouverture de la pêche au sébaste, inquiète les pêcheurs. Plusieurs affirment que la fermeture du golfe aux bateaux de plus de 100 pieds en 1977 a sauvé la pêche à l’est du Canada.

Dominique Robert, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie halieutique à l’Institut des sciences de la mer (ISMER) de l’Université du Québec à Rimouski, explique que les impacts sur les écosystèmes sont similaires que ce soit avec un petit ou un gros bateau.

L’enjeu principal se situe plutôt au niveau de l’engin de pêche utilisé.

Lorsqu’on touche le fond, on attrape vraiment une grande diversité de poissons ou d’autres animaux. Il explique que si on attrape trop d’une autre espèce comme le flétan atlantique ou une espèce en voie de disparition, Pêches et Océans Canada devra fermer des zones de pêches parce que le quota de prises accessoires sera dépassé.

Un bateau de 100 pieds qui utilise un chalut [de fond], comparativement à un navire de 65 pieds, ça va faire le même effet sur le fond

Une citation de Dominique Robert, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie halieutique à l’Institut des sciences de la mer (ISMER) de l’Université du Québec à Rimouski

Avec des bateaux plus petits, on va simplement envoyer le chalut plus souvent au fond pour attraper le quota, ajoute le chercheur.

Dominique Robert, océanographe, à bord d'un bateau.

Selon Dominique Robert, chercheur à l’ISMER, il est difficile de prédire comment va se comporter l’écosystème parce que la remontée de la population de sébaste vient de raisons qu’on comprend encore très mal. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / GILBERT BÉGIN

Selon lui, l’avantage d’un gros bateau, c’est qu’il peut attraper de plus grandes quantités avant de revenir à quai pour décharger le poisson. C’est surtout cela qui peut être avantageux pour une entreprise de pêche.

Réduire les captures accessoires

Si on arrive à survoler le fond à la hauteur où le sébaste est distribué, on a peut-être plus de chance d’en arriver avec une pêche qui est moins dommageable, mais aussi plus durable

Une citation de Dominique Robert, checheur de l’ISMER

Au centre de recherche en technologies des pêches Merinov, des chercheurs essaient de développer des façons de pêcher au chalut en intégrant l’intelligence artificielle pour réduire la capture d’autres espèces dont les stocks sont précaires.

Le chercheur industriel et chargé de projet chez Merinov, Damien Grelon, explique néanmoins qu’à court terme, les pêcheurs de l’est du Canada visés par les quotas sont essentiellement équipés de chalut de fond, et que pour le moment, l’engin miracle n’existe pas.

Un filet et un chalut de pêche à la crevette.

Les crevettiers sont les bateaux de pêches qui sont les plus faciles à équiper et à adapter pour la pêche au sébaste. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / MARTIN TOULGOAT

Même avec les dispositifs qui existent déjà sur les chaluts de fond utilisés pour la pêche, il y a encore 10 % de captures accidentelles, affirme-t-il.

Il faut comprendre que si le MPO décidait d’autoriser la capture de 60 000 tonnes de sébaste [le double du quota de cette année], on pourrait fermer le turbot et le flétan pour les autres flottilles, à cause des captures accessoires, fait valoir Damien Grelon.

Il existe toutefois un chalut pélagique, qui consiste plutôt à chasser le poisson en le faisant remonter à la surface plutôt qu’à le filtrer en raclant le fond comme le chalut de fond. Ce chalut, utilisé par l’industrie de la pêche islandaise au sébaste, ne peut pas être installé ici.

Des tests ont été faits avec des pêcheurs dans le golfe, mais les bateaux ne sont pas adaptés. Il faudrait réaménager complètement les ponts des bateaux, explique M. Grelon. Et pêcher dans le golfe avec un chalut pélagique, étant donné qu’on est dans une cuvette, ce serait un peu comme jouer à la roulette russe.

Pêcher sans quotas

Dominique Robert, de l’ISMER, souligne qu’avant 1976 il n’y avait pas de quotas pour le sébaste. Selon lui, c’est ce qui est en premier lieu responsable de la surpêche à cette époque, parce qu’on labourait intensivement le fond marin.

Les entreprises pouvaient pêcher à volonté, mentionne-t-il. Le système de quota [de sébaste] a commencé en 1976 avec un quota de 30 000 tonnes qui a été réduit rapidement à 18 000 tonnes à l’époque.

Aujourd’hui, les scientifiques estiment à plus de 2,3 millions de tonnes la population de sébaste dans le golfe. Ce qui est énorme. C’est plus de 80 % de tout ce qui est dans le fond du golfe, déclare-t-il.

Selon lui, le quota de 25 000 tonnes pour cette première année de pêche au sébaste vise trois objectifs: observer comment la pêche va se dérouler, évaluer son impact sur les écosystèmes et voir comment l’industrie va se comporter.

On pourrait causer des dommages en commençant trop fort, affirme M. Robert. Selon lui, il est difficile de prédire comment va se comporter l’écosystème parce que la remontée de la population de sébaste vient de raisons qu’on comprend encore très mal.

LA UNE : Le chercheur de l’ISMER, Dominique Robert explique que c’est l’utilisation de chalut qui touche le fond qui est dommageable pour l’écosystème marin. (Photo d’archives) PHOTO : MINISTÈRE DES PÊCHES ET DES OCÉANS DU CANADA

PAR