Crabe des neiges : la baisse prévue des quotas n’ébranle pas l’industrie

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Bien que les stocks de crabe des neiges soient en bonne santé dans le sud du golfe du Saint-Laurent, tout porte à croire que les quotas de pêche diminueront de 29 % cette année. La saison de pêche au crabe des neiges s’annonce tout de même positive en Atlantique, selon l’industrie.

Lors d’une réunion du Comité consultatif du crabe des neiges du sud du golfe du Saint-Laurent, mercredi dernier à Moncton, au Nouveau-Brunswick, les biologistes de Pêches et Océans ont recommandé, selon les données préliminaires, une baisse de 29 % des taux de capture pour la zone 12, la plus importante zone de pêche pour le crabe des neiges.

Les quotas passeraient ainsi de 31 867 tonnes en 2023 à 22 626 tonnes en 2024.

Carte de la zone 12 - pêche au crabe des neiges

La zone 12 s’étend de la Gaspésie jusque dans les provinces maritimes. PHOTO : PÊCHES ET OCÉANS CANADA

Cette recommandation doit encore être acceptée par la ministre fédérale des Pêches, Diane Lebouthillier dans son plan de pêche, qui est habituellement publié en mars pour le crabe des neiges.

En entrevue à Radio-Canada mardi après-midi, Diane Lebouthillier a réitéré qu’elle attendra de recevoir les recommandations avant de s’avancer sur les quotas, et qu’il s’agit d’un travail de collaboration entre les pêcheurs et Pêches et Océans.

La ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, en visioconférence de son bureau rempli de drapeau du Canada.

La ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, en entrevue au Téléjournal Acadie, le 27 février 2024. PHOTO : RADIO-CANADA

La pêche au crabe, c’est cyclique, a rappelé la ministre. On a des cycles au niveau du crabe qui se situe entre 7 et 10 ans. L’objectif c’est toujours d’avoir une pêche écoresponsable […] et de permettre aux femelles de se reproduire.

Un retour à la normale bien compris par tous

Selon Tobie Surette, biologiste responsable d’évaluer le stock de crabe des neiges à Pêches et Océans, cette diminution des stocks n’est pas anormale ni inquiétante, mais bien cyclique. Il considère la diminution de cette année comme un retour à la normale.

On a vu quatre ou cinq de ces cycles depuis qu’on observe l’espèce depuis 30 ans, note-t-il.

On qualifie le stock tout de suite comme étant dans une zone saine pour la quantité de crabe et les différentes composantes de populations, on considère que c’est d’assez haut niveau.

Une citation de Tobie Surette, biologiste

Les associations professionnelles de pêcheurs s’attendaient à une baisse de quota et se rallient aux recommandations des biologistes de Pêches et Océans, même s’ils ne s’attendaient pas à une baisse aussi marquée.

Il n’y a pas de doute que ce n’est pas une bonne nouvelle de se faire dire que le contingent que vous allez capturer diminue de 29 %, mais c’est une situation qui est régulière et périodique, remarque le directeur de l’Association des pêcheurs professionnels crabiers acadiens, Paul Robichaud.

Paul Robichaud interviewé sur un quai.

Paul Robichaud (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / MARIO MERCIER

À la barre d’une association d’une centaine de membres, il se réjouit toutefois de savoir que la biomasse de crabe des neiges est dans une situation très saine. Les crabes des neiges se portent très bien, le recrutement est à la hausse, le nombre de femelles est aussi à la hausse, rappelle-t-il.

Le président de l’Association des crabiers acadiens à Shippagan, Joël Gionet, s’attendait aussi à une baisse des quotas cette année.

Depuis les sept ou huit dernières années, on a eu des records de biomasse et de contingent, donc, ça ne peut pas toujours rester là, il faut que ça descende un moment donné, raisonne-t-il.

Un pêcheur parle au téléphone, sur son bateau.

Joël Gionet est capitaine du Carlo G. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / MARIO MERCIER

De son côté, Pêches et Océans estiment que les taux de capture du crabe des neiges devraient repartir à la hausse en 2027.

Du crabe plus cher?

Malgré la diminution du quota à venir, les pêcheurs espèrent qu’avec moins de crabe sur le marché, les prix repartiront à la hausse.

La rareté d’un produit peut normalement engendrer un prix vers la hausse, explique Paul Robichaud. Donc, si les marchés internationaux réalisent que le crabe canadien est plus rare, il est possible que ça va entraîner un prix à la hausse.

En 2020 et 2021, ces travailleurs ont connu des années d’abondance dans le golfe avec des prix records et un crabe des neiges qui était au rendez-vous.

Le vent a ensuite tourné et les prix se sont effondrés. En 2023, par exemple, les crabiers de la Péninsule acadienne ont reçu entre 2,25 $ et 2,50 $ la livre pour leurs prises.

Crabe des neiges

Avec 250 000 livres de crabe des neiges par bateau en 2023, les pêcheurs auraient préféré recevoir entre 3$ et 4$ la livre. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / NICOLAS STEINBACH

L’année 2024 est plus prometteuse. Les associations de pêcheurs remarquent aussi que le marché a repris de la vigueur avec l’effondrement des stocks en Alaska et le boycottage du crabe russe sur le marché américain. La demande pour les produits canadiens devrait donc être au rendez-vous.

Les nombreux invendus qui étaient entreposés dans les usines de transformation semblent aussi avoir trouvé preneurs.

Une saison de pêche qui approche à grands pas

Par ailleurs, l’éternelle inconnue du moment du déclenchement de la saison est aussi dans la mire des pêcheurs. Avec l’hiver doux et le peu de glace dans la région, tous les espoirs sont permis pour débuter fin avril, soit deux à trois semaines plus tôt que d’habitude.

On vise la fin de semaine de Pâques, avance Joël Gionet. Je m’attends à une saison tôt pour commencer et terminer tôt avant l’arrivée des baleines.

Idéalement, la saison doit se terminer avant l’arrivée des baleines noires dans le golfe, une espèce en voie d’extinction.

LA UNE : Le quota de crabe des neiges dans la zone 12 pourrait passer de 31 867 tonnes en 2023 à 22 626 tonnes en 2024. (Photo d’archives) PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / PAUL DALY

PAR Radio-Canada d’après le reportage de Nicolas Steinbach