La santé des ressources halieutiques au Canada est mal en point, dit Oceana

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Environ le tiers des espèces de poissons et d’invertébrés marins sont en danger critique d’extinction au Canada ou dans la zone de prudence alors qu’un autre tiers peut être considéré comme étant en santé, selon un rapport publié par un groupe consacré à la préservation des océans.

Dans son audit annuel des pêches, Oceana Canada affirme que la Loi sur les pêches, modernisée par le Canada il y a cinq ans, fournit un cadre audacieux pour restaurer l’abondance et la prospérité de nos pêches.

Le groupe déplore toutefois que les écosystèmes marins et les communautés côtières qui en dépendent continuent de payer le prix pour la lenteur des progrès liés au rétablissement des stocks de poissons au Canada que devrait permettre cette loi.

L’organisme sans but lucratif somme ainsi Ottawa d’appliquer la loi fédérale sur la pêche et d’adopter des politiques qui permettront de rétablir les populations de poissons.

Aujourd’hui, seuls 35 % des stocks de poissons du Canada sont en bonne santé. Mais avec des mesures appropriées, ce chiffre pourrait atteindre 80 % d’ici dix ans, ce qui garantirait la santé à long terme de nos océans et des communautés qui en dépendent, peut-on lire dans le rapport.

Josh Laughren.

Josh Laughren, directeur général de l’organisme Oceana Canada. PHOTO : GRACIEUSETÉ : OCEANA CANADA/NEIL EVER OSBORNE.

La gestion des pêcheries a été incohérente, ce qui continue à freiner la reconstitution des populations de poissons à travers le Canada , lance Rebecca Schijns, une scientifique des pêches avec Oceana.

Il y a un manque de volonté politique et de vision afin de définir ce qu’est un océan en santé. Dans les deux cas, c’est qu’il manque un plan, dit-elle. Il faut tirer parti de la législation et des politiques en place pour y arriver.

Oceana dénonce notamment que des décisions sont parfois prises sans tenir compte des avis des scientifiques du MPO.

Mme Shijns cite en exemple la réouverture de la pêche à la morue et les importants quotas accordés pour le sébaste font en sorte que les lois fédérales ne sont pas appliquées de manière consistante.

Transformation de sébaste

Oceana Canada est d’avis que la ministre fédérale des Pêches a fait fit des données scientifiques lorsqu’elle a fixé le quota de pêche au sébaste. PHOTO : RADIO-CANADA / LUC MANUEL SOARES

Dans le cas du sébaste, le rapport note par exemple que de réouverture de la pêche comprenait de nouvelles mesures de gestion même si l’espèce n’est pas encore inscrite dans les dispositions relatives aux stocks.

La ministre a remis en cause ces mesures solides et scientifiquement fondées en fixant un quota plus du double de celui initialement proposé, risquant ainsi de compromettre son rétablissement et celui d’autres poissons de fond, souvent capturés en prises accessoires, déplore le rapport de l’organisme.

Mme Shijns ajoute qu’un plan doit aussi être mis en place afin de protéger les populations de hareng dans le golfe du Saint-Laurent et que les décisions liées à sa gestion ne respectent pas les avis scientifiques.

C’est un autre poisson essentiel qui fait l’objet d’une pêche importante et il faudrait un plan afin que l’espèce puisse se rétablir, dit-elle.

Des morues sur un bateau de pêche.

Ottawa a levé le moratoire sur la pêche commerciale à la morue du Nord le 26 juin 2024. PHOTO : ASSOCIATED PRESS / ROBERT F. BUKATY

Selon Mme Schijns, le rétablissement de l’industrie de la morue permettrait de générer des revenus cinq fois plus importants qu’en ce moment et de créer 16 fois plus d’emplois. La reconstruction des stocks de maquereau et de hareng dans le golfe Saint-Laurent et la baie de Fundy rapporterait une somme estimée à environ 450 millions de dollars, peut-on lire dans le rapport de l’organisme.

Pour y arriver, ces espèces ont toutefois besoin de temps pour se reproduire et se reconstituer, chose qui a été impossible en raison des pressions exercées par l’industrie de la pêche et le réchauffement des océans.

Les poissons sont confrontés à de nombreux obstacles, dit-elle. Réduire l’effort de pêche à court terme tout en permettant une pêcherie pour les espèces en santé peut permettre de créer une industrie plus équilibrée et profitable.

20 recommandations

Rebecca Schijns ajoute qu’une approche collaborative s’impose et que les parties prenantes devront accorder leur confiance à la démarche. Les pêcheurs pourraient ainsi bénéficier de compensations ou d’allocations pour des espèces qui se pêchent avec les mêmes équipements que celles qui font l’objet d’efforts de conservation.

Il y a des solutions qui peuvent être mises en place à court terme qui permettra de reconstituer les stocks en danger critique d’extinction, ajoute-t-elle.

Oceana met de l’avant une vingtaine de recommandations afin que le MPO utilise les connaissances et les outils politiques à sa disposition pour respecter ses engagements.

Oceana Canada rappelle que les dispositions de la Loi sur les pêches relatives au rétablissement des stocks ne s’appliquent aujourd’hui qu’à 30 stocks sur près de 200 espèces que l’on retrouve au Canada. L’organisme souhaite que les protections offertes par la loi s’appliquent à toutes les populations de poissons d’ici 2025, une étape essentielle afin de garantir une pêche plus prévisible, et de prendre des décisions de gestion conformes à la loi.

Le ministère des Pêches et des Océans a refusé la demande d’interview de CBC.

Des harengs dans un contenant tenu par une main.

Dans son rapport, Oceana indique que les réductions imposées dans le nombre de captures admissibles des géniteurs d’automne du hareng atlantique dans le sud du golfe du Saint-Laurent sont beaucoup trop modestes. PHOTO : CBC / DOUG KERR

Dans une déclaration écrite, une porte-parole a indiqué que le MPO compte examiner les recommandations formulées par Oceana Canada et qu’Ottawa s’engage à appliquer une pêche prudente et durable qui protège les précieux écosystèmes marins.

Le ministère de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches du Nouveau-Brunswick a refusé d’accorder une interview à ce sujet.

Nous continuerons à travailler avec l’industrie de la pêche du Nouveau-Brunswick et de collaborer avec le MPO afin d’appuyer une industrie de la pêche durable, peut-on lire dans une déclaration écrite envoyée par courriel.

La Fundy North Fisherman’s Association et la Grand Manan Fishermen’s Association ont dit vouloir prendre connaissance des recommandations qui figurent dans le rapport d’Oceana avant de les commenter.

LA UNE : Oceana met de l’avant une vingtaine de recommandations afin que le MPO utilise «les connaissances et les outils politiques à sa disposition pour respecter ses engagements» en matière de protection des espaces marines. PHOTO : RADIO-CANADA / RENÉ GODIN

PAR Radio-Canada avec des informations de CBC