Après cette détection initiale, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a procédé à des activités de traçage qui ont permis de découvrir que ces deux maladies se sont déjà propagées le long de la côte sud-est du Nouveau-Brunswick.
On en a tout le long de la côte jusqu’à Néguac, la zone de contrôle primaire est en place et va de la frontière avec la Nouvelle-Écosse jusqu’au sud de Tracadie donc presque l’entièreté de la côte est sous une zone de contrôle
, explique Gregg Ferrara de l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Ces maladies augmentent le niveau de mortalité des huîtres, réduisent leur croissance et affectent le taux de reproduction. Dans les années 1950 et 1960, la MSX a détruit des fermes d’huîtres aux États-Unis.
L’industrie ostréicole retient son souffle
La présence de la maladie MSX et du dermo est donc source d’inquiétude pour les ostréiculteurs comme Serge Gaudet qui travaille dans l’industrie depuis plus de 30 ans.
Il est propriétaire de plusieurs sites et élève environ 13 millions d’huîtres dans l’eau. Il emploie 16 personnes dans son entreprise Aquador à l’Aldouane dans le comté de Kent.
Ça m’inquiète c’est certain, ça va affecter le rendement de nos fermes.
Il suit la situation de près et fait beaucoup de lecture sur le sujet. Il espère que ces maladies ne feront pas trop de ravages. Surtout que pour produire une huître de bonne qualité, il faut quatre ans.
C’est certain que pour rebâtir, ça va prendre un trois à quatre ans minimum, si on a des problèmes avec des hautes mortalités, sans aide financière, ça va être très très difficile à rebâtir
, croit-il.
Serge Gaudet tente tant bien que mal de rester positif. Il croise les doigts que la situation ne soit pas si grave et qu’on a une période d’adaptation.
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L’Agence canadienne d’inspection des aliments, qui prend la situation très au sérieux, fait toutefois preuve d’un optimisme très prudent au regard de la situation à l’Île-du-Prince-Édouard. Dans la province voisine, des traces de la MSX ont été détectées l’été dernier et la maladie est aujourd’hui présente dans toutes les zones de pêches.
Toutefois, Gregg Ferrara explique que la détection de la maladie n’a, à l’heure actuelle, pas signé l’arrêt de mort de tous les sites. Tous les ostréiculteurs ne sont pas tous touchés de la même manière. Certains ne voient pas de haut taux de mortalité.
On voit des sites où les huîtres semblent en bonne santé et lorsqu’on les a testées, elles sont sorties positives pour la MSX. Tandis qu’il y en a d’autres qu’on a testé que c’est clair que les huîtres ne sont pas en bonne santé. Il y a un peu d’incertitude en ce moment
, détaille Gregg Ferrara.
Économie importante pour le Nouveau-Brunswick
Le Nouveau-Brunswick est un gros joueur dans la production d’huîtres en Amérique du Nord. La province est la troisième plus grande productrice d’huîtres au pays, après la Colombie-Britannique et l’Île-du-Prince-Édouard. Le Nouveau-Brunswick produit 20 % des huîtres au Canada et les ventes représentent près de 25 millions de revenus.
Il y a près de 500 sites de culture d’huîtres dans la province, ces sites sont principalement situés sur la côte acadienne et plus de 600 personnes travaillent dans cette industrie.
L’agence d’inspection des aliments dit avoir des discussions hebdomadaires avec les gens de l’industrie de l’ostréiculture. C’est clair qu’ils sont inquiets, ils veulent savoir ce qui s’en vient, comment ils vont être affectés. Ils veulent essayer de trouver une sorte d’huîtres qui serait résistante. Donc il y a beaucoup de discussions. Il y a tout de même beaucoup d’incertitudes sur comment nous allons pouvoir vivre avec ces maladies-là.
De l’argent pour la recherche
La semaine dernière, la ministre fédérale des Pêches, Diane Lebouthillier a annoncé 850 000 $ pour la recherche sur la MSX et le dermo. Les gens de l’industrie misent beaucoup sur la recherche pour faire face à cette crise.
Les projets de recherches qui ont été annoncés, c’est un début. Va falloir poursuivre les recherches pour s’adapter et apprendre à vivre avec ces maladies-là
, soutient Greg Ferrara de l’agence d’inspection des aliments.
Sans la recherche je crois que ce sera la fin de notre industrie
, affirme Serge Gaudet, qui cultive des huîtres depuis qu’il a 19 ans.
Les producteurs d’huîtres vont devoir composer avec ces maladies en plus des tarifs douaniers imposés par les États-Unis où ils exportent plus de 50 % de leur production.
LA UNE : La maladie MSX et le dermo gagnent du terrain le long de la côte acadienne. (Photo d’archives) Photo : Gracieuseté/Raymond d’Entremont
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