La production d’huîtres en péril en Gaspésie et aux Îles

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En raison de la présence de maladies qui s’attaquent aux huîtres à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, les producteurs régionaux ne peuvent plus y acheter des huîtres pour leur élevage, ce qui menace la survie de leur entreprise.

En novembre, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a confirmé, pour la première fois, la présence de la maladie de la sphère multinucléée inconnue (MSX) ainsi que la perkinsose, aussi appelée dermo  au Nouveau-Brunswick.

Ces deux maladies ne présentent aucun risque pour la santé humaine ni pour la salubrité des aliments, mais elles peuvent décimer les élevages d’huîtres et perturber leur croissance.

Face à la propagation de ces maladies au Nouveau-Brunswick, mais aussi à l’Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse, l’ACIA a interdit le transfert des huîtres des zones contaminées vers les secteurs exempts de maladie.

Une carte des Maritimes avec des zones colorées.

La situation est problématique pour les producteurs d’huîtres de la Gaspésie et des Îles qui s’approvisionnent au Nouveau-Brunswick pour garnir leur élevage respectif.

Selon le Regroupement des mariculteurs du Québec, il n’existe actuellement aucune écloserie ou aucun élevage d’huître au Québec qui pourrait fournir les ostréiculteurs madelinots et gaspésiens.

Ça rend tous les producteurs stressés, personne ne sait à quoi s’attendre, lance le copropriétaire de la Ferme maricole du grand large de Carleton-sur-Mer, William Bujold.

William Bujold s'est lancé en 2016 dans la commercialisation des huîtres

 

Celui qui achète habituellement entre 250 000 et 500 000 huîtres matures au Nouveau-Brunswick pour les immerger dans l’eau de la baie des Chaleurs ne sait pas s’il pourra continuer ses activités commerciales.

Personnellement, ça va nous affecter parce qu’on ne peut plus rien transférer du bord du Québec. Notre saison 2025 s’annonce assez désastreuse.

Une citation de William Bujold, producteur d’huîtres

Le constat est le même du côté de l’entreprise Cultures du large aux Îles-de-la-Madeleine. La ferme maricole s’approvisionne aussi au Nouveau-Brunswick pour acheter des huîtres à différents stades de maturité.

Si on n’est plus capable de s’approvisionner en huîtres, on ne pourra pas survivre, lance le copropriétaire Christian Vigneau.

Selon le président du Regroupement des mariculteurs du Québec, Sylvain Vigneau, aucun ostréiculteur de la Gaspésie et des Îles n’est actuellement équipé pour reproduire et élever des huîtres depuis le stade de naissains, c’est-à-dire au moment où elles ne mesurent que quelques millimètres.

Il n’existe pas beaucoup de solutions à court actuellement. Les pistes de solution sont beaucoup plus du long terme, mais, en contrepartie, il faut que les entreprises survivent.

Une citation de Sylvain Vigneau, président du Regroupement des mariculteurs du Québec

Sylvain Vigneau souligne qu’une huître peut prendre jusqu’à cinq ans pour atteindre le stade commercial.

Bien que la Ferme maricole du grand large et les Cultures du large mentionnent qu’ils ont encore des stocks d’huîtres pour démarrer leur saison 2025, la poursuite de leurs activités au-delà de quelques semaines est incertaine.

Trois caisses pleines d'huîtres mortes.

C’est inquiétant, affirme le président du Regroupement des mariculteurs du Québec, Sylvain Vigneau. C’est une jeune industrie qui commençait à se développer au Québec. Les producteurs commençaient à développer leur marché, ces huîtres-là sont attendues sur le marché. Cette maladie-là est assez grave, donc c’est très inquiétant pour la prochaine année et les suivantes.

Des démarches politiques

Le Regroupement des mariculteurs multiplie les rencontres auprès de l’Agence canadienne de l’inspection des aliments et du ministère québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation pour tenter de trouver des solutions.

Il faut trouver des solutions pour que les entrepreneurs puissent transférer des huîtres ou les aider autrement pour passer au travers la crise pour passer à travers les prochaines années, lance Sylvain Vigneau.

Sans minimiser l’importance de la maladie MSX, Sylvain Vigneau souligne que celle-ci peut demeurer latente durant des années sans causer la mortalité des huîtres. Il affirme aussi qu’aucun banc d’huîtres sauvages n’est présent en Gaspésie et aux Îles, ce qui réduit le risque de contamination hors élevage.

Une main tient une huître.

Ainsi, le Regroupement des mariculteurs du Québec souhaiterait que l’ACIA permette le transfert d’huîtres chez les producteurs de la région.

Le risque concerne beaucoup plus les producteurs, soutient-il. Ce sont eux qui prennent le risque financier et la probabilité que la maladie se développe et détruise ses stocks. Si le producteur ne prend pas ce risque, il n’aura plus d’huîtres et va disparaître de toute façon.

Il n’y a pas d’huîtres sauvages ici, qu’est-ce qu’on protège en interdisant les transferts?, questionne l’ostréiculteur William Bujold. Personne ne peut vraiment répondre à cette question en ce moment.

Pêches et Océans Canada a récemment investi plus de 850 000 $, pour soutenir la recherche scientifique sur les maladies affectant les huîtres.

LA UNE : Le producteur d’huîtres William Bujold de Carleton-sur-Mer craint que la présence de maladies dans les Maritimes sonne le glas de son entreprise. (Photo d’archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

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