Les pêcheurs madelinots ont officiellement pris la mer pour la 150e saison de pêche au homard de l’archipel, accompagnés de feux d’artifice et de la frénésie d’un public matinal. Malgré l’ambiance de fête, les homardiers prennent le large sous le signe de l’incertitude économique.
Le temps est arrivé, il faut qu’on prenne le large
, annonce le capitaine-propriétaire Germain Cyr, fébrile. Il y a une belle température, mais il faut être vraiment prudent aujourd’hui
, indique pour sa part le homardier Lauréat Deraspe. Tous les bateaux sont pleinement chargés de cages.
Il s’agit de la quarantième saison de pêche pour Steeve Samson, bien excité, comme chaque année
, se décrit-il.
On est libres, on est sur l’eau, on est bien.
Des feux d’artifice ont éclairé le ciel de Grande-Entrée pour l’occasion. Des Madelinots se sont massés en grand nombre sur les quais pour assister au spectacle. C’est féérique, c’est comme le Carnaval de Québec!
raconte Claude Pelletier, venu de Berthier-sur-Mer, dans Chaudière-Appalaches.

La jeune Audrey Dixon s’est levée tôt pour soutenir son père pêcheur. Depuis que je suis toute jeune, je viens le voir à chaque mise à l’eau.
Le maire des Îles-de-la-Madeleine fait partie des lève-tôt qui ont assisté au départ des homardiers, devenu une tradition de longue date. Il y a 150 ans, c’était avant l’invention de la voiture, c’était huit ans après la Confédération, après la création du pays
, raconte Antonin Valiquette. Donc, ça fait longtemps qu’on pêche le homard aux Îles-de-la-Madeleine.
Encore une fois, l’effervescence est au rendez-vous, avec les bateaux chargés de cages.

Une 150e saison dans l’incertitude économique
Malgré l’ambiance de fête, les homardiers restent préoccupés par le contexte économique actuel. La Chine a imposé des tarifs douaniers de 25 % sur les fruits de mer canadiens et la menace américaine plane toujours sur la tête des pêcheurs.
On n’a aucune idée du prix encore
, indique le capitaine-propriétaire Lauréat Deraspe. Ça va dépendre de ce que Trump va faire de l’autre bord.
Le prix à la livre du crustacé est connu après le début de la saison, une réalité unique pour ces pêcheurs, d’après lui.
On est rendus en 2025, on va chercher du poisson et on ne sait même pas le prix qu’on va avoir.
Nous autres, on est à la merci, on investit des gros montants d’argent, mais on ne sait jamais
, témoigne le capitaine-propriétaire Germain Cyr.

Je suis convaincu que je vais perdre de l’argent
, annonce-t-il avant de quitter le quai. Comme ça, je n’aurai pas de surprise!
Je suis confiant : le homard va être au rendez-vous. C’est juste que je ne sais pas ce qui va se passer pour le marché et les prix.
L’an dernier, les pêcheurs madelinots ont ramené à quai près de 7400 tonnes de homard, un record historique. La valeur totale des débarquements s’est élevée à 115 millions de dollars.
LA UNE : C’est sous les feux d’artifice que les homardiers ont pris la mer aux Îles-de-la-Madeleine samedi matin. Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose