Anglophones, isolées sur leur île dans un archipel majoritairement francophone, les familles de Grosse-Île vivent au rythme de la pêche, de ses enjeux économiques et des dangers de la mer et du métier. C’est cette histoire que présente la série The Last Captains.
L’équipe de Vancouver a filmé d’avril à octobre des pêcheurs qui le sont de génération en génération. Cinq pêches, homard, maquereau, crabe, pétoncle, thon, ont été mises de l’avant.
Toutefois, la vedette, c’est le village.
La vie à Grosse-Île est ponctuée de voyages de pêche, et pas seulement à bord des bateaux. Même si moi-même, je ne pêche pas, observe une des participantes de la série, Nancy Clark, j’ai grandi dans une famille de pêcheurs, de constructeurs de bateaux, mon conjoint pêche. Même si je ne suis pas sur l’eau, je comprends bien le métier.

Le caméraman Manwe Darcy a vécu sept mois sur l’île. Il a été surpris de l’ampleur de la tâche des pêcheurs. Il faut travailler de très longues heures parce qu’ils veulent finir leur boulot. Tu commences de très bonne heure, tu finis très tard puis tu es en plein milieu de la mer, tu es dans la nature. C’est vraiment fou comment le monde travaille fort.
Les marins, raconte-t-il, doivent se battre contre la nature, contre la mort, la mer. Les petites familles sont toutes un peu reliées
, raconte-t-il. Elles craignent toutes pour leurs proches.
C’est un métier où les accidents peuvent arriver assez vite avec du cordage. Des fois, c’est la température, des fois, c’est l’équipement. C’est un métier qui est un peu imprévisible
, confirme la Madelinienne Nancy Clarke, dont la voix ouvre la série.
Manwe Darcy en retient une expérience hors du commun. Les bateaux sont assez petits puis les places sont limitées. Sur les bateaux, on est tout seul, il faut tout faire, comme le son, la caméra, un peu de direction. Tu fais partie de l’équipe de pêcheurs. C’est très chouette parce que, de temps en temps, je vais déposer la caméra et je vais les aider à pêcher, juste pour l’expérience.
Vivre sur l’île l’a aussi mis en présence d’autres réalités. Il y a le prix, le prix de tout, le prix des licences, le prix des bateaux, le prix du gaz, ça monte, ça monte. Puis les prix des produits comme le homard, ça, ça reste stable. Il y a le défi de ça. Puis, il y a beaucoup de pêcheurs qui commencent très jeunes et qui se retrouvent avec de grosses dettes. Il faut que ça marche.
Nancy Clark a été au départ étonnée qu’on puisse vouloir tourner une série sur Grosse-Île. On pense que ce n’est pas vraiment intéressant, notre vie, mais en même temps, c’est assez unique comme vie. Tu es dans un petit village et tout le monde fait de la pêche. Ce n’est pas tout le monde qui a ce genre de vie.

Les 400 habitants du village ont été invités à visionner un épisode de la série la semaine dernière. Nancy Clark se dit fière du résultat, même si la production lui a paru intimidante. On n’est pas vraiment habitués à parler dans un micro, puis devant une caméra; ça peut être un petit peu stressant. Mais en même temps, c’est un changement du quotidien. Ça saisit un petit peu, mais on essaie de garder ça aussi naturel qu’on peut.
La première saison de The Last Captains commence sur Crave à compter de mercredi soir. Les huit épisodes seront aussi repris sur la chaîne USA Network.
Les Îles, site de tournage
Le tournage d’une deuxième saison serait en cours aux Îles, ce qui n’a toutefois pas été confirmé par la production.
Par ailleurs, d’autres équipes de tournage sont ou seront aux Îles. Jusqu’à la fin du mois, le site historique de la Grave, aux îles de la Madeleine, accueille une cinquantaine de personnes mobilisées pour la deuxième saison de la série québécoise Détective Surprenant.

Disney tournera aussi cet été. La maison Zone 3 y enregistrera des émissions de la téléréalité Épique, tandis que l’équipe de la série Temps de chien, qui se déroule entièrement aux Îles, reviendra tourner la prochaine saison.
Il y a quelque chose d’un peu flatteur à voir que les gens choisissent les Îles
, ne peut s’empêcher de commenter le député des Îles, Joël Arseneau. L’élu ajoute que ce sont des retombées économiques importantes pour l’archipel. Du même souffle, il déplore le peu d’incitatifs pour les équipes à tourner en région alors que les coûts y sont souvent plus importants.
LA UNE : Les bateaux sortent du port de Grosse-Île pour la mise à l’eau des casiers à homard aux îles de la Madeleine. PHOTO : RADIO-CANADA / PHILIPPE GRENIER