La population des Îles-de-la-Madeleine signe en grand nombre une pétition réclamant la modification des limites de la réserve écologique de l’île Brion pour y permettre la chasse aux phoques gris.
Lancée vendredi par l’Office de gestion du phoque de l’Atlantique, la pétition demande au ministère de l’Environnement d’exclure la plage de la réserve écologique, soit la zone où se tiennent les phoques.
L’idée de cette pétition est venue à la suite des constats d’infraction émis par le Ministère à l’endroit de huit chasseurs de phoques.
Le président de l’Office, Denis Longuépée, rappelle que les discussions et démarches ne datent pas d’hier,mais que la pétition viendrait démontrer que les chasseurs de phoques ont la population derrière eux.
Il indique qu’il s’agit d’un enjeu vital pour les Îles-de-la-Madeleine.
«Tout le monde signe. Le monde des Îles est vraiment tanné. Ça a un impact direct sur notre stock de poisson.» – Denis Longuépée, président de l’Office de gestion du phoque de l’Atlantique
M. Longuépée mentionne aussi que la pétition s’appuie sur le fait que le gouvernement fédéral a admis qu’il fallait contrôler la population de phoques qui prolifère.
Il rapporte que des scientifiques ont observé que les phoques gris partent de l’île de sable en Nouvelle-Écosse pour venir se nourrir dans le golfe Saint-Laurent et finir par s’y établir.
Denis Longuépée rappelle que le statut de réserve écologique avait été demandé en 1986.
«En 1986, il y avait environ 300 phoques gris à l’île Brion. Aujourd’hui, il y en a 10 000. Normalement, la population ne devrait pas dépasser les 3000 têtes.» – Denis Longuépée, président de l’Office de gestion du phoque de l’Atlantique
Dans tout le golfe Saint-Laurent, selon lui, il y aurait 500 000 phoques aujourd’hui alors qu’on parlait de 2000 à 3000 dans les années 1970.
M. Longuépée mentionne que les phoques mangent 18 fois plus de poisson que toute la ressource pêchée dans l’est du Canada.
Le président fait aussi valoir qu’il y a des débouchés pour les captures.
« On ne veut pas tuer pour tuer, justifie-t-il.
On est en train d’implanter une usine de transformation, il y a la boucherie Côte-à-Côte, le gras est récupéré par total Océan pour la production d’Oméga 3 et la fourrure est aussi vendue. Rien n’est gaspillé.
On ne veut pas exterminer les phoques, au contraire, on est en train d’installer des usines parce qu’on veut avoir un avenir avec ça. »
Un patrimoine négligé à protéger
La pétition réclame aussi la remise en état des infrastructures de l’île.
Les Madelinots voudraient que l’île Brion soit entretenue comme l’île Bonaventure, avec des infrastructures d’accueil et des sentiers. Elle deviendrait un atout supplémentaire pour l’industrie touristique puisqu’il n’y a aucune chasse l’été.
«Il y a une âme à l’île Brion. Il y a un cimetière. Une famille y a habité et nos ancêtres allaient y séjourner. Pour nous c’est un joyau. Ça fait partie de notre patrimoine.» – Denis Longuépée, président de l’Office de gestion du phoque de l’Atlantique
La pétition demande également une rencontre avec le ministère de l’Environnement et une mise à jour du plan de conservation de la réserve écologique.
La population est invitée à signer la pétition jusqu’au 6 mars. Elle sera remise au député Germain Chevarie qui la déposera à l’Assemblée nationale.
Un texte de Brigitte Dubé
LA UNE : Des phoques sur la plage de l’île Brion Photo : Radio-Canada.ca/Line Danis