Les touristes qui s’embarquent pour une croisière aux baleines sur la pointe de la péninsule gaspésienne vont, à l’occasion, faire des rencontres encore plus étonnantes. La semaine dernière dans la baie de Gaspé, un groupe de touristes a ainsi eu la chance d’apercevoir une tortue luth. Cette observation demeure toutefois assez rare.L’animal, qui plonge à plus d’un kilomètre de profondeur, peut demeurer sous l’eau pendant près d’une heure. Lorsqu’il remonte à la surface, on le confond souvent avec un phoque. Pourtant, il est souvent beaucoup plus gros. La tortue luth peut, en effet, atteindre une longueur de deux mètres et peser près d’une tonne métrique : il s’agit du plus gros reptile de la planète.Selon la biologiste du Réseau d’observation de mammifères marins, Stephanie Piedesaux, la présence de la tortue luth dans le golfe du Saint-Laurent pourrait être très ancienne. Même si cette observation n’a jamais été confirmée, certains rapportent que Jacques Cartier avait déjà vu des tortues luth dans l’estuaire du Saint-Laurent, raconte Mme Piedesaux. En fait, selon les spécialistes, la tortue luth nage dans les océans de la planète depuis 90 millions d’années.La présence de la tortue luth dans le golfe est, par contre, saisonnière puisque la tortue va pondre sur les plages des mers du sud, explique Stéphanie Piedesaux : « C’est une espèce qu’on associe souvent aux eaux tropicales mais à tort. Dans les faits, elle se nourrit de méduses ce qui fait qu’elle remonte souvent dans les eaux plus froides pour s’alimenter durant l’été. » Chaque tortue peut manger quotidiennement l’équivalent de son poids en méduses. C’est l’abondance et la répartition des méduses qui l’attirent sur certains sites de chasse et ce qui expliquerait la variation des observations d’une année à l’autre.Mme Piédesaux rappelle que la tortue luth est une espèce en voie de disparition. Elle n’est pas, souligne Mme Piedesaux, plus présente qu’auparavant dans le golfe même si on rapporte plus d’observations. « Il y a le phénomène de plus d’observateurs, plus de personnes qui font attention et plus de médiatisation », constate la biologiste. Martin Ouellet du Réseau d’observation des tortues marines, qui surveille la présence de la tortue luth dans le golfe depuis plusieurs années, est d’un avis différent. Il avance que l’animal serait peut-être en train d’effectuer un retour en raison de l’abondance de méduses de l’Arctique dans le Saint-Laurent. « J’ai fait cinq observations la semaine dernière », raconte-t-il, La tortue luth fait partie des espèces désignées comme menacées au Québec depuis 2010 et elle a été inscrite sur la liste des espèces en voie de disparition au Canada en 1981.Si on veut protéger la tortue, Stéphanie Piedesaux recommande de bannir les sacs de plastique que l’animal confond avec les méduses. Ingérer du plastique signifie souvent la mort pour l’animal.Pour sa part, le Réseau d’observation des tortues marines, qui tente d’en savoir un peu plus sur la présence de cette tortue dans le golfe, invite la population à signaler ses observations au 1-877-UneLuth (1-877-863-5884).