La tradition du jour du Souvenir acadien s’est poursuivie au lieu historique national de Skmaqn–Port-la-Joye–Fort-Amherst, le 13 décembre dernier. Environ cent personnes s’y sont réunies pour se rappeler le naufrage du navire Duke William, il y a 260 ans, mais aussi pour célébrer la vitalité de la communauté acadienne et francophone contemporaine.

«Il faut connaître notre histoire pour se lancer dans l’avenir avec assurance, et sentir notre cœur acadien pour mieux se comprendre. C’est ainsi que l’on peut s’épanouir et se rassembler pour apprécier ce à travers quoi nous sommes passés, et où nous sommes rendus aujourd’hui», déclare la lieutenante-gouverneure, Antoinette Perry, elle-même d’origine acadienne. C’était la première fois qu’elle assistait à ce titre au jour du Souvenir acadien, et elle a tenu à s’adresser à la vingtaine d’enfants présents dans la salle.
Le premier ministre, Wade MacLauchlan, était également présent pour exprimer quelques mots aux participants. Dans son discours en français, il a notamment souligné le nombre croissant d’étudiants dans les programmes francophones à l’Î.-P.-É. «Nous sommes une province qui a à cœur l’histoire acadienne, et qui apprend de ses leçons», a-t-il mentionné.

Vivre la culture
Quatre élèves, de l’École-sur-Mer (ÉSM) et de l’école La-Belle-Cloche, ont lu des témoignages d’Acadiens du passé, composés par l’historien et maître de cérémonie Georges Arsenault. La chorale de l’ÉSM a aussi interprété la chanson «Tout passe», une manière de les impliquer dans les traditions historiques.
«Mes propres parents avaient compris l’importance de garder notre histoire vivante, et ont su l’inculquer à leurs enfants. C’est important de la vivre, et de parler notre langue afin qu’elle se rallie à nos coutumes et traditions», constate Antoinette Perry. Un avis que partagent ceux qui étaient présents à la 11e édition de cette cérémonie.
«On a un devoir de s’assurer que nos ancêtres ne sont pas oubliés. Ils sont un aspect important de ce que l’on est aujourd’hui, et c’est grâce à leur ténacité et à celle de leurs descendants qu’on est toujours là. C’est important de comprendre qu’on a une histoire heureuse, mais aussi très malheureuse», avance la présidente de la Société Saint-Thomas-d’Aquin, Colleen Soltermann.
Entrée en poste le 27 octobre dernier, la présidente prononçait pour une première fois un discours public au nom de l’organisme. «C’est une occasion incomparable. On célèbre qu’on soit encore ici, mais on reconnaît aussi qu’il y a eu une atrocité», témoigne la présidente. Le 13 décembre 1758, le navire Duke William faisait naufrage avec 360 Acadiens à son bord. Quelques heures plus tôt, le navire Violet s’était également échoué, transportant 300 personnes.
Un lieu significatif
«Une majorité des Acadiens ont été déportés de ce site, c’est donc un lieu d’importance historique, mais aussi émotive, pour le peuple acadien», observe le gestionnaire des lieux historiques nationaux à l’Île-du-Prince-Édouard, Ocel Dauphinais-Matheson. Plus de 6000 visiteurs se rendent chaque année à Skmaqn–Port-la-Joye–Fort-Amherst pour profiter des sentiers, où ont été installés des panneaux d’interprétation historique. «C’est un lieu un peu hors des sentiers battus, les gens qui viennent veulent apprendre l’histoire des peuples acadien, mi’kmaq, français et britannique», témoigne le gestionnaire.
Cette histoire, les élèves la survolent dans leur programme de sciences sociales, mais Georges Arsenault aimerait qu’elle fasse l’objet d’une étude plus approfondie dans les écoles. «Ça a beaucoup plus de place qu’autrefois, mais il faut continuer à mettre des efforts pour faire connaître l’histoire acadienne et mettre les traditions à l’honneur. La Déportation est un élément important, mais ce n’est pas le seul, et la découverte de politiciens, d’artistes ou d’hommes d’affaires acadiens aide à valoriser la communauté», illustre-t-il.
La cérémonie du 13 décembre a permis de rassembler les enfants aussi bien que les figures politiques, un choix pas anodin. «D’entendre le premier ministre et la lieutenante-gouverneure parler français, cela peut faire réfléchir les enfants et leur donner le goût de faire plus de recherches», espère Georges Arsenault. Le croisement entre la relève et des représentants politiques peut donner lieu à des étincelles et, pourquoi pas, raviver la flamme.
– Par Ericka Muzzo
LA UNE : La communauté s’est réunie au lieu historique national Skmaqn–Port-la-Joye–Fort-Amherst, le 13 décembre dernier, pour se rappeler la tragédie de la Déportation, mais aussi pour célébrer la vitalité du peuple acadien.