Les effets de la grippe aviaire visibles du haut des airs au rocher aux Oiseaux

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Un biologiste d’Environnement Canada atteste des impacts significatifs de la grippe aviaire dans la colonie de fous de Bassan des îles de la Madeleine après l’avoir survolée par avion. Le 11 juillet, le Service canadien de la faune a survolé en avion le rocher aux Oiseaux, le site de nidification de la colonie de fous de Bassan des îles de la Madeleine, pour procéder à un inventaire aérien de la population.

Bien que les photos prises lors du survol de la colonie n’aient pas encore fait l’objet d’une analyse poussée, le biologiste responsable de l’inventaire, Jean-François Rail, affirme déjà sans hésitation que les impacts de l’influenza aviaire sont facilement observables.

2020, qu’il y a des endroits où les densités de nid sont plus faibles, où il semble y avoir des trous dans la colonie","text":"Sur les photos, les effets de la grippe aviaire sont visibles, c’est-à-dire qu’on voit tout de suite en regardant deux secteurs comparables, par rapport aux photos prises lors du dernier inventaire aérien en2020, qu’il y a des endroits où les densités de nid sont plus faibles, où il semble y avoir des trous dans la colonie"}}">Sur les photos, les effets de la grippe aviaire sont visibles, c’est-à-dire qu’on voit tout de suite en regardant deux secteurs comparables, par rapport aux photos prises lors du dernier inventaire aérien en 2020, qu’il y a des endroits où les densités de nid sont plus faibles, où il semble y avoir des trous dans la colonie, mentionne M. Rail qui réalise des inventaires aériens des fous de Bassan depuis 1994.

« On voit quand même un bon nombre de carcasses de fous de Bassan morts sur les photos. Tout de suite, on voit la différence. » — Une citation de  Jean-François Rail, biologiste aux populations d’oiseaux marins, Service canadien de la faune

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Il est encore trop tôt pour chiffrer avec précision le nombre de fous de Bassan toujours en vie dans la colonie madelinienne, qui comptait dans le passé environ 25 000 couples nicheurs, soit la deuxième en importance en Amérique du Nord après celle de l’île Bonaventure.

Plusieurs semaines de travail seront nécessaires pour analyser les photos et dénombrer les oiseaux avec précision sur l’ensemble de l’îlot rocheux.

Le Service canadien de la faune procède à des inventaires aériens des six colonies de fous de Bassan du pays depuis 1979 afin d’assurer un suivi des populations. D’abord réalisés aux cinq ans, les inventaires sont maintenant faits presque chaque année  depuis 2010, en raison des difficultés de reproduction de l’espèce.

La colonie est affectée de façon significative, ça c’est sûr, mais ce n’est pas étonnant compte tenu du nombre de carcasses trouvées sur les plages des îles de la Madeleine, souligne M. Rail.

Capture d’écran, le 2022-07-20 à 08.23.47

Plus de 5000 carcasses d’oiseaux ont été récupérées depuis la fin mai dans l’archipel, sans compter les 3000 amassées dans la péninsule acadienne au Nouveau-Brunswick.

Selon M. Rail, il est très probable qu’une bonne proportion des oiseaux morts retrouvés dans les provinces maritimes proviennent de la colonie madelinienne et non de l’île Bonaventure, contrairement à ce que certains spécialistes néo-brunswickois ont avancé.

Bonaventure par rapport à la situation des îles de la Madeleine, je me doute que les milliers de carcasses trouvées dans les autres provinces de l’Atlantique proviennent surtout de la colonie du rocher aux Oiseaux","text":"Si on regarde le nombre de fous de Bassan morts à l’îleBonaventure par rapport à la situation des îles de la Madeleine, je me doute que les milliers de carcasses trouvées dans les autres provinces de l’Atlantique proviennent surtout de la colonie du rocher aux Oiseaux"}}">Si on regarde le nombre de fous de Bassan morts à l’île Bonaventure par rapport à la situation des îles de la Madeleine, je me doute que les milliers de carcasses trouvées dans les autres provinces de l’Atlantique proviennent surtout de la colonie du rocher aux Oiseaux, mentionne-t-il.

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La colonie de l’île Bonaventure presque intacte

La semaine dernière, le biologiste responsable des populations d’oiseaux marins pour le Service canadien de la faune a également survolé l’île Bonaventure, au large de Percé.

Sur l’île gaspésienne, les effets de la grippe aviaire sont beaucoup plus subtils, voire invisibles, d’après lui.

2020","text":"À première vue, sur les photos, il n’y a pas de différence, du moins il n’y a rien de facilement perceptible, quand on compare avec les photos prises cette année avec celles du dernier recensement de2020"}}">À première vue, sur les photos, il n’y a pas de différence, du moins il n’y a rien de facilement perceptible, quand on compare avec les photos prises cette année avec celles du dernier recensement de 2020, explique M. Rail.Il y a l’air d’avoir autant d’oiseaux.

« On parle de quelques centaines de fous de Bassan morts, dans une colonie de plus de 100 000 individus qui nichent. Ça ne fait à peu près pas de différence visuellement. » — Une citation de  Jean-François Rail, biologiste aux populations d’oiseaux marins, Service canadien de la faune

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Le biologiste a également pu parcourir à pied à colonie de l’île Bonaventure, car elle est beaucoup plus accessible que celle du rocher aux Oiseaux qui est, elle, seulement atteignable par hélicoptère en dehors de la saison de nidification.

On voit que la reproduction va bien et que les jeunes oiseaux se font nourrir, souligne M. Rail. Pour un touriste qui cherche des signes de grippe aviaire, il n’y a à peu près rien de perceptible.

Un virus qui touche différemment les colonies

Lorsqu’on lui demande pourquoi la grippe aviaire n’a pas eu les mêmes effets dans les colonies madelinienne et gaspésienne, le biologiste Jean-François Rail, refuse de se perdre en conjectures

Je n’ai aucune hypothèse là-dessus, c’est vraiment un mystère, lance-t-il. Le phénomène a aussi été semblable pour les eiders à duvet qui ont été très touchés par la grippe aviaire dans l’estuaire du Saint-Laurent au Bas-Saint-Laurent, alors qu’il n’y avait à peu près pas de traces dans les colonies de la Côte-Nord.

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L’aspect jamais vu de l’épisode de grippe aviaire chez les oiseaux sauvages limite aussi les réponses quant à l’avenir des colonies fragilisées.

Ce qui est embêtant avec la grippe aviaire, c’est qu’on ne sait pas comment ça va évoluer, explique Jean-François Rail. La plupart des carcasses ne sont pas fraîches sur les photos, donc les oiseaux ne sont pas morts très récemment. Donc, ça semble avoir été une vague qui a passé de façon assez foudroyante, mais est-ce qu’il va y avoir d’autres vagues, est-ce que ça peut revenir l’an prochain? Ce sont toutes des questions auxquelles je ne peux répondre pour le moment et je pense que personne n’a de réponse.

LA UNE : Le rocher aux Oiseaux est difficilement accessible, d’où l’importance de faire des inventaires aériens de la colonie de fous de Bassan. Situé à 32 km au nord de Grosse-Île, dans l’archipel madelinot, l’îlot rocheux est seulement accessible par hélicoptère. PHOTO : SERVICE CANADIEN DE LA FAUNE

PAR Isabelle Larose