Protéger les berges québécoises ne sera pas une mince affaire

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Le passage de la tempête post-tropicale Fiona dans l’est du pays a causé de lourds dommages dans plusieurs provinces, notamment au Québec. À la suite de sa visite aux Îles-de-la-Madeleine, François Legault a annoncé l’injection de 100 millions de dollars supplémentaires pour lutter contre l’érosion des berges. Ce montant est-il suffisant?

Cheffe des analyses socioéconomiques chez Ouranos et professeure au département de géographie de l’UQAM, Ursule Boyer-Villemaire est claire : C’est un ou deux ordres de grandeur en dessous de ce que ça représente comme dommages anticipés au cours des prochaines décennies.

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Des plages nord-côtières sont elles aussi affectées par l’érosion des berges (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / BIS PETITPAS

Même si cette somme de 100 millions de dollars s’ajoute au même montant déjà annoncé précédemment, Ursule Boyer-Villemaire précise que dans de plus grosses infrastructures, ça peut aller jusqu’à quelques millions au mètre linéaire.

Il faudra par ailleurs tenir compte des changements climatiques dans les calculs de coûts.

« Il faut réparer, mais plus fort que les anciennes structures, parce qu’il faut dorénavant intégrer les changements climatiques […]. » — Une citation de  Ursule Boyer-Villemaire, cheffe des analyses socioéconomiques chez Ouranos

Donc, il faut surdimensionner et avoir une marge de sécurité. Ça, déjà, ça coûte plus cher, ajoute-t-elle.

Face aux grandes dépenses que la protection des berges risque de nécessiter au cours des prochaines années, Ursule Boyer-Villemaire conclut qu’on ne pourra pas réparer et protéger toutes les berges.

« Il y a donc des choix difficiles : où est-ce qu’on choisit de protéger? Où est-ce qu’on choisit de transformer les usages au bénéfice de tous? » — Une citation de  Ursule Boyer-Villemaire, cheffe des analyses socioéconomiques chez Ouranos

À titre comparatif, en 2020, le maire des Îles-de-la-Madeleine a demandé 80 millions de dollars sur 10 ans uniquement pour adapter la région aux changements climatiques.

Territoire propice à l’érosion

Mme Boyer-Villemaire explique que le Québec est vulnérable au phénomène de l’érosion : Dans le golfe du Saint-Laurent et dans l’estuaire, on part un peu avec une dette.

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Les scientifiques estiment qu’à certains endroits en Gaspésie, le littoral pourrait perdre plusieurs mètres d’ici la fin du siècle (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ANTOINE SIROIS

Le continent est distinct puisqu’il s’enfonce tranquillement à cause de la présence d’un glacier il y a plusieurs milliers d’années. Le rehaussement marin est quelque peu doublé, explique Ursule Boyer-Villemaire.

« En plus de ça, le Gulf Stream, donc l’Atlantique Nord, se réchauffe, et ça, c’est vraiment un réservoir de carburant pour les ouragans. » — Une citation de  Ursule Boyer-Villemaire, cheffe des analyses socioéconomiques chez Ouranos

On a des rivages qui sont jeunes : on voit des falaises d’argile, des falaises de sable… Tout ça, c’est très sensible à tous les changements qui se produisent à cause des vagues, des tempêtes, des marées, etc., souligne Ursule Boyer-Villemaire.

La géographe-océanologue rappelle finalement que les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement en matériaux de construction, touchées par l’instabilité géopolitique et par l’inflation en général, risquent eux aussi d’entraîner des coûts supplémentaires.

LA UNE : À Havre-aux-Maisons, aux Îles-de-la-Madeleine, les falaises du cap Alright (Le Moine-Qui-Prie) sont grugées par l’érosion (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE