Le loup-marin des Îles au centre d’un projet de réconciliation

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La communauté inuite d’Ottawa peut maintenant être approvisionnée en viande de phoque fraîche des Îles-de-la-Madeleine grâce à une initiative de réconciliation et d’échanges culturels.

Depuis octobre 2021, dans le cadre du projet Reconseal (un nom qui réfère aux mots réconcilier et phoque en anglais), une douzaine de chasseurs madelinots et inuits participent à des sorties de chasse organisées aux deux mois dans l’archipel.

Le projet est axé sur le phoque gris, qui se capture presque à l’année, aux Îles, alors que les Inuits sont plutôt habitués à manger du phoque annelé, barbu et du phoque du Groenland, en Arctique. Le phoque occupe une place importante dans leur régime alimentaire.

«Le phoque gris est délicieux! dit sans hésiter Jushua Illauq, un ainé hautement respecté de la communauté inuite d’Ottawa, à qui nous avons parlé. Et la nourriture sauvage est précieuse pour le corps et l’esprit.»

Il souligne que cette viande de loup-marin des Îles vient diversifier les approvisionnements en viande sauvage des siens, jusque-là constitués essentiellement de caribou, de baleine et d’omble chevalier.

L’initiative de rapprocher les deux communautés revient au Madelinot Yoanis Menge et à l’Inuit Ruben Komangapik, tous les deux artistes et chasseurs, en plus d’être des amis.

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Selon eux, leurs communautés respectives ont souffert de divisions provoquées par les campagnes anti-chasse qui ont mené au boycottage des produits du phoque en Europe, en 2009.

«Certains Inuits ont été pris au piège de la désinformation et ont perçu les Madelinots comme des barbares qui portaient atteinte à la réputation des chasseurs», raconte M. Menge, qui est aussi président de l’Association des chasseurs de phoque intra-Québec (ACPIQ).

«Mais aujourd’hui, nos deux cultures travaillent ensemble pour réparer ce problème que les animalistes ont engendré», enchaine M. Komangapik, qui est pour sa part vice-président du centre des arts inuits Isaruit, à Ottawa.

L’abattage des loups-marins et leur découpe à même les lieux de chasse se fait suivant les méthodes traditionnelles propres aux Inuits. Moins de 24 heures s’écoulent entre l’abattage des proies, le découpage de la viande en portions prêtes à consommer, l’emballage sous vide, puis la congélation. La chaine de froid est également maintenue lors du transport par camions frigorifiés jusqu’aux entrepôts et congélateurs des organisations réceptrices.

«C’est ce qui assure la fraicheur du phoque, indique Yoanis Menge. Et le fait qu’on en chasse moins à la fois et qu’on en chasse régulièrement, ça permet un approvisionnement régulier.»

Pour sa part, Beverly Illauq, coordonnatrice du centre Isaruit se félicite que toute la bête, incluant la peau et les os, soit récupérée à des fins artistiques et de transmission des savoirs ancestraux.

«Nous traitons les peaux de manière traditionnelle et nous offrons des ateliers de formation sur leur nettoyage, tannage et couture qui permettent les échanges entre les jeunes et les ainés, expose-t-elle. Ça permet aux gens de parler de leur culture et aux ainés de prodiguer leurs conseils.»

La communauté inuite d’Ottawa est la plus importante en milieu urbain, selon le recensement 2021 de Statistique Canada. Elle compte 1730 personnes, un nombre qui exclut les nombreux visiteurs de passage et les sans-abris.

 

LA UNE : Hélène Fauteux / AGENCE QMI

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