Le gouvernement du Québec prépare le terrain en vue de maintenir la production des parcs éoliens dont le contrat avec Hydro-Québec prendra fin au cours des prochaines années. Mais pour l’instant, tout porte à croire que les promoteurs privés continueront d’engranger 100 % des profits et que les municipalités et MRC devront se contenter de miettes, déplore l’Alliance de l’énergie de l’Est.
Il y a 20 ans, lors du premier appel d’offres éolien, les élus locaux et les citoyens étaient plutôt mal préparés. Il a fallu des années avant que les municipalités et les MRC du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine développent un modèle de partenariat avec les entreprises privées et deviennent actionnaires des nouveaux parcs éoliens sur leur territoire.
En plus des redevances, les revenus issus de chaque tour de pales pouvaient désormais être partagés, à parts égales, entre les promoteurs privés et les MRC. Au tournant du siècle, pour les premiers parcs, c’était loin d’être le cas. Le milieu local devait se contenter de simples redevances.
Mais l’Alliance de l’énergie de l’Est, issue du regroupement des municipalités et MRC du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, vivait d’espoir. Celui qu’au bout de 30 ans, l’erreur soit corrigée et que le gouvernement du Québec oblige les propriétaires des premiers parcs à céder une partie de leurs actions aux municipalités et MRC de la région pour voir leur contrat être prolongé.
Un communiqué publié jeudi par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a cependant des effets de douche froide pour le président de l’Alliance de l’énergie de l’Est et préfet de la MRC de Rivière-du-Loup Michel Lagacé. Mettons que c’est pas la plus meilleure nouvelle du jour
, dit-il.
Le communiqué mentionne que Québec vise la prolongation de l’achat d’électricité de certains contrats d’approvisionnement éoliens existants
. Les parcs éoliens concernés sont ceux dont les contrats devaient finir d’ici 2032.
Nulle part on y mentionne que le projet de règlement – qui constitue un premier jalon menant vers un programme d’achat d’électricité
– entraînera une augmentation des retombées dans les communautés locales, que ce soit par l’actionnariat ou autre.

Au mieux, le rachat d’énergie permettra de maintenir les retombées pour les communautés d’accueil.
Maintenir, un verbe qui signifie : faire garder une position, conserver dans le même état
, selon le dictionnaire Larousse.
Selon l’élu, Québec déroule le tapis rouge aux promoteurs privés et met de côté un modèle de partenariat qui a permis de distribuer des millions de dollars en revenus aux municipalités.
Il dit s’inquiéter aussi à propos des redevances, c’est-à-dire le montant versé annuellement par le promoteur à la municipalité ou MRC qui accueille un parc éolien. À ne pas confondre avec les bénéfices ou les profits que se partagent les seuls actionnaires.
$ du mégawatt en redevances et à l'époque des premiers parcs, c'était 2000$","text":"Aujourd'hui, nous sommes à 6277$ du mégawatt en redevances et à l'époque des premiers parcs, c'était 2000$"}}">Aujourd’hui, nous sommes à 6277 $ du mégawatt en redevances et à l’époque des premiers parcs, c’était 2000 $
, fait valoir M. Lagacé.
Est-ce à dire que les municipalités qui hébergent les parcs les plus anciens continueront de recevoir moins d’argent que celles qui ont eu la chance d’avoir été retenues plus tard dans le processus? Ça ne semble pas être traité dans les prolongations tel qu’on le voit
, se désole Michel Lagacé.

Parce que le règlement n’est qu’au stade de projet et qu’une période de consultation de 45 jours est ouverte, Michel Lagacé ne jette pas la serviette. Les détails du projet de règlement ne sont pas encore accessibles et souvent, le diable se cache dans les détails, rappelle-t-il.
Au moment de publier ces lignes, soit plus de 20 heures après la parution du communiqué de presse, ni le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie ni l’attachée de presse du ministre Pierre Fitzgibbon n’avaient répondu à nos questions.
Plus de 1000 MW essentiels et à moindre coût

Le nouveau programme d’achat d’électricité qui maintiendra en vie les anciens parcs éoliens ne passera vraisemblablement pas par un appel d’offres. Concrètement, cela ne devrait pas changer grand-chose pour ceux qui habitent tout près. Le site, la technologie et la puissance installée demeurent inchangés
, peut-on lire dans le communiqué de presse.
Ainsi, les 10 parcs dont le contrat vient à échéance avant 2032 continueront de produire un total de 1143,1 MW d’énergie renouvelable, et ce, à un prix moindre
, selon le Ministère.
Selon le Ministère, les parcs les plus anciens sont en bon état et leur durée de vie utile excède la période couverte par les contrats
, soit 30 ans.
LA UNE : Éoliennes au crépuscule en Matanie (Photo d’archives). PHOTO : RADIO-CANADA
PAR Michel-Félix Tremblay