Chasse aux phoques : les Madelinots en réflexion

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L’Association des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine a déposé une étude sur la relance de l’industrie.

L’étude trace le portrait de la chasse et de son évolution au cours des 30 dernières années. Une des solutions avancées par cette étude, financée par le ministère des Pêcheries et de l’Alimentation, est de regrouper les activités de l’abattoir régional et celles du centre de traitement des carcasses de loups-marins. Le regroupement permettrait de rentabiliser les activités avec une capacité d’abattage de 25 000 à 30 000 phoques par année.


Une chasse en déclin

  • Les embargos européen et russe ont fait mal à l’industrie, qui a dû se tourner vers d’autres marchés, dont l’Asie.
  • L’absence de banquise ou des glaces trop épaisses ont entravé la chasse au cours des dernières années.
  • Au printemps dernier, un seul bateau a participé à la chasse. Il est revenu avec seulement 150 bêtes. La boucherie Côte-à-Côte a dû importer 2500 carcasses de phoques de Terre-Neuve pour répondre à la demande.
  • L’entreprise Tamasu, qui traitait les différents produits du phoque, dont la peau et la graisse, n’a pas pu relancer ses activités à la suite de l’incendie de ses installations.

 

Retour de la chasse aux blanchons?

Une autre proposition de l’étude vise un changement majeur dans la réglementation fédérale sur la chasse aux phoques. D’après le président des chasseurs de phoques, Denis Longuépée, trois éléments doivent être modifiés.

D’abord, dit-il, la présence des observateurs doit être remise en question. Chaque année, la chasse attire des observateurs qui doivent obtenir un permis de Pêches et Océans Canada. Les règles d’observation stipulent que les observateurs sans permis doivent rester à une distance d’au moins un demi-mille nautique, et que ceux qui ont un permis ne doivent pas s’approcher à moins de 10 mètres du site de chasse. Denis Longuépée croit que ce n’est pas suffisant : « Les observateurs nuisent définitivement à la chasse. »

La longueur des bateaux doit aussi être revue, d’après M. Longuépée. « Aujourd’hui, explique-t-il, on chasse avec des bateaux de 65 pieds et moins. On devrait pouvoir revenir à des bateaux de 125 pieds, beaucoup plus capables d’aller dans la glace. »

Un blanchon Un blanchon

Enfin, M. Longuépée souligne que l’arrêt de la chasse aux blanchons, il y a 30 ans, n’a rien donné.

Au contraire, dit-il, cela a concédé encore plus de pouvoir aux animalistes, qui souhaitent maintenant arrêter la chasse au complet. Pour Denis Longuépée, l’abandon de la chasse aux blanchons a été décrété pour des raisons morales et non scientifiques. Les chasseurs madelinots revendiquent donc le retour de la chasse aux blanchons. « Pour nous, fait-il valoir, c’est une question d’éthique, soit de chasser la ressource naturelle à son meilleur, pour qu’on puisse récupérer la fourrure, l’huile et la viande. »

Représentations politiques

Peaux de phoques Peaux de phoques

L’étude et ses conclusions doivent être soutenues par tous les Madelinots, estime M. Longuépée. Ce sont d’ailleurs les instances des Îles qui feront les représentations nécessaires, ajoute le porte-parole des chasseurs de phoques.

L’Association est optimiste et pense que les Madelinots obtiendront l’appui du nouveau gouvernement du Québec dans ce dossier. Le premier ministre Couillard a d’ailleurs appuyé fermement la chasse aux phoques pendant la campagne électorale.

Toutefois, Denis Longuépée doute de l’appui du premier ministre Harper, qui dernièrement n’a fait aucune mention du phoque lors de pourparlers sur des échanges économiques avec l’Europe. « Notre premier ministre s’en va là-bas et il n’en parle même pas. Je ne crois pas qu’il croit en nous », commente M. Longuépée.

Aucun représentant de Pêches et Océans n’était présent lors de la présentation de l’étude.

La population de phoques du Groenland est passée de 1,6 million au début des années 1970 à plus de 5,5 millions au milieu des années 1990. Elle est maintenant estimée à 7,4 millions.