L’édition 2015 du Rendez-vous loup-marin aux Îles de la Madeleine a connu un immense succès pendant la semaine du 2 mars. L’émotion, la fierté et la bonne humeur étaient au rendez-vous tout au long des activités présentées pendant l’événement.
L’invité d’honneur, Benoit Gouin, comédien, accompagné de Sophie Deraspe, réalisatrice du film Les loups, ont rencontré près de 500 élèves du primaire pour parler cinéma et loup-marin. Ces rencontres furent grandement appréciées tant par les enfants que par les professeurs. Ils ont également profité des activités principales du Rendez-vous loup-marin. Une expérience qu’ils ont qualifiée d’extraordinaire.
Pour le Souper du loup-marinier, les personnes présentes à l’Auberge la Salicorne de Grande-Entrée se sont régalées d’un repas tout loup-marin préparé par le jeune chef madelinot, Jacques à Égide à Jimmy Leblanc, de la Pointe-aux-Loups. Le Souper du loup-marinier était certifié Fourchette bleue. Cette certification d’Exploramer a pour objectif de faire connaître les saveurs méconnues du Saint-Laurent pour une saine gestion des ressources marines. Le phoque gris servi lors du Souper est une espèce qui fait maintenant partie de cette liste.
L’émotion et la tendresse habitaient l’église Ste-Madeleine de Havre-aux-Maisons pour la messe des chasseurs. Benoit Gouin a livré un témoignage empreint de respect qui a touché les personnes présentes et que dire de ce moment où les chasseurs de différentes générations se sont avancés près de l’autel pour la dernière prière.
Ce sont ajoutés à ces activités des vernissages, la vente de croxignoles, le spectacle Échos des glaces, l’observation des blanchons, l’Igloo Fête…
La salle des Pas Perdus était comble pour la présentation de la Soirée hommage pendant laquelle Réal Boudreau, chasseur et guide sur les glaces, ainsi que Raoul Jomphe, réalisateur, ont été honorés. Ce fut aussi l’occasion de faire le lancement de la vidéo Devenez ambassadeur de la viande de loup-marin du Bon goût frais des Îles.
Hommage – Raoul Jomphe
Homme de famille, écologiste militant, photographe, il fut cameraman à Radio-Canada. Raoul est un homme étonnant, passionnant et passionné, respectueux, professionnel, qui sort des sentiers battus et ose. C’est ce qu’il a fait en réalisant le documentaire Phoques, le film, en 2007. Un travail de réalisation qui s’est échelonné sur cinq ans.
Avec ce film, il a fait connaître la réalité de la chasse et les mensonges des animalistes. Il a su démontrer l’impact positif de cette industrie en explorant l’aspect de la conservation, de la biodiversité et du bien-être animal. Il a eu l’intelligence de donner la parole à tous, chasseurs, abolitionnistes, animalistes, environnementalistes, biologistes et autres pour faire ressortir tous les aspects du sujet. Ce film a permis d’éveiller les gens à cette réalité. Même Tout le monde en parle l’a reçu à son émission. Il a aussi réussi le coup de génie d’exporter ce documentaire en Europe.
En 2011, Phoques, le film était le film d’ouverture du Festival Pêcheurs du monde et, en 2012, il triomphe en remportant le prix du public au Festival du film cynégétique « Chasse durable et biodiversité », à Paris. Après la diffusion du film, Raoul, avec Denis Longuépée, a eu une discussion captivante avec les spectateurs français. Selon Raoul : « Après le visionnement du film, l’image du chasseur de phoque s’est soudainement transformée en capital de sympathie pour la cause des chasseurs de phoques et du peuple insulaire des Îles de la Madeleine. » Le film a été rediffusé sur quelques chaînes de télé européennes et distribué au Parlement européen.
Le film Phoques, le film est toujours d’actualité, ce qui démontre bien sa pertinence.
En 2007, en parallèle avec le film, Raoul a préparé une exposition photo intitulée Phoque : la controverse. Cette exposition comprenait aussi des textes de Nicolas Landry en témoignage des chasseurs et de nos ancêtres.
En 2008, Raoul aborde un autre sujet. À la demande de la CSN et des sylviculteurs du Québec, il réalise un film qu’il qualifie de « corporatif à tendance documentaire », Les oubliés de la forêt.
Au fil des années, à travers ses différents tournages Raoul a aussi participé à différentes chasses autochtones, dont le béluga, le morse, le caribou et le petit gibier.
La démystification de la chasse au loup-marin et le patrimoine de la pêche sont ses chevaux de bataille. Raoul continue son travail de sensibilisation. Pour parler de la chasse et la faire connaître d’une autre façon, il a préparé une exposition photos et vidéo itinérante avec la collaboration du Centre d’interprétation du phoque. Cette exposition Loups-mariniers, Natisianiartiit, Sealers réunit trois communautés et montre la place qu’occupe le loup-marin dans leur quotidien. Elle est présentement en tournée et passera par la Gaspésie, la Côte-Nord, le Nunavut et Terre-Neuve. Elle sera aux Îles, en juin 2015, sur le CTMA Vacancier. L’exposition présente différents points de vue sur le loup-marin, entre tradition et controverse, en donnant la parole aux gens de chaque communauté.
Raoul, les chasseurs et tous les Madelinots veulent te remercier pour ce travail de sensibilisation et pour avoir fait un effort extraordinaire pour rétablir la vérité.
Hommage – Réal Boudreau
Réal Boudreau, un homme calme, réservé, travaillant et respecté. Dans son travail en tant que guide, il est toujours bien préparé et il accorde beaucoup d’importance à la sécurité des gens qu’il accompagne. Il faut dire qu’avec ses expériences de chasse, il connaît les glaces et les risques.
Dans ses premières années de chasse, un jour, en 1986, il part avec son cousin Jean-Charles, pour aller chasser le loup-marin. Comme ils partent dans la baie, ils ne prennent pas un gros équipement et traînent une chaloupe. Tout à coup, la brume a pris et ils ne voyaient plus rien. Ils ont marché, puis quand la noirceur est tombée, ils se sont arrêtés, ils ont tourné la chaloupe de bord pour se faire un abri et ils ont attendu. Quand les lumières des maisons ont commencé à s’allumer, ils ont réalisé qu’ils étaient loin de la terre. Ils ont donc décidé de se coucher sous la chaloupe pour être à l’abri, sur les glaces. Le lendemain, ils ont été récupérés par un hélicoptère de la Garde côtière. Et dire qu’ils n’avaient qu’une orange, parce qu’ils ne prévoyaient pas être partis longtemps. Ils sont revenus avec l’orange, mais sans loup-marin, ils n’en avaient vu aucun pendant leur périple.
Presque dix ans plus tard, en 1995, il chassait le phoque en se rendant sur la banquise en hélicoptère, pour moi. Un jour, alors qu’il était avec Donald Leblanc, l’hélicoptère est allé les porter sur la banquise et, toute la journée, l’hélicoptère rapportait les peaux de phoque à terre. En fin de journée, comme d’habitude, le pilote est parti pour aller récupérer les chasseurs, mais les glaces avaient dérivé. Le pilote n’arrivait plus à trouver les deux hommes. La noirceur venue, l’hélicoptère n’avait plus l’autorisation d’aller les chercher. On a alors fait appel à l’hélicoptère de recherche et sauvetage d’Halifax. Probablement à cause de son expérience de 1986, il avait alors l’essentiel pour survivre et attendre calmement. Cette fois-ci, il avait de la nourriture avec lui. L’hélicoptère les a finalement trouvés et ramenés à l’aéroport, au grand soulagement des femmes de nos deux chasseurs.
Dans les années 2000, il a fait la chasse commerciale sur de gros bateaux avec son ami Robert. Ils partaient deux semaines en mer à la recherche des bêtes.
Depuis une quinzaine d’années, Réal est guide pour les excursions touristiques d’observation des blanchons sur la banquise au Château madelinot. C’est le guide idéal. Consciencieux, attentif. Une de ses grandes forces est d’être toujours bien préparé. Il ne panique jamais. Il aime son métier et sait le démontrer. Quel plaisir c’est pour un visiteur des glaces d’être en sa compagnie et de le suivre pour se coucher au-dessus d’un trou de loup-marin pour en voir nager un ou plusieurs! Malgré son allure un peu timide, il aime bien s’amuser et quand il parle avec des Japonais, il roule ses « R » encore plus, pour bien marquer son accent du HavRRRe-AubeRRRt.
Une autre passion de Réal, peut-être est-ce à cause du bruit, peut-être parce que cela l’amène sur les glaces ou peut-être parce que ce sont des hélicoptères qui l’ont ramené sur la terre ferme alors qu’il était en perdition en mer, toujours est-il que Réal est un mordu d’hélicoptère. Il a même déjà eu un hélicoptère miniature téléguidé qu’il aimait faire voler. Probablement comme un rêve miniature, espérant un jour en posséder un, grandeur nature! Très impliqué et sportif, Réal est aussi gestionnaire du Club nautique les Plaisanciers du Havre.
Réal, nous sommes heureux de te rendre hommage en tant que chasseur, mais aussi en tant que guide. Nous te souhaitons d’avoir un jour ton hélicoptère pour survoler les glaces à la recherche d’une mouvée ou simplement pour le plaisir de voler!
LA UNE : Photos : Crédit – Yoanis Menge
