Passeurs de culture acadienne

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Par Pascal Raiche-Nogue
Dossier 4 de 5

Les Îles-de-la-Madeleine, ce n’est vraiment pas à la porte, ce qui complique parfois les échanges culturels entre l’archipel et l’Acadie des Maritimes. Des Madelinots passionnés de musique triment dur pour changer la donne.

La nuit est tombée sur Cap-aux-Meules, un jeudi soir de la fin juin. La saison touristique n’est encore commencée et le bar Le Dragueur est plutôt calme.

Derrière le comptoir, un homme est assis sur un banc, une guitare dans les mains. Il chante. Une vingtaine de personnes sont autour de lui et entonnent les airs en coeur. On entend des mélodies acadiennes du Nouveau-Brunswick et des chants madelinots.

Le gars en arrière du bar, c’est Steeve Arseneault. Originaire des Îles et demeurant aujourd’hui à Drummondville, au Québec, il est de retour chez lui pour l’été pour gérer la programmation musicale du Dragueur.

C’est aussi l’animateur de l’émission de radio La TransAcadienne, un projet qu’il a lancé en 2008 afin de promouvoir les artistes acadiens.

Après avoir passé la guitare à quelqu’un d’autre, il vient de l’autre côté du bar pour piquer un brin de jasette.

Il raconte que c’est après le décès de son père en 2004 qu’il a décidé de quitter les Îles afin de tenter sa chance sur le continent.

«Je me suis dit “la vie est courte”. Ça fait que je me suis décidé de faire un premier album. Je suis allé à l’extérieur. Je roulais beaucoup, mais j’ai vu qu’il y avait beaucoup d’artistes du Nouveau-Brunswick ou des Îles qui essayaient de percer (au Québec) et ça ne marchait pas.»

Il a donc eu l’idée de lancer une émission de radio sur le web afin de faire tourner des d’artistes acadiens.

Son idée a fait mouche. L’émission a rapidement été adoptée par plusieurs stations de radio d’ici et d’ailleurs. Aujourd’hui, elle est diffusée par une trentaine de stations d’aussi loin que la France.

«Au début, j’avais peur qu’ils ne comprennent pas mon accent. Mais ils adorent ça, ils adorent la musique acadienne et j’ai de bons commentaires de ce côté-là. J’ai des gens qui m’écrivent.»

Son émission aide les Acadiens dispersés partout au pays de ne pas perdre leur culture de vue, croit-il.

«Vu qu’on a eu une déportation des Acadiens, ça leur permet de se regrouper ensemble avec l’émission. On a des gens, mettons de Fort McMurray, dans l’ouest du Canada, qui vont m’appeler pour faire une demande spéciale pour un gars au Nouveau-Brunswick.»

Cet amour pour la culture acadienne, Steeve Arseneault ne l’a pas toujours eu. «Quand j’étais jeune, je ne savais pas que j’étais Acadien. Je n’avais aucune idée.»

C’est lorsque des artistes néo-brunswickois tels que Paul Dwayne sont venus aux Îles pour se produire en spectacle qu’il a pris connaissance de ses propres racines acadiennes.

«On se reconnaissait dans ce qu’ils chantaient. On est allé les chercher. On a découvert qu’on était Acadiens nous aussi»

Aujourd’hui, Steeve Arseneault a plusieurs cordes à son arc. En plus de mener sa propre carrière de chanteur country, d’animer La TransAcadienne et de gérer la programmation du Dragueur, il organise des tournées pour d’autres artistes.

C’est d’ailleurs ce qu’il est parti faire le lendemain de l’interview; il a pris la route avec le chanteur néo-brunswickois Hert LeBlanc pour une série de spectacles dans l’est du pays.

 

 

Photos : Pascal Raiche-Nogue.