Quotas de crevettes nordiques en baisse pour la prochaine saison

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Les pêcheurs de crevettes du nord du golfe doivent s’attendre à une baisse de 15 % du quota de crevettes nordiques pour la saison 2017.

Après avoir été en croissance pendant près de 20 ans, soit jusqu’en 2010, la biomasse de crevettes nordiques décroit depuis, dans les quatre zones de pêche du nord du golfe Saint-Laurent.

Cette année, encore, les scientifiques de Pêches et Océans Canada observent une diminution d’environ 30 % des stocks de crevettes nordiques dans trois des quatre zones de pêches du nord du golfe Saint-Laurent, soit celles de l’estuaire, la zone de Sept-Îles, et Anticosti.

Le stock de la zone d’Esquiman, près de Terre-Neuve, est stable, mais cet équilibre suit quatre années de diminution.

« Mais, même si on est en décroissance, nos stocks de crevettes sont encore dans ce qu’on appelle la zone de santé », fait valoir Hugo Bourdages, le biologiste à l’évaluation des stocks à l’Institut Maurice-Lamontagne.

La variation maximale du taux de prélèvement est alors de 15 %, selon les règles établies pour fixer le quota de crevettes nordiques, lorsque le stock est en zone saine. La diminution prévisible des quotas devrait donc être limitée.

Un constat partagé

Crevettes nordiques
Crevettes nordiques Photo : Radio-Canada/Crevettes

La décroissance des stocks de crevettes n’est pas seulement une conclusion de scientifiques, mais est aussi visible sur le terrain. Les pêcheurs, souligne Hugo Bourdages, constatent des diminutions dans leurs captures et ils ont souvent besoin de plus de temps pour atteindre leur contingent.

Selon le biologiste, la diminution du stock de crevettes est principalement attribuable au réchauffement de la température de l’eau et à la présence de plus en plus importante du sébaste, un prédateur de la crevette.

La cohorte de sébastes nés en 2011 est d’ailleurs la plus importante à avoir été répertoriée depuis les années 80, soit avant le moratoire sur la pêche aux poissons de fond.

Les sébastes du Saint-Laurent sont présentement trop petits pour faire l’objet d’une pêche commerciale. « Ce sont des poissons qui grandissent lentement, qui sont rendus à des tailles de 18 cm. La taille pour les capturer est de 22 cm alors ça va prendre encore deux ou trois ans avant que ces sébastes atteignent la taille commerciale », précise M. Bourdages.

Par ailleurs, la pêche au sébaste dans le Saint-Laurent est toujours sous moratoire, et ce, depuis 1995.

Les crevettes, dont notamment la crevette nordique, font partie de la diète des sébastes qui changent au fur et à mesure de leur croissance. « La crevette nordique représente 10 % des estomacs que nous avons analysés dans les dernières années », ajoute le biologiste de l’IML.

La diminution de la biomasse de crevettes a toutefois commencé avant l’apparition du sébaste.

De l’eau plus chaude

Vue sur le fleuve Saint-Laurent
Vue sur le fleuve Saint-Laurent Photo : Radio-Canada

Ainsi, la température des profondeurs de 150 à 300 mètres où évolue la crevette s’est réchauffée de un degré au cours des dernières années.

La température est maintenant entre 6 et 7 degrés Celsius, ce qui peut avoir des conséquences sur la croissance ou la distribution du crustacé.

« On observe, raconte M. Bourdages, dans la zone de Sept-Îles, que la femelle pond ses œufs beaucoup plus tard à l’automne, il y a comme un décalage d’environ 35 jours au cours des cinq dernières années d’observation. Lorsque l’eau est plus chaude, ça prend moins de temps pour développer ces œufs-là qui vont éclore en avril, où la floraison de phytoplanctons est à son maximum. »

Hugo Bourdages rappelle que l’adaptation a toutefois des limites puisque la crevette est une espèce nordique qui aime les eaux froides. « Jusqu’à quel degré chaud devient trop chaud pour la crevette? Ça, on a encore du travail à faire pour déterminer ça », indique le chercheur.

En attendant le résultat de ces recherches, le comité consultatif de la crevette, qui réunit scientifiques et représentants de l’industrie, a fait ses recommandations aux gestionnaires, au début du mois de février. Les quotas seront connus quelques jours avec le début de la pêche, fixé au premier avril.

 

Un texte de Joane Bérubé

LA UNE : Des crevettes nordiques péchées au large de Sept-Îles.    Photo : Radio-Canada