Le crabe sera-t-il de plus en plus cher?

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Peut-être avez-vous mangé du crabe depuis son arrivée dans les poissonneries, la semaine dernière. S’il a réjoui vos papilles, il a probablement moins réjoui votre porte-monnaie en raison de la forte hausse des prix enregistrée cette année. Sommes-nous condamnés à payer toujours plus cher pour déguster le précieux crustacé?

Certains se rappellent peut-être d’une certaine époque où il suffisait de se présenter au quai avec une chaudière et quelques espèces sonnantes pour déguster du crabe au printemps. Depuis 1992, la pêche au crabe est réglementée et la ressource est devenue beaucoup plus chère.

Cette année, il en coûte jusqu’à 2,50 $/lb de plus pour manger du crabe dans la région. Un prix qui atteint des sommets jamais vus par les pêcheurs de longue date.

Selon Ali Magassouba, économiste à Pêches et Océans Canada, le crabe attire de plus en plus d’adeptes dans le monde, mais les quantités pêchées sont stables depuis plusieurs années, ce qui explique cette hausse des prix :

«Le crabe des neiges, il s’en débarque tout de même des quantités considérables dans le monde, surtout au Canada, en Russie, aux États-Unis et aux Japon. Si on regarde sur une période de 10-15-20 ans, c’est assez stable, il n’y a pas beaucoup d’augmentation.» – Ali Magassouba, économiste à Pêches et Océans Canada

Malgré cette stabilité, plusieurs zones de pêche ont vu leur quotas diminuer cette année, notamment en Alaska et à Terre-Neuve. Au Canada, sur une vingtaine de zones de pêche, seules les zones 17 (l’estuaire du Saint-Laurent) et 12 (dans le sud du golfe Saint-Laurent) ont vu leurs quotas augmenter cette année.

Du crabe des neiges
Du crabe des neiges Photo : Radio-Canada/ CBC

Pourra-t-on toujours manger du crabe chez nous?

Alors que la demande mondiale tend à augmenter, l’abondance du crabe des neiges dans nos zones de pêche pourrait toutefois diminuer.

Si les projections du ministère des Pêches et des Océans sont optimistes à long terme, les biologistes craignent toutefois une diminution de l’habitat naturel du crabe, en raison du réchauffement des eaux froides du Saint-Laurent dans lesquelles habitent les crabes :

«La couche intermédiaire froide va rétrécir et comme c’est l’habitat du crabe, ça fait que l’habitat du crabe rétrécit, et c’est jamais une bonne nouvelle pour une espèce animale quand son habitat est moins grand.» – Jean Lambert, biologiste à l’Institut Maurice-Lamontagne de Mont-Joli

La morue, qui est de plus en plus présente dans le Saint-Laurent, pourrait aussi représenter une menace pour les stocks de crabe, selon Jean Lambert. « La morue c’est un bon prédateur des petits crabes, dit-il, c’est un autre facteur qui pourrait entrer en ligne de compte. »

Le biologiste Jean Lambert est le chercheur responsable de l'évaluation des stocks de crabe des neiges chez Pêches et Océans Canada.
Le biologiste Jean Lambert est le chercheur responsable de l’évaluation des stocks de crabe des neiges chez Pêches et Océans Canada. Photo : Radio-Canada/Simon Turcotte

La mondialisation des marchés, notamment l’Accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, ouvre aussi de nouvelles opportunités de vente à l’international.

Selon le ministère québécois des Pêcheries et de l’Alimentation, le crabe débarqué au Québec doit absolument subir sa première transformation dans une usine québécoise. Toutefois, il n’y a rien légalement qui empêche les transformateurs de vendre ensuite toute leur marchandise à l’étranger, ce qui fait que le crabe pourrait légalement nous passer sous le nez sans qu’on puisse y goûter.

Actuellement, environ 90 % du crabe pêché chez nous est destiné au marché international.

 

Un texte de Julie Tremblay

LA UNE : La saison du crabe des neiges est lancée.    Photo : iStock