Ils frôlent la mort dans le corridor qui mène aux Îles

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Un orignal s’est violemment échoué sur le pare-brise de la voiture familiale, dont les coussins gonflables ne se sont pas déployés. Les dégâts ont été considérables, comme en témoignent les photos, et les occupants, grièvement blessés. Ils ont dû rester hospitalisés pendant cinq jours après l’accident.

La fille aînée d’un couple québécois hospitalisé au Nouveau-Brunswick presse Québec et les provinces maritimes à mettre fin aux exigences «inhumaines» qui régissent le corridor d’accès aux Îles-de-la-Madeleine, où ses parents ont frôlé la mort après avoir percuté un orignal à la noirceur.

Le couple venait d’abattre 12 heures de route lorsqu’il est arrivé dans les environs de Fredericton. Les deux quinquagénaires s’y arrêtent habituellement pour dormir et terminent leur trajet le lendemain. Or, les exigences du Nouveau-Brunswick, qui prohibe tout arrêt excepté pour le ravitaillement en essence, rendaient impossible cet arrêt.

Synonyme d’appel au repos, la traversée du secteur sur l’autoroute transcanadienne a plutôt tourné au cauchemar vers 22h. Un orignal s’est violemment échoué sur le pare-brise de la voiture familiale, dont les coussins gonflables ne se sont pas déployés. Le couple est toujours hospitalisé, quoique dans un état stable, cinq jours plus tard.

Volte-face

Alexandra Fortin-Blais, aînée des quatre enfants du couple, a dû faire des pieds et des mains pour se rendre au chevet de sa mère. Après avoir fait «30 à 40 appels» pour s’assurer de traverser la frontière sans souci, les agents de la GRC lui ont servi un avertissement: «Revenir au Québec avant minuit».

Elle et son mari se sont finalement présentés à l’hôpital de Fredericton avec, en main, une autorisation spéciale de la directrice générale de l’établissement leur garantissant l’accès à la chambre de sa mère.

«On nous a dit qu’on n’avait pas le droit de la voir, que la superviseure s’était sûrement trompée puisqu’il n’y a pas de visite, s’explique encore mal Alexandra Fortin-Blais. J’étais à un mètre de ma mère, devant sa porte, et je ne pouvais pas la voir.»

Submergée par les émotions et la fatigue, elle a éclaté en sanglots à l’idée de rebrousser chemin pour respecter les conditions d’accès. «Je leur ai dit qu’on avait besoin de dormir, relate-t-elle. Ça a tout prix pour que la Croix-Rouge nous donne une permission de dormir, comme si c’était une faveur.»

Si elle est reconnaissante de la qualité des soins et de la bonté du personnel infirmier, elle en a contre les règles provinciales «inhumaines» appliquées avec zèle. Leur application scrupuleuse a notamment mené son frère, blessé dans l’accident, à être mis dans un taxi à 3h du matin, sans argent ni connaissance pour l’épauler dans une ville inconnue.

«Il était prisonnier à l’hôtel. Il ne pouvait pas sortir, même pas pour se nourrir», raconte sa grande sœur, soulignant la bonté d’une infirmière qui a pris l’initiative d’aller lui chercher à manger à la fin de son quart.

«Très dangereux»

À l’instar d’élus madelinots qui dénonçaient la dangerosité du corridor, lundi, Alexandra Fortin-Blais s’inquiète pour les milliers de voyageurs qui vont emprunter la route «dans les mêmes conditions que ses parents»: une conduite nocturne sur un trajet de plus d’une dizaine d’heures, qui traverse trois secteurs jugés «très dangereux» par les autorités néo-brunswickoises en raison de la forte présence d’orignaux.

«À partir de [demain], avec la saison touristique, il va y avoir des milliers de personnes de plus qui vont faire la route. Je n’ose pas imaginer ce qui va se produire», redoute Mme Fortin-Blais.

«Ça va certainement arriver à d’autres personnes. Ils ont été malchanceux de tomber sur un orignal, mais le risque va être là tout l’été, juge-t-elle. Ça prend combien d’histoires comme celle-là pour faire bouger les choses?»

Par écrit

Le cabinet du premier ministre, interpellé par des élus madelinots à prendre en main le dossier du corridor d’accès, n’a pas donné suite à cette requête, référant à Sonia LeBel, responsable des Relations canadiennes.

La ministre s’est limitée à un bref commentaire par écrit, mercredi, affirmant que «la sécurité est au cœur de nos priorités» et assurant que «les canaux de communication demeurent ouverts» avec les provinces maritimes.

Le cabinet du premier ministre néo-brunswickois, Blaine Higgs, n’a pas donné suite à la demande du Journal, mercredi.

LA UNE : Un orignal s’est violemment échoué sur le pare-brise de la voiture familiale, dont les coussins gonflables ne se sont pas déployés. Les dégâts ont été considérables, comme en témoignent les photos, et les occupants, grièvement blessés. Ils ont dû rester hospitalisés pendant cinq jours après l’accident.